SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

Extrait de l’article de Michel-Alexandre Gautier paru dans la revue « Histoire et Patrimoine des Gendarmes », n° 10, premier semestre 2015, SNHPG.

Marcel Bouhard né le 29 avril 1918 dans la Vienne, devient enfant de troupe en 1931 puis prépare Saint-Cyr au Prytanée Militaire. Il est admis à l’ESM de Saint-Cyr le 1er octobre 1938. Son excellent rang de classement, à la sortie de l’école, lui permet de choisir l’armée de l’Air. Il entre alors à l’école de l’air d’Aulnat et devient pilote de chasse en 1940. Promu lieutenant en septembre 1941, après diverses affectations dans l’armée d’armistice, il choisit de servir dans la Gendarmerie. Il entre à l’École d’application de la Gendarmerie en 1942. À sa sortie, il est affecté à la tête de la section de gendarmerie de Paimboeuf qu’il commande de mars 1943 à octobre 1945. Nommé sous-préfet de la « poche sud de Saint-Nazaire » du 6 juin 1944 au 20 septembre 1945, il est en même temps l’adjoint militaire clandestin au chef d’escadron Louis Desmars, commandant les groupes de résistance intérieure de la poche de Saint-Nazaire.

Titulaire de la Médaille de la Résistance française et de la Croix de guerre avec palme et citation à l’ordre de l’Armée décernée par le général de Gaulle le 18 novembre 1945, il est chevalier de la Légion d’honneur. Il poursuit sa carrière militaire dans la gendarmerie coloniale et prend le commandement, dès l’automne 1945, de la compagnie Cipaye indigène de Pondichéry (Indes). Il commande une mission aérienne à Dehli en octobre 1946, puis devient administrateur provisoire à Chandernagor (Indes) du 9 avril 1948 au 1er juillet 1948… Il achève sa carrière militaire avec le grade de général et se retire à Saint-Raphaël où à l’âge de 97 ans, il vit aujourd’hui entouré de son épouse, de ses enfants et petits-enfants, se déplaçant « sans canne et droit comme un I ».

Marcel Bouhard, jeune lieutenant de gendarmerie âgé de 26 ans en 1944, fut en quelque sorte le « gouverneur » provisoire de la poche sud de Saint-Nazaire. Commandant alors les brigades de Paimboeuf, Saint-Père-en-Retz, Saint-Brevin-les-Pins et Pornic, il va s’illustrer pendant les derniers mois de la guerre par une activité multiforme, hors du commun pour un officier de gendarmerie, à l’articulation entre des forces et des exigences contradictoires : celles d’un occupant aux abois, celles des forces d’encerclement alliées et FFI, celles de l’administration du GPRF en cours de reconstitution et celles enfin d’une population civile, à bout de force, affamée et angoissée par les perspectives d’une libération de vive force.

Cette « zone de résistance allemande », comme les autres poches de l’Atlantique, se constitua au mois d’août 1944 lors de la ruée de l’armée Patton en Bretagne après avoir franchi le verrou d’Avranches. Suite à des tergiversations d’état-major, environ 100 000 soldats allemands se replièrent dans ces forteresses « à défendre jusqu’à la mort ». Dans la poche de Saint-Nazaire, ce furent 30 000 soldats ennemis qui se trouvèrent enfermés avec 130 000 civils, soit près du quart de la population de Loire-Inférieure. Pendant ces neuf mois de guerre supplémentaires, face aux troupes du général Junck, les forces de siège étaient constituées par 16 000 FFI répartis en 21 bataillons aux ordres du général Chomel à la tête de la 25e DI ; et pour compléter ce dispositif appartenant au Détachement de l’Atlantique du général de Larminat, les alliés avaient consenti le renfort de quelques bataillons d’infanterie américains.