Avant première
Une BD sur l’histoire de la gendarmerie
Rédaction

La présence des gendarmes dans l’univers de la bande dessinée est relativement ancienne, mais ces derniers ont été le plus souvent cantonnés dans des rôles secondaires. Plus récemment, en 1998, des auteurs ont traité l’institution sur le mode humoristique. Le succès de la formule a entraîné la publication de treize albums(1). Toutefois, aucun dessinateur n’avait tenté jusqu’alors d’aborder l’histoire de la gendarmerie. Cette lacune va être prochainement comblée avec Guillaume Bertheloot.
Comment avez-vous été amené à participer à cet ambitieux projet ?
C’est une affaire de rencontre et d’envie. L’éditeur avec qui j’avais déjà mené plusieurs projets a rencontré au service historique de la Défense à Vincennes deux officiers de la gendarmerie qui lui ont fait part de leur envie qu’ils portaient depuis quelque temps déjà. Ayant rédigé un scénario de bande dessinée à caractère historique, ils cherchaient un dessinateur.
Pour ma part, j’avais travaillé avec Patrick de Gmeline, auteur de nombreux ouvrages d’histoire militaire, sur deux bandes dessinées consacrées aux cadets de Saumur et au maréchal de Lattre de Tassigny(2). J’avais donc été sensibilisé aux exigences de la vulgarisation historique. L’histoire militaire nécessite en outre l’acquisition de certaines connaissances sous peine d’une perte totale de crédibilité. En acceptant le projet sur la gendarmerie, je ne pensais pas que j’allais me lancer dans une aventure aussi palpitante.
Quelle a été votre méthode de travail ?
Le story-board a été réalisé par deux spécialistes, l’un en histoire, le capitaine Haberbusch, l’autre en symbolique militaire (uniforme, drapeau…), le capitaine Cathala. Grâce à eux deux, j’ai pu disposer des connaissances historiques les plus récentes sur le passé des gendarmes et m’appuyer sur une abondante documentation. J’ai pu, pour ainsi dire, puiser à la source en exploitant des copies de gravures d’époque.
Pour ma part, j’ai un réel intérêt pour l’Histoire. En plus de mes lectures, j’ai voulu aborder le passé de manière concrète en rejoignant les passionnés de reconstitutions médiévales. Les recherches minutieuses menées en leur compagnie m’ont permis d’acquérir des connaissances qui se sont révélées très précieuses pour l’élaboration des décors et des personnages dans mes dessins. Par ailleurs, la pratique de l’équitation s’est avérée fort utile pour éviter certaines erreurs dans la représentation des cavaliers et de leur harnachement. J’ai pu aussi améliorer de manière sensible mes dessins de chevaux.
Plus concrètement, cet album a suivi le processus habituel de réalisation d’une bande dessinée. À partir des indications écrites que j’avais reçues, j’ai proposé un crayonné. Après d’éventuelles corrections, j’ai encré mes planches avant de les confier à un coloriste à Bruxelles. Le rythme de travail a été à la fois intense et rapide.


Que connaissiez-vous de la gendarmerie avant cet album ?
Je connaissais l’histoire de cette Institution dans les grandes lignes, hormis peut-être le rôle joué par les gendarmes au cours de la Révolution. Je n’ai jamais vu les gendarmes uniquement sous l’angle répressif des deux motards sur le bord de la route. En fait, je n’avais qu’une toute petite idée de l’extrême diversité de l’organisation et des missions de la gendarmerie.
Qu’avez-vous découvert à travers cet album ?
En travaillant sur cet album, j’ai appris la richesse historique de cette institution vieille de plusieurs siècles. J’ai découvert à quel point les gendarmes, ou leurs ancêtres de la maréchaussée, ont pu être impliqués dans les grands événements de l’Histoire de France. On les retrouve à tous les niveaux de la société, au plus proche du pouvoir central comme dans les localités les plus reculées. En tant que dessinateur, c’est l’occasion rêvée de pouvoir aborder presque toutes les époques de l’histoire de France.
Pouvez-vous nous présenter l’album ?
L’idée initiale a été de rendre plus visuel ce qui pouvait être lu dans les manuels ou les livres d’histoire sur la gendarmerie. Cette bande dessinée ne s’adresse donc pas qu’aux enfants et aux personnes civiles mais aussi aux gendarmes, aux retraités et, généralement, à tous ceux qui s’intéressent à la gendarmerie.
Cet album couvre une période allant des origines à la fin du Premier Empire, il y a près de 200 ans. Le scénario suit la trame historique. Dans les premières planches, le lecteur peut découvrir les circonstances de la naissance de la maréchaussée et suivre son développement avec l’affirmation du pouvoir royal. Les auteurs montrent ensuite la variété des missions et de l’organisation de la maréchaussée sous l’Ancien Régime. Après avoir rappelé le contexte de la Révolution française, ils montrent les répercussions de cet événement majeur sur la maréchaussée devenue la Gendarmerie nationale en février 1791. Une partie est consacrée au Premier Empire au cours duquel les gendarmes ont joué un rôle non négligeable. La bande dessinée s’achève avec la bataille de Waterloo qui a représenté la fin d’un certain âge d’or pour les gendarmes.
Avez-vous prévu une suite ?
Le scénario du deuxième album est déjà en cours d’écriture. Il sera consacré à la période allant de la fin du premier Empire à la veille de la Première Guerre mondiale. La publication est programmée pour 2013, centenaire de l’attribution d’un drapeau à la gendarmerie. Cette trilogie s’achèvera avec un dernier album consacré au 20e siècle à l’horizon 2014.


(1) Jenfevre, Sulpice & Cazenove, Les gendarmes, Charnay-lès-Macon, Bamboo édition.
(2) Patrick de Gmeline, Guillaume Bertheloot, Avec les Cadets de Saumur, Paris, éditions du Triomphe, 2010, 44 p.
Avec de Lattre de Tassigny, Paris, éditions du Triomphe, 2011, 44 p.