SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

La gendarmerie nationale est le partenaire historique du Tour de France cycliste depuis sa première édition en 1903. Désormais troisième événement sportif mondial après la coupe du monde de football et les Jeux Olympiques, la Grande Boucle nécessite, durant les trois semaines de compétition, un encadrement et un dispositif de sécurité coordonné pour le bon déroulement de chacune de ses étapes. Ainsi, les organisateurs du Tour sont depuis ses origines conseillés et épaulés par des gendarmes.

L’Histoire commune de la gendarmerie et du Tour de France coïncide peu ou prou avec l’apparition de la bicyclette au sein de l’Institution. Le projet de son introduction dans la gendarmerie commence à se développer au début des années 1890. Le vélo est alors, au sein de la société, un instrument à la mode. Ses performances techniques sont extraordinaires. Il constitue une véritable révolution dans les transports et les mentalités1. Les premières bicyclettes sont utilisées par la garde républicaine pour des liaisons dans Paris. Puis une décision du 24 mai 1895 autorise les officiers de gendarmerie à faire usage d’un « vélocipède » en tenue, à condition qu’ils conservent leur sabre ! Ces dispositions sont confirmées par le décret du 11 décembre 1898 portant « règlement sur l’organisation et l’emploi du service vélocipédique »2 et mises à l’essai l’année suivante dans les 3e et 11e légions de gendarmerie.

La compétition cycliste va grandement améliorer l’image du vélo par son côté performance et son engouement populaire. La gendarmerie entend tirer profit de cette nouvelle technologie. Et ce, même si le modèle de la brigade à cheval est encore largement répandu à l’époque. Un cheval peut certes servir plus longtemps qu’une bicyclette. Mais il coûte plus cher à l’achat et à l’entretien. Dès 1903, pour la première édition du Tour de France organisée par le journal L’Auto, dirigé par Henry Desgranges, la gendarmerie à vélo assure la sécurité de la compétition. Employés de jour comme de nuit, les gendarmes jalonnent l’ensemble des 2 428 kilomètres du tracé global. Ils tentent d’interdire les mouvements de foule, les exactions et autres perturbations routières à l’encontre des coureurs. Au final, le Tour de France permet à la gendarmerie de démontrer son savoir-faire dans l’encadrement d’événements populaires en dehors de son service habituel. Il accélère également la transition d’une gendarmerie montée à une gendarmerie mixte, qui deviendra plus tard mécanisée. Fin 1903, 200 bicyclettes pliantes Gérard supplémentaires sont livrées pour l’emploi quotidien. Elles vont dès lors servir dans le cadre des services ordinaires et extraordinaires des brigades ainsi que pour les prochains Tours de France. L’épreuve survivra à deux conflits mondiaux et à deux interruptions entre 1915 et 1919, puis entre 1940 et 19473.

Arrivée du tour de France cycliste 2018 sur les Champs-Élysées à Paris, le 29 juillet 2018.
© MI/DICOM/J.ROCHA

Depuis 1953, l’escadron motocycliste de la garde républicaine créé un an plus tôt, assure la sécurisation des coureurs, de la caravane publicitaire et des véhicules de suiveurs. En complément, les hélicoptères de la gendarmerie nationale assurent, au quotidien, des missions de sécurité aéronautique et d’appui au dispositif au sol. Les brigades territoriales compétentes sur l’itinéraire ainsi que les unités spécialisées sont tout autant impliquées puisqu’elles participent au jalonnement de l’épreuve et effectuent les enquêtes judiciaires relatives aux faits constatés sur le Tour de France tout en conservant leur capacité d’intervention au profit des populations4. À partir de 1995, la gendarmerie intègre la caravane publicitaire et mène une action de communication originale destinée à promouvoir son image. Une équipe de six hommes et six femmes, issus de différentes unités de gendarmerie, est chargée d’animer la caravane à partir de véhicules sonorisés. Elle diffuse des messages de prudence à l’attention des enfants, mais aussi des adultes, afin que les spectateurs piétons assurent eux-mêmes leur propre sécurité en adoptant un comportement responsable. Dans la continuité de l’opération « Permis Piéton pour les enfants » qu’elle met en œuvre pendant l’année scolaire depuis 2006, la Gendarmerie nationale propose également un dispositif de prévention à l’attention des jeunes spectateurs du Tour et de leurs familles.

Compte tenu de l’importance actuelle de l’événement, un officier de liaison s’occupe désormais, avec l’organisation du Tour, de la construction du dispositif de sécurité. Celui-ci composé actuellement de 13 000 gendarmes départementaux, gendarmes mobiles, élèves gendarmes et réservistes permet aux quelque 15 000 000 de spectateurs massés sur les bords des routes de suivre le Tour en toute sécurité. On note depuis une dizaine d’années un accroissement constant de la présence des réservistes de la gendarmerie sur les villages départ et arrivée. Depuis les attentats de 2015, le dispositif a été considérablement renforcé. Il intègre désormais le GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale), sur les routes et dans les airs, ainsi que l’équipe cynophile spécialisée en recherche d’explosifs sur personnes en mouvement (Rexpemo), qui a fait son apparition sur le Tour en 2017. Pour l’édition 2019, un escadron de gendarmerie mobile est affecté pour partie au départ et pour partie à l’arrivée de la course lorsque celles-ci ont lieu en zone gendarmerie. À cela, il faut ajouter la « caravane gendarmerie », composée de douze personnels, un officier communication et les militaires de l’Oclaesp (Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et la santé publique), compétents pour enquêter sur les affaires de dopage5, qui vont parcourir près de 8 000 kilomètres en trois semaines.

(Avec l’aimable autorisation du SIRPA/gend)

1 Jean-Paul OLIVIER, Les anges bleus du Tour de France. La gendarmerie dans la Grande boucle, Paris, Editions LBM, 2009, p. 9.
2 Jean-Noël LUC, Frédéric MEDARD (dir), Histoire et dictionnaire de la gendarmerie. De la Maréchaussée à nos jours, Paris, Editions Jacob-Duvernet/Ministère de la Défense, 2013, p. 232.
3 Jean-Paul OLIVIER, Ibid., pp. 12-13.
4 Ministère de l’Intérieur, Tour de France 2014. Le ministère de l’Intérieur dans la course, DICOM, 2014, p. 3.
5 « La gendarmerie et le TDF : une (très) longue histoire », La Nouvelle république, 4 juillet 2019.