SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

Retour sur le parcours de Marius Brione, officier général méconnu de la Grande Guerre.

Fils d’un brigadier de gendarmerie devenu commissaire de police et d’une dentellière, Marius Brione est né à Urville, dans le Calvados, le 6 septembre 1864. Soutenu par une bourse, il intègre l’école spéciale militaire le 27 octobre 1884 et en sort avec le numéro 87 sur 400 élèves. À la sortie de l’école, le 1er octobre 1886, il est affecté au 5e régiment d’infanterie de ligne, avec le grade de sous-lieutenant. Ses supérieurs remarquent son zèle, son aptitude au commandement et ses bonnes manières. Il suit l’école de tir du camp de Châlons en 1889 et obtient la 14e place sur 54 élèves classés. Détaché au fort de Saint-Cyr le 1er octobre 1889, il laisse une bonne impression à ses chefs. Il est promu au grade de lieutenant par un décret du 25 septembre 1890 et effectue un service d’instructeur : « C’est un vigoureux officier que j’ai vu s’occupant de ses hommes aux cantonnements pendant le séjour à Pontarlier pour les tirs de combat. Instruit, intelligent, bachelier ès lettres et ès sciences, il y a de l’étoffe dans ce jeune homme. »

Conservant son grade de lieutenant, il rejoint la gendarmerie et est nommé dans le régiment d’infanterie de la garde républicaine le 29 décembre 1891. Apprécié par ses chefs, qui remarquent son zèle, il est chargé des cours préparatoires à la caserne Tournon. Admis comme élève à l’école supérieure de guerre du 1er novembre 1896 au 31 octobre 1898, il obtient le brevet d’état-major avec la mention bien et sort avec le n° 67 sur 83 élèves. Promu capitaine le 26 décembre 1898, il est nommé dans la compagnie de gendarmerie du Morbihan, avant de rejoindre, le 30 décembre 1899, celle de la Haute-Marne, où il sert en tant qu’officier d’état-major. Le 15 janvier 1900, il épouse mademoiselle Marie Belly, fille d’un avocat de Toul, âgée de 24 ans, qui dispose de 1 290 francs de rente annuelle et d’espérances estimées à 120 000 francs.

Placé hors cadre le 30 novembre 1900, il est nommé officier d’ordonnance du général commandant la 77e brigade d’infanterie le 1er février 1901. Toujours apprécié par ses supérieurs, sa notation est élogieuse : « Monsieur le capitaine Brione est un officier très doué sous le rapport de l’intelligence, du coup d’œil et des décisions. Il est travailleur et réfléchi et s’intéresse particulièrement aux questions tactiques pour lesquelles il a une certaine compétence et qu’il traite avec beaucoup de sens militaire. Cavalier résistant et énergique, il passe partout et n’est pas embarrassé par les obstacles. Sans aimer le travail de bureau, il est exact cependant et prend plus d’intérêt que ses notes antérieures ne le laissaient prévoir. À une bonne conduite, une bonne tenue – sert avec le plus grand dévouement – très bon officier sous tous les rapports ».

Il rejoint le régiment d’infanterie de la garde républicaine le 9 avril 1903. Son supérieur, le colonel Weick, loue également la valeur de cet officier « très intelligent, très instruit, très au-dessus de la moyenne », dont le jugement est « très sûr et le caractère très droit ». Brione accède au grade de chef d’escadron par une décision du 13 juillet 1904. À la même date, il est appelé à l’Élysée, où il exerce le commandement militaire du palais et remplit les fonctions d’officier d’ordonnance du général Dubois. Nommé en Corse le 12 février 1906, à la tête de la compagnie autonome de la 19e légion ter à Bastia, il passe au régiment d’infanterie de la garde républicaine le 24 juillet suivant. Son supérieur évoque son instruction, son intelligence et son activité, prometteuses d’un avenir brillant. Il est cité au bulletin officiel du ministère de la Guerre en 1909 pour son travail de « Conférence sur le service de la gendarmerie en campagne ».

Désigné par décision ministérielle du 6 décembre 1910 pour commander l’école des aspirants de gendarmerie, il est proposé au grade de lieutenant-colonel dès 1908, mais n’est promu que le 23 décembre 1912. Toujours bien noté, son supérieur remarque un « officier supérieur de valeur et des plus distingués, d’une intelligence très vive et d’un caractère militaire. Il s’occupe bien de son bataillon et obtient de très bons résultats. Commande également l’école des aspirants de gendarmerie, à laquelle il a su donner une intelligente impulsion. Officier de grand choix, qui a de réelles qualités et fera honneur à l’arme ».

Nommé le 9 novembre 1912 au sein de la 7e légion bis de gendarmerie à Bourg, il rejoint, le 10 mai 1914, la 21e légion de gendarmerie à Épinal. Il commande son unité face à l’invasion et l’organise, tandis qu’elle est traversée par le front. Il accède au grade de colonel le 3 septembre 1915. Le 29 janvier 1916, il est nommé dans les forces spéciales de gendarmerie attachées aux armées britanniques. Le général de Vallières, chef de la mission, distingue un officier énergique : « Le colonel Brione semble devoir s’affirmer comme un bon commandant de la force publique de la mission. Il déploie dans ses nouvelles fonctions de l’autorité et une réelle activité ». Affecté au commandement de la garde républicaine le 13 décembre 1917, il est promu au grade de général par un décret du 26 juin 1918. Nommé commandant du 4e secteur de gendarmerie à Lyon, le 28 septembre 1918, il est apprécié comme un excellent officier général, qui s’acquitte parfaitement de sa mission. Placé dans le cadre de réserve le 6 septembre 1924, il se retire à Toul, où il décède le 6 décembre 1942.

Campagnes : Contre l’Allemagne à l’intérieur (2 août 1914 – 28 janvier 1916). – Dans la zone des armées (29 janvier 1916 – 22 décembre 1917). – À l’intérieur (23 décembre 1917 – 23 octobre 1919). Décorations françaises : Légion d’honneur (chevalier, 29 décembre 1904 – officier, 28 décembre 1918 – commandeur, 28 décembre 1924). Officier d’académie le 1er janvier 1905. – Décorations étrangères : Compagnon de l’ordre de Saint Michel et Saint Georges d’Angleterre (autorisation du 16 octobre 1917). Source : SHD 13 Yd 529.

Edouard Ebel

(Avec l’aimable autorisation du SIRPA/Gend)