Il y a 55 ans
Le MDL-Chef Roland Perrichon, un héros très discret
Sébastien Horner
Garde
Service historique de la Défense - Division de la symbolique de Défense
Insigne de la 10e légion ter
de gendarmerie départementale en Algérie

Les aléas du souvenir et de l’histoire entraînent parfois injustement l’oubli de certaines figures pourtant héroïques de la gendarmerie : une recherche effectuée dans les archives à l’occasion du dépouillement par sondage des fonds dits « Chancellerie – DGGN » permet alors d’exhumer par hasard de glorieux anciens et d’honorer enfin la mémoire de ces gendarmes jusqu’alors inconnus.
Roland Perrichon, né en 1926 dans le Loir-et-Cher, s’engage en 1947 dans la gendarmerie après avoir effectué son service militaire dans l’infanterie. À l’issue de son stage d’instruction à Philippeville (Algérie), il est immédiatement désigné pour servir en Indochine au sein de la 1re LMGR. Il s’y illustre au combat comme chef de section et reçoit la Croix de guerre des TOE : sa citation à l’ordre de la brigade distingue un militaire « calme, habile et courageux » qui a réussi à protéger un village attaqué puis à capturer des ennemis avec armement et documents.
Revenu en Algérie en 1950, il intègre le corps des SOC et passe dans la gendarmerie départementale (10e ter LG) deux ans plus tard : promu MDL-Chef en 1954 et commandant la brigade de Rokna, il y déploie une activité inlassable pour lutter contre la rébellion du FLN dans le Constantinois. Son chef de section le propose alors en janvier 1956 pour une citation à l’ordre de la gendarmerie en notant son « allant remarquable » et soulignant ses résultats exceptionnels pour l’année 1955 (plus d’une centaine d’arrestations effectuées). Au cours d’une opération avec l’armée, Perrichon, pourtant diminué par une blessure survenue en service commandé le mois précédent, localise deux rebelles sur renseignement et se lance à leur poursuite : mis en joue, il blesse un des ennemis avec son pistolet et organise leur encerclement et neutralisation peu après. Pour son « activité intense, [son] zèle et courage dignes d’éloges », il reçoit la médaille de la gendarmerie en mars 1956.
Le 25 février 1957 le MDL/C Perrichon, participe à une opération de recherche d’un dépôt d’armes, appuyé par une compagnie d’infanterie coloniale. Au cours de l’exploration la mechta « bou chenack » et alors qu’il progresse en tête du dispositif avec ses gendarmes, il est pris à partie sous un feu nourri par des rebelles retranchés dans les gourbis : il est alors touché d’une balle pendant qu’il cherche à s’abriter et s’apprête à riposter. Il est évacué par hélicoptère à l’hôpital militaire de Philippeville mais il y meurt de ses graves blessures le 3 mars.

Un dépôt clandestin du FLN découvert
par les gendarmes durant la guerre d’Algérie
Fait exceptionnel, le MDL-Chef Perrichon est à nouveau cité à l’ordre de la gendarmerie, cette fois-ci à titre posthume ; et il reçoit en outre la Médaille militaire. La décision n°29 du 11 avril 1957 est la plus belle épitaphe qui soit pour un gradé : « A donné un magnifique exemple de conscience professionnelle et d’abnégation digne des plus belles traditions de la gendarmerie ».
Après 55 ans d’oubli, le nom du MDL-Chef Perrichon sera donné cette année à la 318e promotion d’élèves gendarmes de l’école de Montluçon.