SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

Par le Lieutenant Benoît HABERBUSCH – Gend-Info, n° 267, mai 2004

Il y a 50 ans, le 7 mai 1954, le camp de Dien Bien Phu tombait, scellant le destin de la France en Indochine. Parmi les militaires français engagés dans cette bataille cruciale se trouvaient des gendarmes.

Le site de Dien Bien Phu, dans le Haut-Tonkin, avait été aménagé en base aéroterrestre pour y fixer le maximum de forces viet-minh. Les Français s’y installent en novembre 1953, après l’opération aéroportée « Castor ». Quelques gendarmes viennent partager le sort du corps expéditionnaire. En janvier, un poste prévôtal de dix hommes est constitué sous ordres du maréchal des logis-chef Salaün. Il s’établit près du PC du commandant du camp, le colonel de Castries. Son activité reste réduite jusqu’en mars, se traduisant par des contrôles, des patrouilles et quelques enquêtes. À cet effectif s’ajoutent le gendarme colonial Couetmeur et huit gardes républicains de la 3e légion de marche. Ceux-ci encadrent des « bataillons » de prisonniers internés militaires (PIM) qui œuvrent pour consolider le camp. Enfin, deux gendarmes de l’air, venus enquêter le 13 mars, sont bloqués par le déclenchement du siège.

La situation se dégrade vite dans la cuvette encerclée et soumise aux tirs d’une artillerie de campagne montée à dos d’hommes. Livrés à eux-mêmes, les gendarmes prévôtaux ne cessent de proposer leurs services. À l’antenne chirurgicale, ils aident au couchage et à l’alimentation sous les bombardements. Le 14 avril, le gendarme Arnone est tué à son poste. La prévôté participe aussi aux convois d’évacuation des blessés jusqu’à la piste d’atterrissage. Ces opérations périlleuses ont lieu sous les tirs croisés et se soldent souvent par des allers-retours infructueux. Au gré des besoins, les gendarmes commandent des mitrailleurs, regroupent les fuyards et récupèrent les vivres parachutés.

Le 7 mai tout est fini. Maurice Perrigaud, alors sous-lieutenant de réserve dans le Train et futur général de gendarmerie, se souvient du silence irréel régnant dans le camp après sa chute. Regroupés, les vaincus défilent devant les caméras du cinéaste Roman Karmen. Ils rejoignent ensuite leur lieu de captivité après une marche forcée éprouvante. Les conditions de détention, effroyables, déciment les rangs français. Sur les 21 gendarmes présents à Dien Bien Phu, la moitié succombera sans avoir revu la métropole.