SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

Le 6 juin 1944, la nouvelle du débarquement des forces alliées se répand comme une traînée de poudre. À 18 heures, depuis Londres, le général de Gaulle s’adresse aux Français : « La bataille suprême est engagée. […] Bien entendu, c’est la bataille de France et c’est la bataille de la France. Caserne des Augustines. Collection amicale des cadets de la garde. […] Pour les fils de France, où qu’ils soient, quels qu’ils soient, le devoir simple et sacré est de combattre par tous les moyens dont ils disposent. […] C’est dire que l’action des forces de la Résistance doit durer pour aller s’amplifiant jusqu’au moment de la déroute allemande. […] Derrière le nuage si lourd de notre sang et de nos larmes voici que reparaît le soleil de notre grandeur ».

Le lendemain à 5 heures 30, les FFI de la Creuse, conduits par le commandant « François », attaquent les forces allemandes en poste à Guéret. Ils sont très rapidement rejoints par les cadres et les élèves de l’école de la Garde et trois escadrons du 5e régiment de la Garde.

Bien que sous-équipée, la Garde reste l’une des rares forces armées subsistant depuis la dissolution de l’armée d’armistice en 1942. Issue de la Garde républicaine mobile, mais séparée de la gendarmerie depuis l’armistice de 1940, et étroitement contrôlée par les Allemands, la Garde a obtenu difficilement, en 1943, qu’une école soit ouverte à Guéret pour former ses personnels. Beaucoup de ses cadres et de ses élèves attendaient le moment de reprendre les armes contre l’ennemi. L’annonce du débarquement en était le signal.

Les combats pour la libération de Guéret se déroulent toute la matinée. À 13 heures, c’est chose faite. La Feldkommandantur, la Feldgendarmerie et la milice de Vichy sont hors de combat à la grande joie de la population. Mais la liesse est de courte durée. Le 8 juin, les forces allemandes, parties de Montluçon, contre-attaquent. Elles sont bientôt rejointes par un bataillon de la division Das Reich. Guéret est mitraillée et bombardée par l’aviation allemande. Inférieurs en nombre et en armement, les FFI et les gardes doivent évacuer la ville, qui est réoccupée le 9 juin.

Harcelés par les SS pendant leur retraite, les résistants, les élèves et les cadres de l’école se regroupent dans la région de Janaillat. Le 11 juin, les éléments de la division Das Reich passent à l’attaque. Une fois encore, les rescapés doivent battre en retraite. L’école est reformée et réorganisée dans la région de Bourganeuf. L’exploit est signalé par la radio de Londres le 16 juin.

Le chef d’escadron CORBERAN. Collection amicale des cadets de la garde.


Néanmoins, les Allemands entendent « nettoyer » le département de la Creuse pour permettre à leurs troupes de rejoindre la Normandie. Le général von Jesser en est chargé. Pour la seconde fois, les éléments de l’école de la Garde vont devoir subir l’assaut de l’ennemi du 16 au 20 juillet 1944. Ce sera le dernier.

Mais les combats pour la Libération continuent. Guéret ne sera libérée que le 25 août. Les FFI, accompagnés de deux escadrons de l’école, entrent au petit matin dans la ville évacuée par les derniers Allemands dans la nuit.

Pour l’école de la Garde le bilan est lourd. Vingt et un élèves, sous-officiers et officiers sont morts au cours des combats pour la Libération de la Creuse. Auxquels il faut ajouter la trentaine de prisonniers faite au cours des deux engagements : ceux qui n’ont pas été massacrés sur place ont été déportés à Buchenwald et à Dachau. Dix-huit ne reviendront pas.

Afin de témoigner des actes de résistance menés par l’école de la Garde, l’Amicale des cadets de la Garde a publié un ouvrage intitulé Les cadets de la Garde dans la tourmente (1943-1944), édité par le SHD (anciennement SHGN) et des éditions du Beffroi en 2001.