SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

PARIS, LES 13 ET 14 JUIN 2013

UN COLLOQUE RÉUSSI

De l’audace, du courage et du travail, il en aura fallu aux organisateurs pour monter cette opération d’exception : un grand colloque international d’histoire sur une thématique jamais abordée. Pourquoi certains pays du monde ont-ils une gendarmerie, pourquoi d’autres n’en ont-ils pas ? Le résultat fut à la hauteur du risque.
Si les deux co-organisateurs poursuivaient, à travers ce colloque, un but commun, chacun avait aussi son objectif propre. Le but était de rassembler, sur ce thème, un maximum de chercheurs en histoire, du monde entier, pour étudier, en France, pays de référence pour de nombreuses gendarmeries du monde, l’évolution d’un système de force publique parfois loué, parfois aussi contesté, sur une longue période, celle des deux derniers siècles. Vaste entreprise, à l’issue initialement incertaine mais que la persévérance des organisateurs, les aides multiples et l’intérêt insoupçonné de nombreux historiens de la planète pour ce sujet ont transformée en totale réussite.
Pour ce qui concernait l’université de Paris-Sorbonne, l’opération tombait à point pour consacrer de cette manière treize années de recherche continue sur l’histoire de la gendarmerie. Pour la Société Nationale de l’Histoire et du Patrimoine de la Gendarmerie c’était aussi l’occasion de développer, à sa manière, la coopération internationale entre les diverses gendarmeries du monde, tout en soulignant les multiples adaptations de ce système de force publique, au cours de l’histoire, dans des pays aussi divers que le Japon, l’Autriche, l’Algérie, le Cameroun et une bonne trentaine d’autres.

« Je crois aux enseignements de l’histoire ». C’est par ces mots forts de sens que le général d’armée Favier, directeur général de la Gendarmerie Nationale inaugurait ce colloque à l’amphithéâtre Foch, à l’Ecole Militaire, le 13 juin au matin. 300 personnes, historiens, membres du corps diplomatique, officiers de gendarmerie français et étrangers, publics divers assistaient à cette séance introductive. Monsieur Barthélémy Jobert, président de l’université Paris-Sorbonne succédait au général Favier pour présenter les grandes orientations de son université et souligner combien ce colloque entrait pleinement dans ses objectifs.

Après ces interventions majeures, le professeur Jean-Noël Luc et Arnaud Houte, maître de conférence, déclinaient avec talent, et non sans humour, le thème général, sous deux formes présentées en paradoxe. Comment certains pays peuvent-ils vivre sans gendarmes ? Comment peut-on vivre avec des gendarmes ?

Au rythme de deux ou trois par demi-journées, les séances spécifiques permettaient aux intervenants de partager leur savoir avec un public d’apparence hétérogène mais uni par un même intérêt pour cette histoire des gendarmeries du monde.


Créer une gendarmerie : acteurs, contextes, enjeux


Comment, du Mexique au Siam, en passant par l’Iran et le Brésil, des gendarmeries exportées, issues ou copiées du modèle de la gendarmerie française, sont-elle nées ? Des historiens des universités de Paris-Sorbonne, de Sao Paulo, d’Oxford et de Copenhague ont répondu à la question


D’une gendarmerie à l’autre : greffes, mutations, rejets


La création et surtout le maintien d’une gendarmerie soumise aux aléas de l’histoire, cela ne va pas de soi. Les adaptations sont nécessaires. Belges et Suisse en savent quelque chose.


Les gendarmeries, des forces militaires originales au service de la souveraineté de l’État


Protéger le citoyen, certes ; mais aussi, conserver, maintenir, garder l’Etat. Le rapport à l’Etat dans des situations troublées ou à risque est examiné avec précision, dans les conférences des historiens de l’académie de police des Pays-Bas, de l’université d’Istanbul, d’Edimbourg et de Lisbonne, chacun pour son pays, à des périodes particulières du XIXème et du XXème siècle.


Les gendarmeries dans les systèmes policiers


Sous cet angle, l’étude des gendarmeries des pays d’Europe centrale ou du nord, présente un intérêt particulier, notamment dans leurs rapports avec les autres forces de police. C’est ce que mettent en évidence les historiens de la Max Planck Society pour l’Allemagne, de l’université de Graz pour l’Autriche et de l’université Marie Curie-Sklodowska de Lublin pour la Pologne.


Derrière la gendarmerie, les gendarmes


Deux historiens, l’un français, l’autre italien, à la recherche, non plus de la gendarmerie, mais du gendarme, français du Premier empire, italien du début du XXème siècle, font part de leurs recherches et rendent plus nettes des images jusqu’alors restées assez floues.


Les gendarmeries, instruments du contrôle impérial


Les gendarmeries ne sont pas l’apanage des seuls états-nations. Moins présent dans les Etats de type fédéral, ce système de force publique est, en revanche, très impliqué dans tous les empires du XIXème et du XXème siècle. C’est ce que montrent, pour l’empire espagnol et pour l’empire japonais, les historiens de la London School of Economics and Political Science et de l’International Research Center for Japanese Studies de Tokyo.


Création et évolution des gendarmeries coloniales


Les expéditions coloniales de la fin du XIXème siècle et de la première moitié du XXème siècle ont eu, entre autres effets, de créer toute une vague d’exportation du modèle de la gendarmerie française dans certaines parties du monde jusqu’alors étrangères à ce moyen de force. Pendant la même période, les suites des grands conflits mondiaux ont amené les nations à s’unir. Ainsi apparaissent pour la gendarmerie française les premiers déploiements sous mandats internationaux. Du Liban au Cameroun en passant par la Mauritanie et le Viet-Nam, les historiens des universités de Paris-Sorbonne et de Paris I font part de leurs recherches.


Les gendarmeries des pays africains indépendants


La décolonisation aurait pu entraîner la disparition des gendarmeries implantées par la France notamment en Afrique. Pas du tout. Au contraire. Dans la construction de leur nouvelle nation, ces anciennes colonies comprennent tout l’intérêt que présente une gendarmerie. Les cas des gendarmeries du Cameroun, du Togo et de la Côte d’Ivoire sont présentés par les historiens des universités de Yaoundé, de Lomé et de Cocody-EPHE.


Les nouvelles gendarmeries du Maghreb


Au Maghreb, si la transformation des gendarmeries coloniales en gendarmerie nationale pouvait se concevoir dans les anciens protectorats de Tunisie et du Maroc, une telle possibilité paraissait absolument inenvisageable en Algérie, après la guerre. Et pourtant cet « héritage inattendu » est sans doute le legs le plus surprenant de la gendarmerie française à l’Algérie. C’est ce que développe le capitaine de gendarmerie Benoît Haberbusch.


Gendarmeries du temps présent


L’histoire des gendarmeries du monde ne s’arrête pas à la décolonisation. Les transformations géopolitiques des trente dernières années ont entraîné une nouvelle vague de développement de ce type de force publique. La disparition du système soviétique, le développement du terrorisme, l’émergence de nouvelles grandes puissances ont engendré de nouveaux risques et conduit les nations à rechercher de nouvelles parades. Les systèmes de force publique du type gendarmerie connaissent un nouvel essor. C’est ce que montrent les intervenants roumain, chinois et français lors de cette dernière séance.


Une histoire des gendarmeries pour le monde de demain


C’est ce qui ressortait de l’allocution finale du général Georges Philippot, président de la Société Nationale de l’Histoire et du Patrimoine de la Gendarmerie, auquel revenait l’honneur de conclure ce grand colloque international d’histoire. Ce colloque, qui aura contribué, par ces regards croisés d’historiens, à mettre en exergue les caractéristiques fondamentales communes à toutes les gendarmeries du monde, aura aussi montré que ce système de force publique militaire est aujourd’hui en plein développement.


UN CONCERT DE CLÔTURE A LA HAUTEUR DU COLLOQUE

Après les travaux studieux dans les amphis de l’Ecole Militaire, c’est dans le cadre prestigieux de la cathédrale Saint-Louis des Invalides que se terminait, en cette soirée du 14 juin, cette importante manifestation, par le concert que donnait l’orchestre d’harmonie de la Garde Républicaine, toujours aussi remarquable. Conduit brillamment par le lieutenant-colonel Sébastien Billard, il donnait le meilleur de lui-même, inscrivant ainsi dans la mémoire de nos hôtes historiens étrangers l’image souvenir, musicale et visuelle, de ce colloque d’exception.