SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

 L’ouvrage autobiographique d’Auguste Héry se lit comme le roman d’une vie nomade, de sa Marne rurale et natale à sa participation à la Résistance et aux combats de la Libération, puis dans le climat si particulier de la guerre d’Algérie. La gendarmerie, à l’époque où les déplacements et les voyages sont encore rares, permet à ses hommes de découvrir de nouvelles contrées. Assurément, l’Algérie est une terre originale au sein d’un empire colonial qui commence à se fissurer. Avec Auguste Héry, on pénètre dans cet univers si particulier par la multiplicité des acteurs locaux qu’il côtoie, des plus humbles aux élites régionales. Le maillage géographique, mais plus encore l’imprégnation sociale des gendarmes dans la société en font des intervenants à part entière du quotidien de la population.

Comme dans la vie, le dérisoire y croise le tragique et le vol d’allumettes la découverte de cadavres. Le travail de police administrative et judiciaire se déroule dans le contexte des débuts de la guerre d’Algérie et de la violence croissante de ce conflit. Dans ce cadre si particulier, Auguste Héry effectue des tournées, qui prennent souvent la forme de pérégrinations à cheval, pour mieux connaître son territoire, la petite Kabylie, et tenter d’agir dans un univers complexe, combinant de multiples stratégies, individuelles et collectives. Le travail du gendarme, dans tous ces domaines, notamment la police militaire, le renseignement et la participation aux actions contre les maquis indépendantistes algériens se déroule dans le brasier de ces années de feu, de peur et de convulsion. En ce sens, les souvenirs d’Auguste Héry nous permettent d’approcher au plus près la société rurale algérienne, dans le cadre de l’émergence puis du développement d’une guerre coloniale, au travers de l’action de la gendarmerie.