SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

A lire : le n°403 de Gend’info (pages 4 à 21) consacré à ce drame

Retrouvez ici :

  • Le communiqué du président de la République aux gendarmes
  • Le discours du président de la République lors de l’hommage national aux Invalides
  • Le message personnel du général d’armée Richard Lizurey, directeur général de la Gendarmerie nationale

Communiqué du Président de la République aux gendarmes nationaux

En ce moment de deuil, je tiens à exprimer la tristesse partagée de la Nation face à la perte du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, qui était votre collègue et pour certains votre ami.

En se substituant volontairement au dernier otage du terroriste, il a choisi de sauver des vies au péril de la sienne. C’est un acte héroïque qui dépasse toutes les missions qui lui étaient confiées et qui bouleverse les Français.

Malgré l’effroi d’une nouvelle attaque terroriste sur notre sol, sa bravoure honore le pays et la gendarmerie nationale. Les Français sont saisis de respect et d’admiration face à son abnégation et son sacrifice.

Son courage exceptionnel nous a rappelé à tous la valeur de l’engagement des forces de l’ordre et des forces de sécurité pour assurer quotidiennement la protection et la défense de la population. Depuis vendredi, des français de tous âges et de tous horizons expriment en masse leur reconnaissance à l’égard des services de l’ordre et leur confiance dans l’accomplissement des missions qu’ils portent si haut.

Par ce message que je transmets au général Lizurey pour vous, c’est cette gratitude et cette confiance dont je voulais vous assurer au nom de la République et de tous les français.

Vive la République,

Vive la France !

Discours du président de la République en hommage au lieutenant-colonel Arnaud BELTRAME

28 mars 2018 – Les Invalides – Paris, Emmanuel Macron

Messieurs les Présidents, Monsieur le Premier ministre, Madame et Messieurs les Premiers ministres, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Mesdames et Messieurs les Officiers généraux, Mesdames et Messieurs les Officiers, Sous-officiers, Gendarmes adjoints volontaires d’active ou de réserve, personnels civils de la Gendarmerie nationale, Chère Madame BELTRAME, Chère Madame NICOLIC-BELTRAME, Chères familles, Mesdames et Messieurs,

Il était environ onze heures ce vendredi 23 mars 2018, lorsque le lieutenant-colonel Arnaud BELTRAME s’est présenté avec ses hommes devant la grande surface de Trèbes dans l’Aude.
Un quart d’heure seulement leur avait suffi pour être sur les lieux.
Que savait-il à ce moment-là du terroriste qui s’y était retranché ?
Il savait qu’il avait un peu plus tôt tué le passager d’un véhicule, Jean-Michel MAZIERES, et grièvement blessé son conducteur Renato GOMES DA SILVA.
Qu’il avait fait feu sur des CRS aux abords de leur caserne et blessé l’un d’entre eux à l’épaule, le brigadier Frédéric POIROT (phon).
Que dans ce commerce où il s’était retranché il avait abattu deux hommes à bout portant : Hervé SOSNA, un client, et Christian MEDVES, le chef boucher.
Nous pensons en cet instant à ces blessés, à ces morts, nos morts, et à leurs familles dans le recueillement.
Il savait aussi que le terroriste détenait une employée en otage. Qu’il se réclamait de cette hydre islamiste qui avait tant meurtri notre pays. Qu’avide de néant ce meurtrier cherchait la mort. Cherchait sa mort. Cette mort que d’autres avant lui avaient trouvée. Une mort qu’ils croyaient glorieuse, mais qui était abjecte : une mort qui serait pour longtemps la honte de sa famille, la honte des siens et de nombre de ses coreligionnaires ; une mort lâche, obtenue par l’assassinat d’innocents.
L’employée prise en otage était de ces innocents.
Pour le terroriste qui la tenait sous la menace de son arme, sa vie ne comptait pas, pas plus que celle des autres victimes.
Son sort sans doute allait être le même.
Mais cette vie comptait pour Arnaud BELTRAME. Elle comptait même plus que tout car elle était comme toute vie la source de sa vocation de servir.
Accepter de mourir pour que vivent des innocents, tel est le cœur de l’engagement du soldat. Être prêt à donner sa vie parce que rien n’est plus important que la vie d’un concitoyen, tel est le ressort intime de cette transcendance qui le portait. Là était cette grandeur qui a sidéré la France.
Le lieutenant-colonel BELTRAME avait démontré par son parcours exceptionnel que cette grandeur coulait dans ses veines. Elle irradiait de sa personne. Elle lui valait l’estime de ses chefs, l’amitié de ses collègues et l’admiration de ses hommes.
A cet instant toutefois d’autres, même parmi les braves, auraient peut-être transigé ou hésité. Mais le lieutenant-colonel BELTRAME s’est trouvé face à la part la plus profonde et peut-être la plus mystérieuse de son engagement.
Il a pris une décision qui n’était pas seulement celle du sacrifice, mais celle d’abord de la fidélité à soi-même, de la fidélité à ses valeurs, de la fidélité à tout ce qu’il avait toujours été et voulu être, à tout ce qui le tenait.
Ce choix lui ressemblait tellement que sa mère apprenant qu’un gendarme accomplissait ce geste a instinctivement, presque charnellement reconnu son fils. Elle a su que c’était lui avant même de savoir.
Lucide, déterminé, le lieutenant-colonel BELTRAME a pris auprès du terroriste la place de l’otage
Il était un peu moins de midi.
Un soldat aussi aguerri, gendarme d’élite, cité au combat en Irak, sentait surement qu’il avait rendez-vous avec la mort ; mais il avait rendez-vous avant tout et plus encore avec sa vérité d’homme, de soldat, de chef. Ce fut la source de son immense courage : pour ne pas manquer aux autres, il faut ne pas se manquer à soi-même. Le lieutenant-colonel BELTRAME a fait ce choix parce qu’il se serait éternellement reproché de ne pas l’avoir fait.
Je sais ce que peuvent ressentir ceux qui étaient à ses côtés ce jour là. Ils revoient s’écouler lentement les minutes qui ont conduit à cette décision, ils revoient le lieutenant-colonel BELTRAME déposer son arme, lever les bras et s’avancer, seul, vers le terroriste. Ils savent désormais que tout s’est joué là. Ils savent aussi qu’il n’aurait laissé sa place à personne car l’exemple vient du chef, et l’exemplarité était pour lui comme pour chacun d’entre vous une vertu cardinale.
Au cœur de tout vrai courage se trouve une grande force morale. Elle ne se discute pas, elle pousse à agir. Avant même ce 23 mars, le lieutenant-colonel BELTRAME était de ces fils que la France s’honore de compter dans ses rangs. L’hommage que la patrie lui rend en ce jour, nous le rendons aussi aux actions remarquables qui avaient jalonné sa carrière, comme elles jalonnent la vie de tant de ses camarades au sein de nos armées.
Dés sa sortie de l’école Saint-Cyr, il avait choisi la gendarmerie. Il en avait fait sa seconde famille, parce qu’elle était proche de la vie de ses concitoyens, et qu’elle exigeait de lui, chaque jour, l’excellence.
Une gendarmerie qui paie chaque année son tribut à la sécurité et à la protection des Français. Une gendarmerie qui, cette fois encore, s’est illustrée par sa maîtrise et sa force.
Et je rends ici hommage aux forces de gendarmerie de l’Aude, à leur chef, le colonel Sébastien GAY, au chef du GIGN de l’antenne de Toulouse et à ses hommes, dont deux ont été blessés en menant l’assaut. Tous sont durement éprouvés par la perte de leur camarade.
Je sais, et les Français savent qu’ils ont tout fait pour que le pire n’advienne pas, comme leurs camarades de la police et du renseignement et de tous les services de la préfecture.
Les Français n’oublient pas non plus le tribut payé par toutes nos forces de sécurité sur le sol national, et par nos armées sur les théâtres extérieurs. Tous ont droit à notre respect inconditionnel.
Et tous – je le sais – partagent la certitude profonde qui animait le lieutenant-colonel BELTRAME : celle que son destin ne lui appartenait pas tout à fait, qu’il avait partie liée avec quelque chose de plus élevé que lui-même. Car il était un engagé, et il avait juré de faire corps avec un idéal plus grand et plus haut.
Et cet idéal, c’était le service de la France.
Dès que nous eûmes appris son geste, à l’issue incertaine, nous tous, Français, avons tremblé d’un frisson singulier.
L’un d’entre nous venait de se dresser.
Droit, lucide, et brave, il faisait face à l’agression islamiste, face à la haine, face à la folie meurtrière, et avec lui surgissait du cœur du pays l’esprit français de résistance, par la bravoure d’un seul entraînant la Nation à sa suite.
Cette détermination inflexible face au nihilisme barbare convoqua aussitôt dans nos mémoires les hautes figures de Jean Moulin, de Pierre Brossolette, des Martyrs du Vercors et des combattants du maquis. Soudain se levèrent obscurément dans l’esprit de tous les Français, les ombres chevaleresques des cavaliers de Reims et de Patay, des héros anonymes de Verdun et des Justes, des compagnons de Jeanne et de ceux de Kieffer – enfin, de toutes ces femmes et de tous ces hommes qui, un jour, avaient décidé que la France, la liberté française, la fraternité française ne survivraient qu’au prix de leur vie, et que cela en valait la peine.
Car l’intolérable, jamais ne peut l’emporter.
Le camp de la liberté, celui de la France, est confronté aujourd’hui à un obscurantisme barbare, qui n’a pour programme que l’élimination de nos libertés et de nos solidarités. Les atours religieux dont il se pare ne sont que le dévoiement de toute spiritualité, et la négation même de l’esprit. Car il nie la valeur que nous donnons à la vie. Valeur niée par le terroriste de Trèbes. Valeur niée par le meurtrier de Mireille KNOLL, qui a assassiné une femme innocente et vulnérable parce qu’elle était juive, et qui ainsi a profané nos valeurs sacrées et notre mémoire.
Non, ce ne sont pas seulement les organisations terroristes, les armées de Daesh, les imams de haine et de mort que nous combattons. Ce que nous combattons, c’est aussi cet islamisme souterrain, qui progresse par les réseaux sociaux, qui accomplit son œuvre de manière invisible, qui agit clandestinement, sur des esprits faibles ou instables, trahissant ceux-là mêmes dont il se réclame, qui, sur notre sol, endoctrine par proximité et corrompt au quotidien. C’est un ennemi insidieux, qui exige de chaque citoyen, de chacun d’entre nous, un regain de vigilance et de civisme.
Il s’agit-là, et depuis plusieurs années, d’une nouvelle épreuve.
Mais notre peuple en a surmonté beaucoup d’autres. C’est pourquoi il surmontera celle-ci aussi, sans faiblesse, et sans emportement, avec lucidité et avec méthode. Nous l’emporterons grâce au calme et à la résilience des Français ; peuple rompu aux morsures de l’histoire, patient dans le combat, confiant dans le triomphe ultime du droit et de la justice, comme si souvent l’a montré notre longue et belle histoire.
Nous l’emporterons par la cohésion d’une Nation rassemblée.
Pendant ces heures interminables, s’achevant par la mort du terroriste et le transfert du lieutenant-colonel vers l’hôpital de Carcassonne, dans la salle de commandement du ministère de l’Intérieur, nous avons tous espéré.
Chef des armées, j’ai moi aussi, ô combien, espéré. Le petit matin, hélas, nous a porté la nouvelle de sa mort comme un coup au cœur.
Pourtant, malgré la tristesse, malgré le sentiment d’injustice, la lueur qu’il a allumée en nous ne s’est pas éteinte, elle s’est au contraire propagée.
Alors que le nom de son assassin déjà sombrait dans l’oubli, le nom d’Arnaud BELTRAME devenait celui de l’héroïsme français, porteur de cet esprit de résistance qui est l’affirmation suprême de ce que nous sommes, de ce pour quoi la France toujours s’est battue, de Jeanne d’Arc au Général De Gaulle : son indépendance, sa liberté, son esprit de tolérance et de paix contre toutes les hégémonies, tous les fanatismes, tous les totalitarismes.
Puisse son engagement nourrir la vocation de toute notre jeunesse, éveiller ce désir de servir à son tour cette France pour laquelle un de ses meilleurs enfants, après tant d’autres, vient de donner héroïquement sa vie, clamant à la face des assoupis, des sceptiques, des pessimistes :
Oui, la France mérite qu’on lui donne le meilleur de soi.
Oui, l’engagement de servir et de protéger peut aller jusqu’au sacrifice suprême.
Oui, cela a du sens, et donne sens à notre vie.
Et je dis à cette jeunesse de France, qui cherche sa voie et sa place, qui redoute l’avenir, et se désespère de trouver en notre temps de quoi rassasier la faim d’absolu, qui est celle de toute jeunesse : l’absolu est là, devant nous.
Mais il n’est pas dans les errances fanatiques, où veulent vous entraîner des adeptes du néant, il n’est pas dans le relativisme morne que certains autres proposent. Il est dans le service, dans le
don de soi, dans le secours porté aux autres, dans l’engagement pour autrui, qui rend utile, qui rend meilleur, qui fait grandir et avancer.
Telle est la voie montrée par Arnaud BELTRAME.
Cet engagement, je le retrouve chez nos militaires, nos pompiers, nos policiers, nos personnels soignants, nos professeurs, tous nos fonctionnaires engagés partout sur le terrain. Chaque étincelle en est précieuse en notre pays.
En sauvant cette jeune femme, le lieutenant-colonel Arnaud BELTRAME a conjuré l’esprit de renoncement et d’indifférence qui parfois menace. Il a montré que le socle vivant de la République, c’est la force d’âme.
Je le dis à son épouse, à sa mère, à ses frères, la leçon qu’il nous a offerte est, je le sais, d’un prix inacceptable, même si c’est le prix que chaque soldat est prêt à payer.
La gratitude de la patrie et les honneurs rendus ne vous ramèneront pas l’être que vous aimiez tant et dont toute la France a découvert ces derniers jours, le goût du bonheur, l’amour qu’il portait à sa famille, le sens de l’amitié. Ce héros était un homme avec son histoire, ses liens, ses sentiments, ses questionnements et lui-même avait ses héros, qui étaient les grands soldats français.
Arnaud BELTRAME rejoint aujourd’hui le cortège valeureux des héros qu’il chérissait.
Il vivra en vous, par vous, dans votre souvenir, dans vos prières ; mais ce que nous vous devons, c’est qu’il ne soit pas mort en vain, que sa leçon demeure gravée dans le cœur des Français.
Sa mémoire vivra. Son exemple demeurera. J’y veillerai ; je vous le promets.
Votre sacrifice, Arnaud BELTRAME nous oblige

Il nous élève. Il dit comme aucun autre ce qu’est la France, ce qu’elle ne doit jamais cesser d’être et qu’elle ne cessera jamais d’être tant que des femmes et des hommes décideront de la servir avec le courage, le sens de l’honneur, l’amour de la patrie que vous avez démontrés.
A ces mots, vous avez donné l’épaisseur de votre vie et les traits de votre visage.
Au moment du dernier adieu, je vous apporte la reconnaissance, l’admiration et l’affection de la Nation toute entière.
Je vous fais Commandeur de la légion d’honneur.

Et je vous nomme colonel de gendarmerie.

Vive la République.
Vive la France.

Message personnel du général d’armée Richard Lizurey, directeur général de la Gendarmerie nationale

Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame nous a quitté à l’aube, ce matin.

Mes pensées vont, en cet instant, à son épouse, Marielle, ses parents et sa famille. Elles vont aussi à ses camarades du groupement de l’Aude, de la région Languedoc-Roussillon et tous ceux qui avaient eu l’honneur de servir à ses côtés au cours de sa riche et brillante carrière. Elles vont enfin aux militaires engagés dans cette opération et à leur famille. Je leur adresse mon soutien tout particulier, en ces heures douloureuses.

Né le 18 avril 1973 à Etampes (91), le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame a servi la France pendant plus de 22 ans.

Appelé à l’activité le 1er novembre 1995 en qualité d’officier de réserve au sein de l’école d’application de l’Artillerie à Draguignan (83), il se classe parmi les meilleurs de sa promotion à sa sortie, en mars 1996. Nommé aspirant, il commande d’abord une section d’artilleurs parachutistes au 35ème régiment d’artillerie parachutiste de Tarbes (65), avant de rejoindre le 8ème régiment d’artillerie, à Commercy (55) où il prend la tête d’une section d’observation dans la profondeur en qualité d’officier de réserve en situation d’activité. Résolument engagé dans l’action, apprécié de ses chefs et de ses subordonnés, il est admis sur concours à l’école militaire interarmes de Coëtquidan (56) en 1999 et sort major de la promotion « Campagne d’Italie » en 2001. Il fait preuve d’appréciations particulièrement élogieuses au terme d’une scolarité brillante : « Courageux, il se bat jusqu’au bout et n’abandonne jamais ». Ses cadres soulignent son « esprit résolument offensif face à l’adversité ». Il choisit alors de servir en gendarmerie, où il termine, une fois de plus, major de la promotion « capitaine Gauvenet », en 2002.

Constant dans son goût de l’effort, il rejoint le Groupement blindé de gendarmerie mobile à Versailles (78) où il commande un peloton de VBRG à l’escadron 16/1 et prépare activement les tests d’entrée du GSIGN (GIGN actuel). Energique et doté d’un important potentiel physique et mental, il réussit en 2003 les difficiles tests d’entrée de l’escadron parachutiste d’intervention de la gendarmerie nationale. Il fait ainsi partie des quelques militaires retenus parmi les 80 candidats de la session.

Chuteur opérationnel, il assume les responsabilités d’adjoint au commandant de l’Escadron Parachutiste d’Intervention de la Gendarmerie Nationale. Il participe à de nombreuses missions sur le territoire national et à l’étranger. Il est notamment engagé en Irak comme chef du détachement gendarmerie en 2005, dans des conditions particulièrement dégradées en termes de sécurité. Il conduit ainsi, au péril de sa vie, une mission complexe de récupération d’un ressortissant français menacé par un groupe terroriste, qui lui vaut d’être décoré de la croix de la valeur militaire avec citation à l’ordre de la brigade.

En 2006, il rejoint la Garde républicaine en qualité de commandant de la compagnie de sécurité et d’honneur du 1er régiment d’infanterie à Nanterre (92). Il met au service de la sécurité du Palais de l’Elysée ses grandes compétences en matière de sécurité-protection et veille, par un engagement soutenu, à maintenir son unité à un haut niveau d’excellence. Il se distingue à de nombreuses reprises qui lui valent d’être récompensé par le commandant du régiment et le directeur général de la gendarmerie.

Le 1er août 2010, il est nommé à la tête de la compagnie de gendarmerie départementale d’Avranches (50). Il y réussit de manière remarquable. A la tête de 155 gendarmes, il commande efficacement le service de ses unités et s’engage personnellement pour combattre les phénomènes de délinquance ou organiser la préparation de grands événements, tel que le 100ème tour de France. Homme de terrain, il manifeste une grande disponibilité et se distingue par son autorité naturelle et son implication sans faille. Il reçoit à ce titre un témoignage de satisfaction du commandant de région.

Son excellente manière de servir, l’impression très favorable qu’il inspire et son MBA en Intelligence économique de l’ISC Paris lui valent d’être retenu, en 2014, pour servir au ministère de l’Ecologie, du développement durable et de l’énergie comme conseiller auprès du secrétaire général. Référent en matière d’intelligence économique, il évolue avec beaucoup d’aisance dans un environnement interministériel de haut niveau, mettant en évidence ses belles qualités relationnelles et intellectuelles.

Nommé à l’été 2017 en qualité d’officier adjoint au commandant du groupement de gendarmerie départementale de l’Aude à Carcassonne (11), Il s’impose très rapidement comme un collaborateur précieux de son commandant de groupement, s’impliquant spécialement dans le développement de la capacité de contre-terrorisme des unités de gendarmerie de l’Aude, dans une excellente synergie inter-services.

Le 23 mars 2018, parmi les premiers engagés sur une prise d’otage dans le Super U de Trèbes (11), n’écoutant que son courage, il n’hésite pas à se livrer au terroriste en échange de la vie d’une jeune femme. Il est abattu quelques heures après, avant que ses camarades ne donnent l’assaut pour neutraliser le terroriste. Il décède des suites de ses blessures le 24 mars 2018.

Décoré de la Médaille d’or de la défense nationale en 2009, il était par ailleurs titulaire de la médaille d’Honneur des Affaires Etrangères – Argent depuis 2006. Le lieutenant-colonel Beltrame s’était vu décerner en 2007 une citation à l’ordre de la brigade comportant l’attribution de la croix de la valeur militaire suite à son engagement en Irak. Il était chevalier de l’Ordre National du Mérite depuis 2012.

Agé de 44 ans, le lieutenant-colonel Beltrame était marié, sans enfant. Il est mort en service commandé, dans l’accomplissement de sa mission au service de la France.

Par son geste héroïque et son sacrifice, en toute connaissance du danger auquel il s’exposait, il est allé au bout de son engagement de soldat et de gendarme. Au nom de la Gendarmerie et mon nom personnel, je lui exprime toute notre reconnaissance et notre admiration. Son sacrifice nous rappelle la valeur de l’engagement qui est le nôtre au quotidien, pour protéger la population.