Histoire et Patrimoine des Gendarmes

Il y a 30 ans

Rencontre mortelle sur la RD 19

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Peugeot 204 break en dotation en 1979

La mémoire institutionnelle de la gendarmerie met souvent en avant le sacrifice exemplaire de nos anciens, morts pour la France, au cours des guerres du XXe siècle – des tranchées de Meuse aux djebels de l’Oranais – comme en atteste le choix des appellations de casernes ou des baptêmes de promotion. Cependant, il serait profondément injuste d’oublier que le service quotidien de la gendarmerie départementale en métropole doit parfois être accompli au prix d’un péril mortel.

Dans la nuit du 23 novembre 1979, cinq malfaiteurs particulièrement violents écument la région de Dreux : ils volent plusieurs voitures, des armes de chasse et dépouillent les automobilistes qu’ils croisent sur la RN 10. Après l’attaque manquée d’un bureau de poste, l’alerte est donnée et des barrages routiers sont mis en place par la gendarmerie de l’Eure-et-Loir. La bande vole alors un camping-car et prend deux otages pour couvrir sa fuite.

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Le maréchal des logis-chef Lefèvre et le gendarme Catheline, de la brigade motorisée de Chartres, se positionnent avec une herse sur la RD 19 à Sainville : ils ont pour mission d’intercepter tout véhicule suspect. À 4 heures 30 un fourgon fait brusquement demi-tour en vue du dispositif d’arrêt. Les deux gendarmes se lancent immédiatement à la poursuite du véhicule à bord de leur 204 break. Alors qu’ils sont sur le point d’être rattrapés, le camping-car freine brutalement et les malfaiteurs ouvrent le feu à plusieurs reprises par la lunette arrière. Le chef de patrouille est atteint d’une balle de chevrotine à la tête et s’effondre sur le volant ; son camarade évite alors de justesse la collision par une manœuvre désespérée.

Les meurtriers parviennent à s’enfuir, ils relâchent ensuite leurs otages un peu plus loin et volent deux nouvelles voitures. Une opération de recherche de grande envergure permet peu après l’arrestation des individus : ils sont conduits à la gendarmerie de Lucé et passent rapidement aux aveux.

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Le MDL/C Maurice Lefèvre meurt le 9 février 1980 à l’hôpital du Val-de-Grâce après trois mois de coma. Il a été décoré de la médaille d’or pour actes de courage et dévouement, médaille militaire et, à titre posthume, de la médaille de la gendarmerie nationale. Il a par ailleurs été promu au grade adjudant à titre exceptionnel et son nom a été donné quelques années après sa mort comme parrain à la 43e promotion d’élèves-gendarmes de l’école de Maisons-Alfort.

Sébastien Horner

Garde,

Service historique de la Défense - département de la Gendarmerie nationale

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