SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

Le général de division Camille MORIN (1900 – 1991)

Le parcours du général de division Camille Morin est intéressant à double titre : d’une part, il peut être présenté comme le père de la gendarmerie de l’Air ; d’autre part, ce officier figure parmi les militaires qui ont défendu une certaine valeur éthique pendant la guerre d’Algérie.
Né à Aboukir (Algérie) le 26 février 1900, Camille Morin est le fils de Jean Morin, agriculteur à Noisy-les-Bains (Algérie) et d’Adrienne Julien dont la famille s’est implantée en Algérie à partir de 1848.

Incorporé au 2e groupe d’artillerie de campagne le 18 mars 1920, il est successivement 2e canonnier conducteur, 1er canonnier conducteur et brigadier avant de devenir élève officier de réserve. Le 5 janvier 1921, il est détaché à l’école militaire de l’artillerie. Il est promu sous-lieutenant de réserve le 1er octobre 1921.

Il se marie le 19 décembre 1921 avec Micheline Scotto. Rengagé au 34e régiment d’artillerie coloniale (RAC), il est promu sous-lieutenant d’active le 1er octobre 1923 à sa sortie de l’école militaire d’artillerie. À l’issue d’un stage à l’école d’application de l’artillerie, il est affecté le 2 septembre 1924 au 2e groupe d’artillerie de campagne d’Afrique. Avec sa batterie, il participe en 1925 à la campagne du Rif (Maroc) et à de nombreux combats au cours desquels sa conduite lui vaut deux élogieuses citations et l’attribution de la Croix de Guerre des TOE.

Il entre en gendarmerie comme lieutenant en 1927, et, après avoir suivi les cours à l’école d’application de Versailles, il commande les sections de Bougie et de Mascara en Algérie. Promu capitaine le 25 décembre 1933, il est détaché à l’état-major de la 5e région aérienne en mai 1937. À la mobilisation, le 2 septembre 1939, il prend le commandement de la prévôté de cette grande unité. Le 1er juillet 1940, il est affecté à l’état-major du commandement supérieur de l’Air en Afrique française du Nord (AFN) et promu chef d’escadron le 25 juin 1941.

Il participe à la mise en place du corps de la gendarmerie de l’Air créé par le décret du 15 septembre 1943 en Algérie. Promu lieutenant-colonel le 25 juin 1944, il prend la tête de l’état-major de la gendarmerie de l’Air à Paris le 24 septembre 1944. Colonel le 25 mars 1945, il est réaffecté à la Gendarmerie nationale en novembre 1947 lors de la fusion des gendarmerie de l’Air avec la Gendarmerie nationale. Il commande la 1ère légion ter de la garde républicaine à Paris jusqu’au 8 octobre 1948 date à laquelle il prend la tête de la 10e légion de gendarmerie qui couvre alors l’Algérie.

Promu général de brigade le 28 décembre 1951, puis général de division le 1er août 1957, il reste à la tête des forces de gendarmerie jusqu’en avril 1960 (neuf ans de commandement régional, dont six ans en période de guerre). Comme l’explique son fils, le général Jean-Pierre Morin, il y vit l’une des périodes les plus difficiles de sa carrière, c’est-à-dire pendant les opérations de maintien de l’ordre et de pacification. Devant les affrontements impitoyables de la communauté française et de la communauté musulmane, il a le souci constant d’apaiser les haines et de préserver les intérêts matériels et moraux des plus modestes, quelle que soit leur confession. À la fois homme de cœur et homme d’action, il donne des instructions très précises à ses subordonnés dès 1957 :

« Je vous rappelle le devoir fait à tous d’agir selon les principes traditionnels de la Gendarmerie dans le cadre légal et réglementaire et que vous devez accorder le plus grand prix au strict respect de la personne humaine. »