SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

Originaire de Moselle, Joseph France s’engagea dans le 9ᵉ régiment de chasseurs et participa, sous les aigles l’Empire, aux campagnes d’Allemagne en 1813 et de France en 1814. Il intégra la Gendarmerie en 1822 comme lieutenant dans la compagnie du Jura, poursuivant une carrière sans accroc en métropole jusqu’à sa nomination à la tête de la gendarmerie en Martinique en 1843, qui était alors une compagnie.

Confronté à l’horreur de l’esclavage, il prit position contre le système en place, allant jusqu’à désobéir aux recommandations du conseil colonial. Il ordonna à ses hommes d’enregistrer les plaintes des esclaves maltraités, qu’il transmettait lui-même au procureur du Roi.

En 1846, à la suite d’un ordre du ministre de la Marine et des Colonies, il fut contraint de rentrer en métropole, mis en congé avec solde. Conscient d’être écarté pour ses prises de position, il dénonça dans une lettre adressée au ministre en septembre 1845 l’injustice de cette décision,. La conclusion de sa lettre est sans ambages : « Je ne dois pas omettre de dire à Votre Excellence, que lorsque la mesure qui a été provoquée contre moi par M. le Gouverneur a été connue, une députation composée de l’élite de la société s’est présentée chez moi, pour me remettre une adresse couverte d’un grand nombre de signatures les plus honorables, m’exprimant les regrets de me voir quitter la colonie, au moment où ma présence était si utile à la cause des opprimés….., j’ai protesté contre cette mesure, au moyen de laquelle M. le Gouverneur a foulé aux pieds tous les égards qui me sont dus. Une telle conduite de la part de M. Mathieu ne saurait être qualifiée. Je m’étais aperçu depuis longtemps qu’il voulait se débarrasser de moi, pour moins gêner l’arbitraire des maîtres envers les esclaves, et laisser régner ce qu’on appelle à la Martinique le système colonial, ou transaction avec tous les abus qu’on impose…. »

De retour en métropole, Joseph France s’engagea activement pour l’abolition de l’esclavage. En 1846, il publia chez Moreau un pamphlet intitulé La vérité et les faits de l’esclavage à nu dans ses rapports avec les maîtres et les agents de l’autorité, un document de plusieurs pages disponible sur le site d ela SNHPG-SAMG, contenant notamment des procès-verbaux et des correspondances officielles.

Le 9 août 1848, il fut élu député suppléant de Victor Schoelcher à l’Assemblée constituante de la Seconde République. Officier de la Légion d’honneur, Joseph France s’éteignit le 4 mai 1869, à l’âge de 82 ans, et fut inhumé dans sa commune natale d’Albestroff.