Force Publique

Éditorial

La gendarmerie au Mexique 1861-1867, une opération extérieure riche d’enseignements

L’expédition du Mexique se déroule dans le contexte des opérations lointaines du Second Empire. Depuis son indépendance en 1821, ce pays se trouve dans une situation instable sur le plan politique, où conservateurs et libéraux se disputent le pouvoir. Les révolutions et les bouleversements constants favorisent une situation de stasis. Les États-Unis profitent de ce contexte délétère pour annexer le Texas, le Nouveau-Mexique et la Californie. En 1860 les libéraux, dirigés par Juarez, l’emportent sur les conservateurs. Désargenté, le nouveau président est contraint de suspendre le paiement de la dette du Mexique. Les gouvernements anglais, espagnol et français, unis par une convention signée en octobre 1861, décident d’opérer une démonstration navale commune pour forcer le gouvernement mexicain à plier. Cependant, alors que les Anglais et les Espagnols se retirent rapidement en mai 1862, les Français choisissent de poursuivre la lutte contre le gouvernement de Juarez.

Poussé par le lobby des réfugiés mexicains en France, mais aussi par Morny et Rouher, Napoléon III décide donc de continuer la conquête du Mexique. Profitant du contexte de la guerre de Sécession, et de la faiblesse des États-Unis ne pouvant plus appliquer la doctrine Monroe, l’empereur souhaite établir un empire latin susceptible de contrebalancer la nouvelle puissance américaine. On attend également de cette politique qu’elle ramène des catholiques, exaspérés par la politique italienne, vers le gouvernement de Napoléon. Enfin, en offrant le trône du Mexique à l’archiduc Maximilien, frère de l’empereur François-Joseph, Louis Napoléon esquisse un rapprochement avec l’Autriche. Cette « grande pensée du règne », on le sait, s’achève sur un échec, avec le retour de Juarez au pouvoir en 1867 et un retrait qui ternit le prestige de la France. Le rôle de la gendarmerie, qui accompagne les armées et joue un rôle non négligeable dans cette opération, est moins connu.

Sous le Second Empire, l’armée constitue un appui essentiel du pouvoir. Au sein de cet ensemble, la gendarmerie a été réorganisée par le décret du 1er mars 1854. Ce texte est particulièrement important pour l’Arme, puisqu’il confirme son statut militaire et détermine avec précision sa réglementation. La loi de 1854 est un véritable monument : 83 pages du Mémorial de la gendarmerie réparties en huit titres et 645 articles définissent les structures et le fonctionnement de la gendarmerie. En raison de sa « nature mixte » elle reste, à certains égards, dépendante des ministères de l’Intérieur, de la Justice, de la Marine et des Colonies, mais la prédominance du ministère de la Guerre est largement exprimée.

Après de coup d’État du 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte a besoin d’une force sûre au point de vue politique pour asseoir son pouvoir et contrôler le pays. Le décret de 1854 réaffirme la place privilégiée de la gendarmerie, à la droite des troupes de ligne (article 3). Au sein de l’armée, elle remplit des fonctions identiques à celles qu’elle exerce habituellement : répression des crimes et délits, arrestation des coupables, maintien de l’ordre. Le commandant de la force publique d’une armée se voit attribuer le titre de grand prévôt et celui d’une division, celui de prévôt. Les missions de la police des armées consistent aussi à protéger le pays contre le pillage et les violences. Mais ce texte confirme la possibilité d’emploi de l’Arme comme unité combattante. Le Second Empire utilise d’ailleurs la gendarmerie pour combattre devant les murs de Sébastopol, les 7 et 8 juin 1855 et au début de la guerre de 1870-1871.

La gendarmerie impériale est de toutes les campagnes du Second Empire. Au Mexique, elle accompagne les troupes pour y exercer, initialement, sa seule mission de prévôté et pour y effectuer des reconnaissances. Ce travail, habituel et indispensable pour le maintien de l’ordre au sein de l’armée, s’exerce dans un milieu géographique hostile. Les gendarmes, qui cohabitent avec les troupes, participent parfois aux combats. Mais, à partir de 1864, la mission des gendarmes prend une autre dimension : construire une gendarmerie mexicaine. Adrien Kippeurt nous présente un bilan raisonné de ces différentes activités. Mais surtout, il analyse les différentes phases de la création de la gendarmerie mexicaine. Napoléon III et Maximilien misent sur ce nouveau corps pour pacifier le pays. Le cadre d’intervention de la gendarmerie est celui d’une véritable « opération extérieure ». La gendarmerie s’interpose dans une situation dégradée et opère rapidement une véritable mue pour participer à la pacification du pays et à l’édification d’une gendarmerie locale. Le modèle de la gendarmerie française s’exporte et se duplique ! C’est tout l’intérêt de ce travail universitaire, soutenu sous la direction de Jean-Noël Luc à l’université de Paris IV-Sorbonne, qui nous dévoile un aspect original d’une gendarmerie participant à la construction d’un nouvel État.

Lieutenant-colonel Édouard Ebel
Docteur en histoire
Rédacteur en chef de la revue Force Publique

AVANT-PROPOS

La Société Nationale de l’Histoire et du Patrimoine a décidé d’élargir le champ des publications qui paraissent dans sa revue « Force Publique ». Actes de colloques, témoignages, rééditions d’ouvrages anciens, constituaient jusqu’à ce jour, les sources exclusives de cette revue consacrée à l’histoire de la gendarmerie.

L’extension de ce champ provient d’un double constat, celui de la curiosité grandissante de nouveaux adhérents pour cette histoire, mais surtout celui de la production de travaux universitaires dont le nombre et la qualité vont croissant. Ces études, parfois d’un intérêt historique exceptionnel restent malheureusement méconnues parce que non publiées. Afin de satisfaire ses lecteurs mais aussi de récompenser les meilleurs étudiants et d’encourager la recherche historique scientifique sur l’histoire de la Gendarmerie, certains travaux, parmi les plus intéressants, seront désormais publiés dans la revue.

La recherche d’Adrien KIPPEURT, étudiant de l’université de Paris Sorbonne, par ailleurs membre de la SNHPG, est donc une première, sélectionnée pour la qualité du travail, mais aussi pour l’originalité et l’actualité du thème. Les opérations extérieures pour la gendarmerie ? Une vieille histoire. Les gendarmes des « OPEX » d’aujourd’hui seront plus que surpris de constater que les situations qu’ils connaissent ou qu’ils ont connues récemment ressemblent étonnamment, sur bien des points, à celles de « La Gendarmerie dans la Guerre du Mexique, 1862-1967 ».

Général Georges Philippot
Président de la SNHPG

INTRODUCTION

« Soldats !

[…] Notre auguste Empereur apprécie vos efforts […] et il me charge d’avoir l’honneur de vous transmettre sa haute satisfaction pour les services éminents et signalés que vous rendez au Mexique, ainsi qu’à l’influence progressive française dans le nouveau monde.

Continuez d’honorer ainsi nos aigles et quand l’heure du retour aura sonné, chacun de vous pourra dire : ‘’j’ai bien mérité de l’Empereur et de la patrie’’ »(1).

Bazaine, commandant du corps expéditionnaire français, s’adresse en ces termes à ses hommes le 10 juin 1864. À cette date, Napoléon III peut être satisfait de ses troupes. Les troupes françaises ont remporté les batailles les plus importantes au Mexique, ce qui a permis à Maximilien d’Autriche de devenir souverain d’un nouvel Empire. Cette lettre de Bazaine laisse entrevoir l’objectif de l’intervention française au Mexique, qui est de : « développer l’influence française dans le nouveau monde ». S’il n’est question que d’accroître le prestige de la France, pourquoi alors avoir choisi le Mexique ?

Les raisons d’une intervention

Trois raisons peuvent être dégagées pour expliquer l’intervention française au Mexique. La première raison est d’ordre économique. Napoléon III l’utilise pour justifier une opération militaire. En effet, le Mexique doit de l’argent à plusieurs pays européens dont la France. C’est d’ailleurs pour une question d’indemnité non payée que la France avait fait pression sur le Mexique en envoyant sa flotte au large de Vera-Cruz entre 1838 et 1839. Les Mexicains avaient tourné l’événement en dérision en le baptisant « guerre de la pâtisserie », car l’un des ressortissants français vivant au Mexique, qui s’était plaint d’avoir été spolié, était pâtissier. En 1861, les événements prennent une tournure plus sérieuse car Jecker(2) parvient à impliquer le duc de Morny, proche de Napoléon III, dans son problème de dette en lui promettant une commission une fois le remboursement effectué. De plus, le nouveau président mexicain, le libéral Juarez(3), décide de suspendre le remboursement de la dette extérieure vu la situation financière de son pays après la guerre civile. Morny associe la dette de Jecker au remboursement que le Mexique doit effectuer à la France. Il parvient à influencer Napoléon III qui contracte une alliance tripartite avec les Britanniques et les Espagnols lors de la Convention de Londres de 1861. Les trois pays se mettent d’accord sur une intervention armée et rapide pour contraindre le Mexique à payer.

La seconde cause de cette guerre est de nature politico-diplomatique. Napoléon III a rencontré d’anciens conservateurs mexicains dont l’établissement de la République a provoqué l’exil. L’épouse de Napoléon III, Eugénie de Montijo, d’origine espagnole, est très proche des milieux catholiques hispaniques. Elle joue un grand rôle en sensibilisant l’empereur aux difficultés rencontrées par ces catholiques mexicains ayant trouvé refuge en France. Par ailleurs, Napoléon III cherche à faire un geste envers le pape. Suite au soutien apporté par les Français aux nationalistes italiens, dont les ambitions d’unité menacent le territoire de la papauté, l’empereur s’est attiré l’hostilité des catholiques. Faire un geste envers les catholiques mexicains lui permettrait de se réconcilier avec les catholiques français et avec le pape.

La troisième raison de cette intervention française au Mexique tient au prestige de la France. Napoléon III entend profiter de la guerre de Sécession aux États-Unis pour développer l’influence française en Amérique Latine. L’empereur français décide alors d’établir au Mexique un souverain européen, à la tête d’un empire jumeau de celui de la France.

Le Mexique : un pays instable

L’ambition de Napoléon III est donc importante. Rouher, l’un des hommes forts du Second Empire, la qualifie de « grande pensée du règne ». L’Empire français est un régime fort et stable. Il est question de le prendre comme modèle pour établir un nouveau régime politique au Mexique et garantir les intérêts français en Amérique Latine. Le Mexique est un pays qui ne connaît pas la paix depuis le départ des Espagnols, chassés en 1821 par le peuple. Une guerre civile met fin au Premier Empire Mexicain en 1822. Plusieurs coups d’État et plusieurs guerres émaillent l’histoire du Mexique. Après deux ans de guerre contre les États-Unis, le Mexique reconnaît en 1848 la perte du Texas, du Nouveau-Mexique et de la Haute-Californie. En 1858, éclate la guerre de la Réforme après l’arrivée de Juarez et des Républicains laïcs et libéraux au pouvoir. Cette guerre dure jusqu’en 1861.

La gendarmerie impériale dans les forces armées françaises

C’est en décembre 1861 que débarquent les premières troupes françaises au Mexique. L’armée française est considérée comme la meilleure du monde à cette époque. Victorieuse en Crimée en 1856, puis contre les Autrichiens durant la campagne italienne, elle possède une excellente réputation. Le césarisme(4) de Napoléon III a hissé l’armée française au plus haut rang. Un contingent de gendarmes impériaux débarque au Mexique en même temps que les troupes françaises. Leur mission est d’ordre prévôtal. C’est-à-dire que la gendarmerie impériale assure la fonction de police militaire. Napoléon III fait confiance à la gendarmerie qu’il associe à tous ses grands projets, depuis l’aide fournie par une partie de ce corps lors du coup d’État du 2 décembre 1851. Ce rapport particulier qu’entretient Napoléon III avec la gendarmerie est d’ailleurs plus ancien. Dès son arrivée au pouvoir en 1848, Louis-Napoléon favorise l’avancement, il crée un bureau de la gendarmerie détaché à la direction de la cavalerie, et rétablit la garde de Paris. Le futur empereur des Français fait voter une loi en 1850 ayant pour conséquence la mise en place du principe d’une brigade de gendarmerie par canton. En 1854, Napoléon III dote la gendarmerie d’un nouveau règlement, regroupant ainsi tous les textes de lois de cette institution. Ce règlement prévoit l’envoi de détachements de gendarmes dans les opérations militaires extérieures de la France. D’ailleurs en 1856, lors de la campagne de Crimée, deux bataillons de gendarmerie participent à la bataille de Sébastopol. Les premiers gendarmes impériaux envoyés au Mexique sont prélevés sur les contingents de Martinique. En tout, près de 158 gendarmes français sont déployés au Mexique entre 1861 et 1867, date du retrait des troupes françaises(5).

Une initiative sans nulle autre pareille

La « une » du New York Times du 7 mars 1863 vise à ridiculiser Napoléon III. Cette caricature fait écho au tableau majestueux de David, Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard lors de sa campagne d’Italie en 1800. Mais l’action de Napoléon III au Mexique est-elle si dévalorisante ? Le corps expéditionnaire français joue un rôle politique important mais plusieurs questions se posent concernant la gendarmerie. Comment se situe-t-elle par rapport au reste du corps expéditionnaire ? Joue-t-elle aussi un rôle tant dans le domaine politique que dans la partie militaire ? En 1866, alors que les Français commencent à se retirer, l’Empire mexicain d’inspiration française est en place. Cette même année, l’empereur Maximilien donne des ordres pour que des gendarmes mexicains escortent sa femme dans le pays(6). Comment la gendarmerie au départ prévôtale, se transforme-t-elle en force de sécurité intérieure destinée à servir Maximilien ?

Pour répondre à ces questions, les sources utilisées sont celles du Service Historique de la Défense. Plus précisément, la série G7 concernant l’expédition militaire du Mexique, ainsi que quelques dossiers de pension. Les repères relatifs à l’envoi de la gendarmerie française au Mexique ne sont pas clairement établis, tout comme les raisons ayant présidé à la création d’une gendarmerie mexicaine destinée à servir l’empereur Maximilien. Seul l’article de Benoît Haberbusch traite sérieusement le sujet et constitue une bonne base d’appui pour ce travail sur l’exportation du modèle de gendarmerie française au Mexique(7).

Afin de mieux comprendre l’engagement de la gendarmerie au Mexique, il convient d’abord de s’intéresser au déploiement initial de la gendarmerie française au Mexique alors en guerre. Alors que, les Espagnols et les Britanniques, acceptent la convention de la Soledad portant sur le règlement de la dette mexicaine, la France la refuse. L’armée française reste donc seule au Mexique à compter du 24 avril 1862. La gendarmerie reçoit la mission de contribuer à la pacification du Mexique en formant une gendarmerie mexicaine. Dans quelle mesure cette initiative audacieuse d’exportation du modèle de gendarmerie française au Mexique, n’est-elle pas vouée à l’échec ?

Première partie - LA GENDARMERIE FRANCAISE EN TERRAIN HOSTILE

CHAPITRE I - Servir au Mexique

Au milieu du XIXe siècle, le Mexique est un pays mal connu des Français. En mars 1873, le capitaine Meunier écrit qu’à l’époque où l’expédition eut lieu « nous ne le connaissions pas du tout »(8). Force est de constater que le Mexique est un pays complexe tant par ses aspects géographiques et climatiques que sociologiques. Les troupes françaises mènent une opération qu’il est difficile de comparer aux conquêtes et à la pacification de l’Algérie, du Levant, ou encore de la Cochinchine.

Un pays d’une géographie complexe

Le Mexique est un pays de 242 millions d’hectares soit environ 2 042 000 km2, c’est-à-dire près de 4 fois la superficie de la France(9). Bordé à l’Est par la mer des Caraïbes et à l’Ouest par l’océan Pacifique, le pays est très montagneux, en dehors du Sud qui est dominé par plusieurs petits massifs, Deux chaînes de montagnes principales traversent le Mexique, la Sierra Madre Orientale et la Sierra Madre Occidentale. Entre ces deux chaînes de montagnes, qui rendent le relief du pays tumultueux, s’étend le plateau mexicain, comportant plusieurs vallées ayant permis à la capitale Mexico de prendre toute son importance.

Si Mexico est bien la ville principale, il faut noter la grande régionalisation du pays qui n’est pas centralisé. Dès lors les gendarmes français servent et doivent s’organiser dans un cadre différent du territoire français, fortement marqué par la prédominance de la capitale, Paris. Même si Mexico demeure prépondérante, une ville comme Vera-Cruz est très active grâce à ses activités portuaires. Cette ville jouit de son statut de principale voie d’accès au pays. Le port est relativement développé et protégé par deux forts reliés entre eux par un mur d’enceinte crénelé.(10).Des villes comme Puebla, Tula, Guadalajara figurent parmi les plus importantes. Puebla par exemple bénéficie du dynamisme de Mexico et de terres très fertiles. Néanmoins, les voies de communication sont en mauvais état. Par exemple, les routes entre Mexico et Vera-Cruz ne permettent une liaison qu’en une vingtaine de jours, alors qu’elles ne sont distantes que de neuf lieues(11). De plus une brochure hostile à Juarez affirme que les routes sont dépavées par les habitants qui utilisent ces matériaux pour des usages personnels, pour leurs habitations par exemple. Ces routes ne sont jamais repavées en raison des crédits et des capitaux qui sont détournés(12). Ces voies de communication en mauvais état et ce relief difficile ne favorisent pas la tâche et la progression des militaires français dans les terres.

En se lançant dans l’aventure mexicaine, Napoléon III avait également pour but de s’associer au développement et à l’exploitation des ressources du Mexique. Le Mexique présente un intérêt économique certain aux yeux des autorités françaises. Billault, le ministre de Napoléon III qui s’est le plus évertué à défendre la présence française à l’étranger, a souvent mentionné ces potentialités économiques du Mexique(13). Il est vrai que des régions comme celle de Mexico, mais surtout celle de la Sonora, présentent d’importantes ressources minières. De même, la région entre Mexico et Vera-Cruz, où sont produits tabac et café, est-elle très agricole(14).

Ainsi le Mexique présente un relief tourmenté qui ne facilite pas les opérations militaires. De plus sa structure administrative ne ressemble en rien à celle de la France. Le Mexique bénéficie de quelques villes développées et possède quelques potentialités, mais les voies de communication sont peu praticables. Le contraste est de taille comparé aux nouvelles habitudes des Français qui profitent du développement des réseaux ferrés modernes. Le déracinement pour les militaires français est donc important. Comment une gendarmerie typiquement française peut-elle s’implanter dans un cadre très différent de celui où elle évolue habituellement ?

Un climat insupportable pour des Européens ?

Bien plus que le relief ou l’état de développement du pays, le climat local use les militaires français. Il semble que trois régions puissent être distinguées. Un carnet de notes anonymes dresse un catalogue des différents espaces climatiques du Mexique(15). D’abord apparaissent les régions « malsaines (terra caliente) », autrement dit les terres chaudes (Nord-Ouest et Nord-Est du pays), qui sont les régions les plus éprouvantes pour les organismes. Ensuite, les régions « moyennes et tempérées (terra tempadas) » (plateau central), qui constituent les deux tiers du territoire. Les températures oscillent entre 18 et 20°C ; certains Français parlent de « printemps perpétuel ». Enfin, les régions « froides et les hauts plateaux (terra frias) » (Centre-Ouest). Ainsi, il suffit de « descendre de la capitale à Vera-Cruz pour voir comment les températures tropicales s’échelonnent vers des températures tempérées ». Le service est donc difficile pour des troupes dont la majorité n’est pas habituée à de telles conditions. Le terme de mosaïque climatique peut être employé, tant le climat est variable selon les régions.

Cette répartition climatique est souvent rude pour les organismes des troupes. De nombreuses maladies sont contractées, comme le vomito, autre nom de la fièvre jaune, qui décime des troupes frappées dès leur arrivée à Vera-Cruz(16). De même, les hommes sont victimes de dysenteries dans les terres chaudes. Les militaires français sont soumis aux coups de sang, au tabardillo (dérivé virulent du typhus), mais aussi aux risques d’insolation avec le passage de l’ombre au soleil. Les marges de manœuvre des troupes sont réduites et se font dans de mauvaises conditions en raison des pluies torrentielles qui s’abattent chaque après-midi de mai à septembre. À croire que les troupes sont exposées partout et n’importe quand aux difficultés climatiques. Le carnet de notes anonyme précise que le pays est insalubre à cause des marais et des habitations de mauvaise qualité(17).

Il n’y a pas de désastre sanitaire comme en Crimée. Néanmoins, le corps médical français semble avancer un peu à tâtons.

Ainsi différentes causes sont présentées pour expliquer la fébrilité des organismes comme « la privation de boissons toniques telles que le café, l’eau coupée avec du cognac ou de l’eau-de-vie locale blanche avec du sucre de canne » ; mais on note aussi que leur usage modéré serait utile, surtout au niveau des littoraux(18). Pour ne pas contracter le vomito, il est recommandé de ne pas porter de vêtements humides, d’éviter la rosée de la nuit ; pour le soigner, la saignée est recommandée. Selon les médecins, la marche est sans danger de l’aube à onze heures, puis de quatre heures jusqu’à dix heures du soir. Ils préconisent d’arroser le sol autour du lieu de campement pour produire de la vapeur d’eau et rendre l’air plus respirable(19). Les remèdes paraissent simplistes face à une menace bien réelle. Le danger ne vient pas seulement des ennemis. Le cas d’Étienne Tellier est à ce titre révélateur : ce gendarme décède en juin 1865 des suites d’une insolation.

Il faut signaler un effort de la part des Français pour faire suivre les antennes médicales ainsi que différentes ambulances et magasins. Des hôpitaux sont établis à San José di Grazia, Concordia, Cordova, Tampico, Vera-Cruz…(20) C’est d’ailleurs à l’hôpital de Vera-Cruz que meurt le gendarme Charles Jacquot en août 1862 à l’âge de 32 ans, de même que le maréchal des logis Louis Lassère en novembre de la même année à l’âge de 37 ans. Benoît Clapot, garde de Paris de 25 ans, arrivé au Mexique en 1862, décède lui à l’hôpital d’Orizaba le 11 juillet 1863(21). Ainsi, les registres de contrôle de la force publique du Mexique font état de huit gendarmes morts à l’hôpital, vraisemblablement de maladies, entre 1862 et 1863(22). La maladie est d’ailleurs la principale cause de décès dans la gendarmerie française puisque la majorité des états des effectifs font mention de gendarmes « décédés », mais la rubrique Tués à l’ennemi comporte souvent la mention « néant »(23). Des leçons semblent avoir été retenues depuis l’intervention en Crimée où le désastre sanitaire est avéré. La France manquant alors de médecins militaires, un effort est fait dans le recrutement du personnel médical. Même si des progrès sont notables, beaucoup reste à faire au moment de l’intervention au Mexique, si l’on en croit les écrits du médecin Aronssohn(24).

L’encadrement médical est suffisant, même si cela n’empêche pas la maladie de décimer les troupes.

Une société fragmentée et stratifiée

En 1860, le Mexique compte huit millions et demi d’habitants. Selon Lecaillon, il y a quatre millions d’Indiens, deux millions et demi de métis et deux millions de blancs(25). Cette société est très hétérogène. En effet, comme l’affirme Lecaillon, il n’y a pas de peuple mexicain, à savoir « une communauté d’hommes ayant choisi de vivre ensemble ». Il est vrai que chaque communauté vit repliée sur elle-même et ne cherche pas à se mélanger aux autres. Le capitaine Meunier parle de « ramassis de peuplades ignorantes, déchirées par des révolutions continuelle» qui se sentent « supérieures à tous les peuples d’Amérique »(26). La société mexicaine est très inégalitaire. Les élites, c’est-à-dire les propriétaires terriens, les industriels, les banquiers sont des « Blancs ». Ceux que Lecaillon appelle les « Blancs » sont les héritiers du colonialisme espagnol. Ils sont au-dessus des nouveaux notables incarnés par les métis. Le pays étant essentiellement rural, la plus grande partie des Mexicains vit dans la misère. Les « Blancs » constituent une classe à part avec laquelle les métis veulent se confondre pour se distinguer des Indiens. Les Indiens représentent la majorité du peuple mexicain. D’ailleurs Juarez en fait partie. Cependant, ces derniers sont rejetés.

En effet, les Indiens sont mis au ban de la société mexicaine(27). Ils vivent en communauté parfois de façon archaïque. La perception que les Français en ont est très variable. D’un côté, les Indiens sont encensés. Le général Brincourt désigne les Indiens comme étant « nos alliés naturels »(28). Leur qualité de combattants fiables est souvent vantée. D’ailleurs, les autorités françaises tentent souvent de s’appuyer sur les Indiens pour établir des groupes armés destinés à combattre des petites unités de guérillas. D’un autre côté, les Indiens font l’objet de nombreuses critiques. Le capitaine Meunier écrit dans son étude que l’Indien de ce pays est peut-être l’homme « le plus sale qui existe sur cette Terre »(29). Son oisiveté et son ignorance lui sont souvent reprochées. L’Indien apparaît comme étant un être docile mais qui réfléchirait peu, ce qui lui serait préjudiciable. Ainsi, la société mexicaine présente cette caractéristique paradoxale : le rejet, par les catégories sociales dominantes d’une bonne partie de la population pourtant numériquement majoritaire.

Pour ce qui est de la politisation de la société, les militaires français considèrent que « le bas peuple et les Indiens par leur ignorance ne prennent pas part à l’activité politique, ils ne sont donc ni pour ni contre l’intervention. La partie honnête et possédante sera facile à rallier dès qu’elle se sentira protégée par l’armée française. La frange révolutionnaire n’acceptera jamais l’intervention et le nouveau gouvernement ».(30) En plus de ses fragmentations structurelles, la société mexicaine est également divisée sur le plan conjoncturel entre les partisans de l’intervention, les juaristes et les autres. La France peut donc compter sur le soutien des conservateurs, mais aussi de toute une frange de la société mexicaine non révolutionnaire qui reste à conquérir. Toute la tâche de la gendarmerie mexicaine consiste à se faire accepter par son action et son recrutement pour obtenir une légitimité auprès de cette population fragmentée. Le défi est de taille car la gendarmerie, pour être efficace, doit rassembler au-delà de ces clivages sociaux en valorisant des actions conjointes de Mexicains, quelles que soient leurs origines.

CHAPITRE II - L’envoi de la gendarmerie au Mexique, le retour à un rôle prévôtal ?

La dernière opération extérieure à laquelle a participé la gendarmerie est l’expédition de Crimée. La gendarmerie se distingue durant le siège de Sébastopol, bataille qui figure en lettres d’or sur le drapeau de l’arme. Il faut rappeler qu’en Crimée la gendarmerie est envoyée comme unité combattante et comme troupe prévôtale. Deux bataillons, détachés à la bataille de Sébastopol, prennent part aux combats. Néanmoins en 1861, au moment où sont constitués les corps combattants français pour servir au Mexique, la gendarmerie est cantonnée à un rôle prévôtal.

« Faire partie des brigades de l’armée active tant à l’intérieur qu’à l’extérieur »(31)

Napoléon III, dès son arrivée au pouvoir, tente de se concilier la gendarmerie. Bien avant de proclamer l’Empire, Louis-Napoléon Bonaparte tente de sortir l’arme de sa paralysie. Il commence par prendre des mesures pour favoriser l’avancement mais, surtout, il s’appuie sur une partie de la gendarmerie pour mener à bien le coup d’État de décembre 1851. Son approche de la gendarmerie prend tout son sens en 1854, à travers le texte de réorganisation de la gendarmerie. Dans cette loi, le rôle de la gendarmerie à l’extérieur du territoire est réaffirmé. Ainsi durant l’expédition du Mexique, la gendarmerie se voit assigner un rôle prévôtal. Au contact des troupes armées, son travail consiste à les surveiller et aussi à les assister.

Si l’on en croit les registres des troupes de la force publique du Mexique, 32 gendarmes seraient passés à la force publique du Mexique dès décembre 1861(32). Il est intéressant de voir que la majorité des gendarmes prévôtaux est prélevée, initialement, sur les effectifs de gendarmerie de Martinique, au moment où les forces armées y font escale. Peut-être s’agissait-il de faire appel à des hommes déjà habitués à supporter un climat autre que celui de la métropole ? Peut-être fallait-il éviter une traversée de l’Atlantique à des gendarmes qui de toute façon étaient disponibles presque sur place ? Peut-être les autorités ont-elles préféré dégarnir leurs troupes des territoires d’Outre-mer plutôt que celles de métropole ? Par ailleurs, parmi les renforts qui sont envoyés au Mexique, certains gendarmes arrivent de Guadeloupe comme le gendarme Baqué Gilles, qui débarque en 1863. D’autres proviennent de métropole. Une majorité d’entre eux est issue de corps militaires. Au total, 158 gendarmes, officiers compris sont déployés en tant que gendarmes prévôtaux au Mexique entre décembre 1861 et mars 1867(33). En 1863, année du siège de Puebla, avec trois officiers et 75 hommes, le déploiement de la force publique au Mexique atteint son maximum, ce qui est peu par rapport au nombre de militaires envoyés sur place(34). Il y en aurait environ 28 126 en 1863 selon Avenel(35). Ces gendarmes n’ont pas une grande expérience en matière de prévôté. Certains, cependant, ont un passé de gendarme prévôtal.

Ce constat est plus frappant et plus intéressant encore lorsque l’on considère les officiers. Sept noms figurent sur les registres de contrôle de la force publique(36). Il s’agit du chef d’escadron Eugène Chavannes de Chastel, du chef d’escadron Georges Lamarche, du lieutenant Toussaint Lauriac, du capitaine Frédéric Amat, du capitaine Henry Cullet, du capitaine Aimé Lambert et du lieutenant Joseph Dulyon de Rochefort. Le commandant Chavannes de Chastel occupe les fonctions de grand prévôt. Seul le commandant Lamarche dispose d’une expérience prévôtale, puisque ce dernier fut nommé prévôt de l’armée des Alpes en 1859. Le parcours de chacun de ces officiers est original. Il faut tout d’abord signaler que le capitaine Cullet, qui arrive au Mexique en mai 1865, est le seul des officiers de gendarmerie débarquant au Mexique à sortir de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. La moyenne d’âge de ces officiers est de 41 ans. La participation à la campagne du Mexique permet à certains d’obtenir une promotion. Ainsi les gendarmes Dulyon de Rochefort et Lauriac deviennent lieutenants, respectivement en 1863 et 1864. Pour d’autres comme Lamarche ou Amat l’avancement suit son cours. Ainsi Lamarche est promu chef d’escadron, de même pour Amat au moment de son retour en France. La répartition des rôles est claire, les fonctions de grand prévôt sont occupées par le chef d’escadron Chavannes de Chastel, le lieutenant Lauriac est son adjoint, le prévôt de la première division commandée par Bazaine (puis par le général Douay) est Lamarche (qui n’est alors que capitaine) ; il est remplacé par Dulyon de Rochefort en 1864, puis par le capitaine Cullet en 1865. Le capitaine Amat est prévôt de la 2e division commandée par le général de Castagny. Il est remplacé à ce poste par Lamarche en 1864, puis par Dulyon de Rochefort en 1865.

L’âme de cette prévôté est incarnée par le grand prévôt Eugène Chavannes de Chastel, qui est né en janvier 1816 à Paris. Son père est lieutenant-colonel de gendarmerie et chevalier de l’ordre royal militaire de Saint-Louis. Désireux d’embrasser une carrière militaire, le jeune Eugène Chavannes de Chastel s’engage à 18 ans au 6e régiment de lanciers. Il rejoint la gendarmerie en tant que lieutenant et sert à la compagnie du Var en 1850. Son goût de l’action le conduit à servir en Afrique de 1853 à 1856. Son retour en France en 1856, à la compagnie de l’Hérault, s’accompagne d’une promotion au grade de capitaine. Il rejoint ensuite la compagnie de gendarmerie de Martinique en 1857. Il fait partie des gendarmes ponctionnés sur les effectifs de cette île pour servir au Mexique. Il débarque au Mexique le 21 décembre 1861. Il est promu chef d’escadron et il est désigné grand prévôt de l’armée du Mexique par décret impérial en date du 2 juillet 1862(37). Il occupe avec le plus grand sérieux ses fonctions et gagne la sympathie des autorités militaires (ce qui n’est pas toujours facile pour la prévôté) et de ses supérieurs directs. Il est décrit comme « très zélé, très actif et très exact » et comme s’attardant « peut-être un peu trop à la partie purement militaire »(38). Ce qui n’est pas pour déplaire. Ainsi, le grand prévôt est nommé officier de l’ordre de Santa Guadalupe, la plus haute décoration instituée par Maximilien, en juillet 1864. En mars 1865, Chavannes de Chastel est nommé chevalier impérial de l’ordre de la Légion d’honneur par Bazaine et reçoit la médaille du Mexique(39). Le 9 décembre 1867, le commandant Chavannes de Chastel est démobilisé du théâtre mexicain à la faveur du retrait français. Il sert en Guadeloupe jusqu’en 1869, année où il demande sa retraite après 35 ans sept mois et huit jours de services dont 25 ans de campagnes (certaines campagnes, comme celles du Mexique, comptant double) ce qui lui permet de partir avec une pension correcte(40). Servir au Mexique a été une chance pour ce fils d’officier de gendarmerie qui rejoint l’institution militaire en tant qu’engagé volontaire. Sa participation lui a valu plusieurs décorations honorifiques, l’occupation de la fonction prestigieuse de grand prévôt et une promotion au grade de commandant. Néanmoins, il ne parvient pas à accéder au grade de lieutenant-colonel, dont l’accès lui est refusé par deux fois, au moment de sa démobilisation en 1867 puis au moment de son départ en retraite en 1869.

Les missions de la prévôté : entre tradition et originalité

La prévôté est certes rattachée à l’armée mais elle assume plusieurs missions. La fonction traditionnelle de la prévôté est de veiller à la bonne tenue des militaires français au Mexique afin d’éviter tout débordement. La prévôté contribue à faire respecter la discipline. Le cas du caporal Canale du 95e régiment d’infanterie de ligne illustre bien cette mission. Il est condamné à soixante jours de prison pour avoir été arrêté en état d’ivresse et avoir malmené la force publique. De même, cinq fusiliers du 62e régiment de ligne sont condamnés à deux ans de prisons en février 1863 pour « rébellion envers la force armée »(41), après avoir été interpellés pour un vol d’eau-de-vie au préjudice d’un Mexicain. Ces deux faits sont l’occasion pour les autorités militaires de rappeler que tous les militaires doivent appuyer la gendarmerie et que tous les débordements commis à son encontre peuvent être passibles du conseil de guerre. La cohabitation avec le peuple mexicain est souvent difficile. Pourtant, il est essentiel pour les Français de recueillir le maximum de soutien. Pour gagner cette guerre qui, à compter de fin 1863, devient une guérilla, il apparaît nécessaire de gagner les cœurs(42). Par leur comportement, certains militaires s’éloignent de cet objectif ; la prévôté joue donc un rôle fondamental dans l’application de la discipline et dans la réparation de l’injustice. Par exemple, il est rapporté que le 2 janvier 1865 une rixe sérieuse a eu lieu entre marins et gendarmes dans la ville de garnison de Vera-Cruz. Des matelots martiniquais ont voulu quitter un café mexicain sans payer ; le ton monte mais les Mexicains refusent d’intervenir contre des militaires français. Deux garçons de café vont trouver les gendarmes français dont le gendarme Pinelli de la brigade prévôtale de Vera-Cruz. En se rendant au campement français avec le patron qui voulait déposer plainte, les marins français sont identifiés. L’arrestation attire l’attention de plusieurs matelots et la situation ne tarde pas à dégénérer. Le gendarme Pinelli sort ses armes, les marins se jettent sur son collègue qui sabre un marin. Voyant l’attroupement, deux patrouilles passant à proximité interviennent et, face à l’agitation ambiante, un caporal décide de prendre en charge les prisonniers. Le gendarme Pinelli sur la défensive en vient à menacer de son revolver le caporal commandant la patrouille, et parvient finalement à se retirer avec les prisonniers(43). La prévôté n’a pas la tâche facile. Il faut faire régner la discipline dans les rangs, malgré une défiance que la rixe évoquée ci-dessus illustre. De plus, la prévôté doit aussi faire régner l’ordre dans ses propres rangs. Ainsi, un rapport du 7 novembre 1865 fait état que le gendarme Bonhomme et quatre autres militaires se sont introduits dans la chambre à coucher d’une Mexicaine(44). Le gendarme Bonhomme aurait tenté de violer cette femme sous la menace d’un sabre. Celle-ci se débattant parvient à alerter son frère qui, à peine entré dans la chambre, reçoit un coup de sabre. Les deux victimes portent plainte, mais les sanctions prononcées par le grand prévôt sont inconnues. La paix sociale est parfois malmenée par la conduite des militaires.

Une autre mission traditionnelle de la prévôté concerne l’escorte de prisonniers. Cette tâche prend plus d’importance à la faveur des succès militaires français décisifs jusque fin 1863. Les prisonniers sont acheminés en règle générale vers les grandes villes comme Mexico ou parfois vers Vera-Cruz pour être envoyés en France. La mission n’est pas toujours simple et les détenus profitent, quand ils le peuvent, de l’infériorité numérique des gendarmes prévôtaux pour s’échapper. Parfois, la question d’une éventuelle complicité entre prisonniers qui s’évadent et leurs gardes peut être posée. Ainsi dans un rapport du 22 juin 1865, il est fait mention de l’évasion de deux prisonniers d’une colonne en marche vers urango(45). Un gendarme dénommé Michaud est chargé d’accompagner un nommé Rey, fusilier au 51e de ligne, et le nommé Jouquet, chasseur au 1er chasseur d’Afrique, pour remplir leurs bidons. Ils s’éloignent de plus d’un kilomètre, sur les recommandations des détenus, pour trouver de l’eau de meilleure qualité. Une fois les bidons remplis, les détenus demandent à faire une pause et en profitent pour se jeter sur leur gardien. Ils finissent par le laisser et s’en vont chacun de leur côté, la chaîne qui les maintenait ensemble ayant lâché… Le gardien tente de faire feu mais sa « capsule rate ». Les prévôtaux parlent de « manque de vigilance du fonctionnaire ». La question de la complicité, vu le récit des faits, peut être posée. Un autre exemple d’évasion originale peut être développé avec le cas du nommé Paineau, un fantassin qui profite d’un transfèrement pour s’évader(46). En novembre 1865, les gendarmes arrivent à la prison de Zacatécas pour chercher des prisonniers. Bien que le trajet soit court pour rejoindre la colonne depuis la sortie de la prison, le nommé Paineau parvient à disparaître, en profitant de l’obscurité, du mouvement et de l’agitation occasionnée par deux compagnies en garnison. Cette mission d’escorte de prisonniers est donc difficile, les prévôtaux doivent gérer ces situations avec peu d’hommes, face à des militaires n’ayant plus rien à perdre, désireux de retrouver la liberté.

La lutte contre la désertion et la traque des déserteurs constituent deux missions fondamentales pour la prévôté au Mexique. Rapidement, les militaires français sont las de cette guerre. Dans ses analyses, Lecaillon affirme qu’un grand mouvement de lassitude gagne les militaires français à partir de l’été 1863(47). La correspondance des soldats le prouve ; le lieutenant Loizillon parle de « dégoût », dès 1864(48). Dès lors la désertion augmente, d’autant plus qu’une petite communauté française vit au Mexique, constituant une véritable tentation pour les militaires. Ce pays offre de nouvelles perspectives à des militaires qui ont remporté les batailles majeures face à l’armée adverse et qui ne se voient pas occuper indéfiniment le Mexique. La prévôté doit faire face à ce phénomène. Ainsi, le nommé Auguste Rey (avant de s’évader par la suite)(49) est déclaré coupable de « désertion en présence de l’ennemi »(50) et fait l’objet de recherches. Cette traque des déserteurs est parfois payante. Il est mentionné dans un rapport de septembre 1865 que deux gendarmes ont réussi à remettre la main sur un zouave déserteur depuis 1864 et qui avait trouvé un emploi en tant que cuisinier dans un hôtel à Cordova(51). Ainsi, les efforts fournis par la force publique peuvent aboutir mais cela reste rare concernant la traque des déserteurs. En effet, nombreux sont ceux qui ne sont pas repris, principalement parce qu’ils rejoignent les rangs juaristes.

Les gendarmes vivent aux côtés des régiments et les suivent parfois aux combats. Certains se distinguent comme le gendarme Louis Boët qui débarque au Mexique à l’âge de 25 ans(52). Lors des combats de Paso del Tablas, il est blessé d’un coup de sabre dans le dos. Il est également touché d’une pointe de sabre en haut de la cuisse droite et au niveau de l’aisselle gauche. Ses blessures témoignent certes de son engagement, mais aussi de la violence des épisodes auxquels prend part la gendarmerie. Toujours dans ces combats de Paso del Tablas de décembre 1866, le gendarme Félix Peuchrain reçoit un coup de sabre au visage, précisément dans l’orbite, ayant provoqué la perte de son œil droit. Il souffre également d’une section des parties molles de la face et de deux doigts de la main gauche(53). Certains, comme le gendarme Jean Schultz, originaire du Tarn et âgé de 25 ans au moment de son débarquement au Mexique en 1862, verront leurs faits d’armes reconnus. Ainsi sa blessure à la jambe, par un coup de lance lors des combats d’Acapulco en mai 1863, lui vaut une citation à l’ordre général de l’armée du Mexique(54). Une lettre de Bazaine à ses hommes témoigne de l’âpreté des combats :

« Soldats !

Notre Empereur pense constamment à son armée du Mexique et […] Sa Majesté vous assure de sa satisfaction pour votre valeur dans les combats, votre énergie dans la fatigue, votre discipline dans les garnisons. Continuons donc à faire tous nos efforts pour mériter la bienveillance de l’Empereur, la reconnaissance de la France qui ne fait jamais défaut à ses bons enfants, quand comme vous, ils s’en rendront dignes »(55).

Les combats sont difficiles et ces quelques exemples montrent que la gendarmerie ne fait pas exception à la règle en prenant les armes quand cela est nécessaire.

Quel est le bilan de la prévôté au Mexique ?

Entre 1861 et 1867, 27 gendarmes trouvent la mort. Parmi eux, 22 décèdent entre 1862 et 1863(56). Ces années sont les plus meurtrières en raison des épisodes de guerre mais surtout des maladies, premières causes de décès. Dans ses analyses, Benoît Haberbusch précise qu’un seul gendarme, Pierre Aubert, trouve la mort au combat, à Paso del Tablas en décembre 1866. Beaucoup sont démobilisés pour des congés de convalescence et nombreux sont ceux ayant reçu des blessures. Cette participation aux combats est très valorisante pour certains gendarmes qui sont décorés. Par exemple pour l’année 1863, trois gendarmes sont faits chevaliers de la Légion d’honneur(57) et quatre autres reçoivent la médaille militaire(58). L’exemple du gendarme Blanchon est intéressant. Ce gendarme qui arrive au Mexique en 1861 à l’âge de 34 ans est cité à l’ordre de l’armée le 22 avril 1862 pour s’être distingué dans une reconnaissance près d’Orizaba contre les Mexicains. Il reçoit la médaille militaire, la médaille du Mexique puis l’ordre de la Guadalupe en avril 1865(59).

En ce qui concerne les officiers, aucun ne trouve la mort mais certains sont démobilisés pour être envoyés en congés de convalescence(60). D’autres parviennent à se distinguer dans les combats comme le lieutenant Lauriac, qui est cité à l’ordre de l’armée lors d’une reconnaissance à Orizaba contre les troupes adverses. Il est fait chevalier de l’ordre impérial de la Légion d’honneur par décret impérial le 14 août 1863, reçoit la médaille du Mexique, puis est fait chevalier de l’ordre de Guadalupe par décret impérial le 6 juillet 1866.

La prévôté occupe une place importante dans l’expédition militaire du Mexique. Outre son utilité militaire, celle-ci joue un véritable rôle politique. Elle est la vitrine de la gendarmerie française, du modèle de gendarmerie que les dirigeants, Maximilien en tête, souhaitent voir s’implanter sur le territoire mexicain. La mission la plus originale, indirectement confiée à la prévôté, est de contribuer à l’enracinement d’une gendarmerie mexicaine reposant sur un modèle français. La prévôté constitue donc un trait d’union entre la gendarmerie impériale française et la société mexicaine. Mais l’idée de créer une gendarmerie au Mexique ne s’impose pas aussi facilement. Il faut signaler que des forces locales sont déjà en place et leur présence doit être prise en compte.

CHAPITRE III - Les hésitations françaises quant au rôle à donner aux forces locales

Il serait faux de croire que le Mexique n’est pas pourvu de forces de sécurité intérieure. Le pays a été secoué par différentes révolutions et chaque régime, chaque souverain semble avoir laissé une trace en matière de force intérieure. Les troupes françaises doivent composer avec ces milices locales. Il s’agit d’éviter l’affrontement avec elles mais aussi tenter de les impliquer dans le conflit en leur confiant des missions. Un travail est à faire pour gagner leur confiance et celle de la population. Cependant, si des forces locales partisanes peuvent être d’un grand secours, des forces locales qui restent fidèles à Juarez sont susceptibles de constituer de véritables obstacles au projet français de pacification. Quelle attitude adopter à l’égard de ces forces de sécurité intérieure. Peuvent-elles apporter quelque chose concernant la pacification du pays ? Comment ces forces traditionnelles et locales se situent-elles par rapport à la future gendarmerie mexicaine ?

Les « resguardos », embryons d’une gendarmerie mexicaine ?

Les troupes françaises se retrouvent face à une pluralité d’organisations locales et armées. Depuis le retrait espagnol et britannique en 1862, la France se retrouve seule nation combattante au Mexique. Or, même si les succès militaires ont permis aux troupes de prendre position dans les terres, il est vital, d’un point de vue stratégique, que les parties du pays conquises par les Français soient pacifiées. Les autorités, Bazaine en tête, choisissent dans un premier temps de faire confiance à ces organisations mexicaines. Les forces locales sont organisées par réseaux et se regroupent sous différentes terminologies, « policia » pour les grandes villes comme Mexico, « guardia rurale » ou « resguardos » sur l’ensemble du territoire, « gardes municipales » dans certaines localités. Tout le travail des Français consiste à remettre de l’ordre dans cette diversité d’organisations dont les contours sont souvent flous. L’appellation officielle choisie est celle de resguardos, ce corps est institué définitivement par l’arrêté du 6 novembre 1863.

Dans un premier temps l’attitude des Français semble être caractérisée par de la précipitation. Aussi cherchent-ils à s’appuyer sur les populations. Dans une lettre adressée par Forey, alors commandant en chef français, à M. Rochebuena, commandant le district d’Elaltangui, le discours est clair(61). Forey affirme qu’il prend « une vive part aux maux que les malfaiteurs font peser sur le district et regrette de ne pouvoir en ce moment débarrasser tout le pays des bandits qui l’infestent. […] Il faut que chacun fasse des efforts pour seconder la grande œuvre de pacification du pays […] car les forces de l’intervention ne sauraient être disséminées sur toute la surface du pays ». Partout il s’agit d’appeler la population à s’armer. Dans les localités où aucune force armée n’est présente, des militaires sont envoyés pour en créer. C’est le cas du commandant mexicain Garces, qui est envoyé à Elalpan pour organiser une force locale destinée à « garantir la sécurité de la ville et du district »(62). Ces militaires mexicains ont plus d’influence que les Français pour rallier la population mexicaine à leur cause. Cette volonté de créer partout des milices s’illustre par le décret du 9 décembre 1863 dans lequel Bazaine, nouveau commandant en chef de l’expédition, décide d’établir des resguardos dans toutes les localités possibles afin d’y garantir la sécurité. Il s’agit de créer des forces auxiliaires aux troupes militaires pour sécuriser l’arrière et éviter la prolifération des mouvements de guérillas qui se développent au moment où Juarez quitte Mexico en 1863. Ces forces locales sont composées des habitants des différentes places et villages, mais aussi d’anciens combattants mexicains hostiles à Juarez. Ce but politique n’est pas l’objet de tous les engagements, certains habitants désirent seulement éviter les pillages commis par des bandes de rebelles. Ces hommes doivent pourvoir à tous leurs besoins et se présenter armés et équipés. Les demandes d’armes sont d’ailleurs nombreuses pour ne pas dire constantes, ce qui agace les autorités, mais aboutissent rarement. Voici comment Bazaine, chef du corps expéditionnaire français en octobre 1863, répond à une sollicitation émanant de la ville de Cuernavaca :

« Nous n’avons pas d’armes dont nous puissions disposer pour armer la population. Je vous l’ai déjà dit, pourquoi faire sans cesse cette demande ? Il faut qu’elles s’en procurent à prix d’argent. » Cela traduit l’ambiguïté française, qui soutient le développement des milices sans les armer. Néanmoins le trésor français participe à la rémunération de ces troupes lorsque les municipalités ne peuvent les financer. Le 6 novembre 1863, une note d’instruction concernant les resguardos prévoit que les soldats seront payés une piastre par jour, les caporaux neuf réaux et les sergents dix réaux(63). Des forces armées locales s’organisent un peu partout sur le territoire mexicain.

Mais tout ce maillage du territoire et tout le développement de ces forces se font de manière relativement anarchique, sans réelle maîtrise des autorités. Des troupes s’organisent autour de chefs charismatiques de l’ancienne armée mexicaine comme le commandant Rodriguez. La plupart du temps les effectifs proviennent des rangs militaires. Par exemple, le commandant Rodriguez constitue son resguardo à partir d’anciens de l’ex-division du général Miramon. La question se pose de savoir si ces troupes sont plus promptes à défendre les intérêts de leur pays ou à servir un chef. Dans le même ordre d’idée, ces hommes qui rejoignent les resguardos désirent-ils plus préserver les intérêts de leurs localités que contribuer à la sécurité intérieure de leur pays ? Ainsi, certaines initiatives individuelles voient le jour pour défendre des intérêts privés. C’est le cas d’un certain José Frauenfeld, qui est autorisé en septembre 1863 à armer 25 personnes pour défendre son hacienda(64). Les possédants tentent ainsi de se constituer des milices privées pour se préserver des pillages. Cela montre une certaine limite à l’efficacité des resguardos ou du moins à la politique des autorités françaises à l’égard de ces forces locales. L’importance stratégique des resguardos a très vite été comprise par les Français. Ce développement, pas toujours bien contrôlé, de ces forces locales, constitue un bouleversement dans l’occupation du pays, puisque l’organisation militaire et localisée de la population représente la naissance et le soutien d’une force auxiliaire. Néanmoins les autorités françaises et mexicaines décident d’exercer un contrôle sur le développement de ces forces auxiliaires.

La réorganisation laborieuse des forces locales

La nécessité de garder le contrôle sur les resguardos se manifeste rapidement. Dès avril 1864, Bazaine demande des rapports sur ces troupes populaires(65). Il désire obtenir un état de situation comprenant les effectifs, la répartition, le rayon d’action des resguardos. Les choses évoluent plus rapidement avec l’arrivée au pouvoir de Maximilien le 28 mai 1864. Dès juillet 1864, il est décidé que le gouvernement mexicain prend à son compte les approvisionnements en effets destinés aux troupes mexicaines(66). La sécurité intérieure devient un problème de premier ordre, la création de resguardos ne dépend plus de l’armée française mais du ministère de l’Intérieur mexicain. Les militaires français laissent plus de marge de manœuvre aux autorités mexicaines. Ainsi, au sujet de l’occupation d’une ville, Bazaine écrit le 26 juillet 1864 au commandant français sur place, que « dans la population il sera certainement facile de trouver un certain nombre d’hommes animés d’un bon esprit et disposés à se défendre. Mettez des armes entre les mains de ces hommes, organisez-les, donnez-leur un bon chef, et cette petite troupe fixe vous permettra de réduire votre infanterie »(67). Bazaine cherche à trouver des relais au sein de la population. Ce n’est pas pour autant que les Français cessent de se comporter en tuteurs à l’égard de Maximilien. Ainsi, dans une circulaire du 5 septembre 1864, Bazaine s’inquiète du développement « hors de proportion » que prennent certaines forces auxiliaires par rapport à la population à protéger mais aussi par rapport aux ressources dont le gouvernement mexicain dispose(68). Il appelle ses subordonnés à un contrôle plus strict face à l’expansion des forces locales. Il apparaît nécessaire d’organiser de manière plus rigoureuse les resguardos.

Le 7 novembre 1864, un décret impérial prévoit un cadre plus précis pour les troupes auxiliaires(69). Il est décidé que toutes les forces locales recevront une organisation uniforme, y compris les resguardos, qui doivent être converties en gardes rurales stables et gardes rurales mobiles (article 25). Ce décret prévoit également que certaines troupes municipales soient établies. L’application de ce décret est confiée aux préfets. Il s’agit de simplifier les choses. Tout d’abord une responsabilité de contrôle et de régulation est attribuée aux préfets politiques de chaque localité. Ensuite, l’organisation à trois composantes des forces locales est claire. Dans les localités où cela est possible et nécessaire, des troupes municipales doivent être créées. Les gardes rurales stables doivent s’établir dans des localités et s’efforcer de rester sédentaires. En revanche, les gardes rurales mobiles peuvent avoir pour mission de défendre une localité différente de celle où elles sont établies. Elles s’imposent ainsi comme des renforts non négligeables, qui restent à disposition des localités voisines qui pourraient en avoir besoin. Cette organisation n’est pas sans rappeler celle de la France où les gendarmeries doivent, le cas échéant, fournir des troupes pouvant servir hors de leur commune de rattachement.

Concernant les effectifs, comme il est précisé par Bazaine dans une lettre au Général Brincourt le 16 janvier 1865, « les gardes rurales devront être organisées très fortement au moyen des éléments les meilleurs que vous pourrez trouver dans les resguardos et auxiliaires qui vont être licenciés »(70). Les resguardos sont licenciés et désarmés. Cependant, ce processus prend du temps. L’impératif pour les autorités militaires françaises et mexicaines mais aussi pour les préfets politiques est de ne pas laisser de régions désarmées. Le respect de ce principe induit une conversion laborieuse de resguardos en gardes rurales. Une circulaire de février 1865 adressée aux préfets politiques prouve la difficulté de la tâche. Maximilien autorise ces fonctionnaires à maintenir les corps auxiliaires qui sont indispensables à la sécurité du territoire, « sans pour cela négliger l’organisation des gardes rurales »(71). C’est dire toute l’ambiguïté de la tâche confiée aux préfets politiques qui doivent appliquer le licenciement des resguardos, sans pour autant négliger l’organisation des gardes rurales, tout en veillant à assurer la sécurité intérieure du pays. Ainsi, le corps des exploradores commandé par le général Galvez voit sa dissolution retardée pour les services qu’ils ont rendus dans les terres chaudes, Cependant Bazaine précise dans une lettre du 14 février 1865 que « la seule formation définitive, c’est la garde rurale »(72). D’ailleurs dans une lettre au préfet de Pachuca du 17 mars 1865, Bazaine réaffirme le caractère essentiel et prioritaire de l’organisation des gardes rurales ainsi que l’importance du rôle joué par les préfets dans ce domaine(73).

Une efficacité limitée

Le bilan de ces forces locales est contrasté. Certains actes de bravoures donnent un sens à leur existence ; en revanche de nombreuses difficultés persistent. Il est difficile d’obtenir un aperçu des services des forces locales de chaque place. Dans certaines villes comme Ozumba, les habitants se couvrent de gloire en repoussant les Juaristes. Ainsi, après trois heures de combats, les dissidents battent en retraite avec onze morts et quatorze blessés contre deux tués et deux blessés du côté des habitants d’Ozumba(74). De même en juillet 1864, la population de San José Muahuatlan parvient à repousser des dissidents(75). Cette combativité de certaines gardes rurales provoque l’enthousiasme de Bazaine. Le général Galvez, commandant le corps des exploradores, est félicité pour ses combats face aux dissidents(76). Le 4 mai 1865, Bazaine écrit au colonel Jeanningros pour féliciter trois officiers mexicains qui se sont particulièrement distingués durant les combats de Santa-Barbara(77). Il affirme avoir transmis leurs noms à Maximilien. Il conclut en affirmant que « le résultat obtenu par ces officiers montre le parti qu’on peut tirer des forces rurales quand elles sont bien conduites ». Or ces forces rurales ne sont pas toujours bien conduites !

Dans une réclamation émise par le ministère de la Guerre et adressée à Bazaine, le général Galvez, précédemment félicité, est accusé par un habitant d’avoir fait enlever et assassiner sa fille(78)… Dans cette même réclamation, mention est faite de la maladresse du préfet de Gobernacion qui a trop centralisé les forces rurales, ce qui a pour conséquence d’exposer les campagnes. L’efficacité des gardes rurales est donc limitée en raison de l’attitude de certains de ces chefs, abusant ou faisant mauvais usage du pouvoir dont ils disposent. Toujours dans ce même ordre d’idée le général de Castagny demande à Bazaine d’avoir plus de liberté dans le choix des officiers des forces locales. Pour légitimer sa demande, il prend l’exemple du colonel Ortega chargé d’organiser les gardes rurales de Durango et qui se serait rendu coupable de malversations financières(79).

L’honnêteté et le dévouement des Mexicains ne sont pas toujours sincères, ce qui peut constituer un handicap dans l’action des gardes rurales. Le général Marquez se plaint face aux difficultés qu’il éprouve quant à la création de forces locales sur lesquelles on peut compter(80). Un rapport de décembre 1864 fait état de « l’esprit fâcheux » de la population du Michoacan qui aide « passivement » les Juaristes(81). Certains Mexicains n’hésitent pas à jouer un double jeu. Ce manque de fiabilité transparaît souvent dans les rapports et les militaires s’en plaignent. Comme le rapporte l’intendant Grodvolle dans sa correspondance, les Mexicains ne manifestent aucunement « la résolution de s’armer et de se défendre eux-mêmes »(82). Les Mexicains sont donc parfois peu fiables et il est difficile de savoir quand une garde rurale est formée si cette dernière œuvrera en faveur de Maximilien ou de Juarez. Certains Mexicains désertent comme un nommé Gabriel Martinez et un certain Andres Rodriguez qui sont respectivement condamnés à cinq et trois ans de travaux forcés(83).

Le manque de matériel et d’équipement entrave considérablement l’action des gardes rurales et favorise la désertion. Depuis la convention de Miramar du 10 avril 1864, ce n’est plus à la France de payer, d’équiper et de ravitailler les troupes mexicaines. L’administration de Maximilien doit s’en charger. Bazaine n’hésite pas à mettre en exergue les manquements de l’administration de Maximilien. Dans une lettre de décembre 1864, le général rend compte à l’empereur du Mexique que des gardes rurales n’ont reçu ni vivres ni fourrages depuis plus de quinze jours(84). Ces gardes ont fini par se disperser, abandonnant leurs équipements. Le manque d’efficacité lié aux problèmes d’armement va de soi ; pour ce qui concerne l’habillement les choses ne sont pas simples non plus. Longtemps les gardes rurales ont dû se présenter déjà équipées. À partir de 1865, la diversité des uniformes des gardes rurales pose problème, surtout par rapport à leur mission de poursuite des bandes. L’absence d’uniformité dans les tenues peut avoir pour conséquence de ne pas distinguer les gardes rurales des dissidents. Une anecdote à ce sujet est rapportée dans un rapport du 12 octobre 1865.

« Il est arrivé par exemple ce matin même dans la capitale un détachement de cavalerie de la garde rurale mobile d’Irapuato qui porte un uniforme tout particulier entre autres détails, des flammes de lance blanches et bleues. Il serait assurément fort possible que dans certaines circonstances un régiment français, austro-belge, ou même mexicain mis […] en présence d’une troupe de ce genre qu’il n’aurait jamais rencontrée, se trompa ou tout du moins hésita sur son caractère »(85).

Une illustration représentant un garde rural est disponible en annexe, mais il est difficile de connaître son origine : s’agit-il d’un garde rural pris au hasard, d’une illustration faisant partie d’un projet quant à la dotation d’un uniforme ou de l’uniforme des gardes rurales après réforme(86) ? Il faut cependant noter le caractère approximatif de l’équipement des gardes.

Une gendarmerie avant la gendarmerie impériale : les cas particuliers des gendarmeries de Puebla et Tula

Les différents rapports des militaires français mentionnent régulièrement les gendarmeries de Puebla et de Tula. Il est intéressant de constater que ces troupes portent l’appellation de « gendarmerie », bien avant que la gendarmerie impériale mexicaine ne soit créée et organisée. Ces unités de Puebla et de Tula sont de petits corps armés, en grande partie montés. Ils sont désignés par les rapports français comme des alliés. Néanmoins, au vu de leur organisation et de leur capacité à combattre, il semble que ces troupes préexistaient à l’expédition européenne au Mexique. En réalité, tout porte à croire que ces gendarmeries sont d’anciennes troupes républicaines entièrement ralliées aux Français.

Pourquoi ces troupes mexicaines sont-elles désignées sous le nom de « gendarmerie » ? Même si aucune réponse claire n’a été trouvée, une hypothèse peut être avancée. Les troupes de Puebla et Tula sont probablement les héritières des Rurales mexicaines ; autrement dit, elles correspondraient à des troupes de l’ancienne gendarmerie ayant choisi de se rallier aux troupes européennes. Ainsi, si les Français les nomment « gendarmerie », c’est vraisemblablement pour illustrer leur ralliement, afin d’éviter toute confusion avec les troupes de Rurales qui restent fidèles à Juarez. Cette hypothèse semble être la plus plausible, dans la mesure où leurs missions ne se rapprochent guère de celles de la gendarmerie. Même si ces corps œuvrent pour la sécurité locale – ceux-ci étant « nécessaires pour les besoins du service de la sûreté » selon Bazaine(87) –, en surveillant notamment les voies de communication, ils demeurent des corps combattant. Comme l’écrit Bazaine, « ils n’en sont pas moins tenus de concourir si cela est nécessaire aux opérations de l’armée permanente »(88). Néanmoins une note de mars 1866 précise que les gendarmes de Puebla et Tula sont organisés « comme leur nom l’indique, pour faire non pas le service de cavalerie, mais celui de la gendarmerie en assurant la sécurité des communications »(89). Les troupes de Puebla et Tula disposent à l’évidence d’un spectre de missions assez large, en effectuant par exemple des escortes et des missions sur les axes de communication reliant différentes localités(90).

Pour ce qui concerne leur organisation, il faut signaler que ces troupes de Puebla et Tula sont très actives, bien équipées, et commandées par des chefs charismatiques. Le colonel de la Peña commande les gendarmes de Tula. Cet officier supérieur, très actif, est un interlocuteur privilégié des autorités françaises, comme le prouvent différentes correspondances échangées. À Puebla, les troupes sont dirigées par le colonel Miguel Flon, lui aussi interlocuteur privilégié des autorités françaises. La qualité de ces chefs n’est pas à démontrer.

Ils ont su garder sous leur tutelle une troupe organisée qui rend tout au long de l’expédition de véritables services aux armées européennes. Ainsi, le colonel de la Peña est proposé pour avoir une récompense en raison « de son sang-froid et de son intelligence durant les combats de San Lorenzo »(91). Pour ce qui est des effectifs, aucun chiffre précis ne peut être avancé. Cependant, Bazaine écrit dans une lettre au colonel de la Peña : « Je désire que la troupe qui est placée sous vos ordres sous le nom de gendarmerie de Tula […] ne dépasse pas le chiffre de 180 cavaliers pour son effectif total »(92). Ce chiffre de 180 cavaliers donne un ordre d’idée du volume des troupes de Puebla et Tula. Concernant les troupes du colonel Flon à Puebla, une circulaire du 17 mars 1866 fait état de 14 officiers et de 225 cavaliers(93). Ces effectifs demeurent tout de même non négligeables comparés à ceux de la 1ère compagnie de gendarmerie impériale de Mexico, qui affiche l’effectif le plus important de toutes les compagnies de gendarmeries, à savoir 130 hommes.

Pour ce qui est de l’équipement de ces troupes, aucun document officiel n’a été trouvé. Néanmoins, tout porte à croire que l’équipement des troupes de Puebla et Tula est relativement hétérogène. Une demande du colonel de la Peña, faisant « connaître que son corps n’a pas eu les fonds suffisant pour son entretien […] »(94), illustre d’ailleurs la pénurie de matériel et d’équipements. Outre les difficultés rencontrées par ces troupes de Puebla et Tula, l’ambiguïté de l’attitude des autorités françaises est une nouvelle fois mise au jour. En effet, comme avec les gardes rurales, les Français soutiennent ces unités, mais cet appui présente certaines limites. De même, une autre similitude avec les gardes rurales peut être relevée sur le plan de l’armement qui est loin d’être uniforme. Les gendarmeries de Puebla et Tula sont mal approvisionnées et demandent régulièrement le renouvellement des stocks. Le colonel de la Peña s’en plaint souvent. Ainsi, en juillet 1865, ce dernier réclame 400 fusils de cavalerie, toutes ses armes étant hors-service(95). Or le commandement français décide de lui livrer des fusils « cassés des Mexicains d’Oajaca », accompagnés de 600 piastres pour les réparer(96). Les autorités françaises préfèrent fournir à ces troupes auxiliaires des fusils endommagés et couvrir leur coût de réparation plutôt que de les approvisionner en armes en état de fonctionnement. Cette situation est la même que pour les gardes rurales. L’approvisionnement reste problématique durant toute l’expédition, même pour les troupes françaises. Comme souvent lors de cette expédition, les troupes doivent faire ce qu’elles peuvent avec le peu dont elles disposent.

Néanmoins, malgré ces difficultés, les troupes de Puebla et Tula rendent de grands services aux militaires français. Contrairement aux autres forces locales qui doivent être réorganisées, les gendarmeries de Puebla et Tula sont déjà des corps en place, hiérarchisés et bénéficiant de la sorte d’un statut particulier. La question de l’importance à accorder à ces forces est plusieurs fois posée, surtout au moment où les Français se montrent désireux de réorganiser les forces locales mexicaines. Une circulaire précise que « ces corps n’appartiennent ni aux troupes permanentes ni aux gardes mobiles c’est-à-dire qu’ils sont destinés à disparaître dans un temps plus ou moins rapproché »(97). Ces gendarmeries apparaissent comme des corps tampon entre les forces de gendarmerie impériale traditionnelle et les forces locales. Leur statut fait donc débat. Cette situation paradoxale transparaît parfaitement dans la circulaire citée ci-dessus. En effet, après avoir mentionné leur disparition prochaine des gendarmeries de Puebla et Tula, il est précisé dans cette même note que ces troupes « ont rendu et rendent encore de bons services connaissant bien le pays et sont composées en général d’éléments supérieurs à ceux qu’on recrute dans la grande majorité des autres troupes mexicaines […]. Il convient de ne pas désorganiser ces corps et de ménager des officiers comme le colonel Flon […] qui ont une grande influence personnelle sur les corps qu’ils ont eux-mêmes organisé »(98). Les gendarmeries de Puebla et Tula bénéficient donc d’un traitement particulier à l’heure où les autorités françaises réorganisent les forces locales. Toute la difficulté pour les Français est de savoir si ces corps doivent constituer des viviers de recrutement pour la gendarmerie impériale mexicaine ou s’ils doivent être maintenus. Une lettre de Bazaine à Maximilien explique cette situation :

« Depuis l’époque où ils ont été organisés, ces corps ont rendu d’utiles services, et, commandés par des chefs intelligents et dévoués, ils se sont peu à peu épurés de manière à ne présenter aujourd’hui que des éléments très acceptables. Je crois qu’au moment où les gardes rurales vont être réorganisées sur toute la surface de l’Empire, il serait d’une bonne politique de conserver les corps dont j’ai parlé plus haut. On pourrait toutefois changer leur dénomination, les fondre dans l’organisation uniforme décrétée pour le Mexique.

J’ai l’honneur de recommander ces chefs à Votre Majesté, persuadé qu’elle trouvera en eux des serviteurs fidèles et dévoués, ce qu’ils ont fait jusqu’à ce jour est une bonne garantie pour l’avenir »(99).

La solution choisie par les autorités françaises est mesurée. Les choses évoluent cependant lorsque la décision est prise d’établir la deuxième compagnie de gendarmerie impériale mexicaine dans la ville de Puebla. Il est fort probable que des hommes du colonel de la Peña s’engagent alors dans la gendarmerie impériale, alors même que le colonel de la Peña et ses troupes sont écartées de Puebla. Ce dernier reçoit l’ordre de servir à la périphérie de la ville. Cette unité est maintenue, mais elle est désormais considérée comme l’auxiliaire de la gendarmerie impériale. Les hommes du colonel de la Peña apparaissent ici comme des gardes rurales jouissant d’un certain prestige, mais dont le rôle est entrevu par rapport à la gendarmerie impériale mexicaine, qui s’impose comme la principale force de sécurité intérieure du pays. Pourtant, les troupes de Puebla ne sont finalement pas converties en troupes de la gendarmerie impériale. Cette situation a probablement été identique à Tula. Il est certain qu’aucune compagnie de gendarmerie impériale n’a été créée à Tula, les troupes du colonel Flon sont donc vraisemblablement restées en place, les autorités ne les ayant pas remplacées par des troupes de gendarmerie impériale. Leur rôle est d’ailleurs déterminant au moment où les forces françaises se retirent. Il est décidé de favoriser davantage la coopération entre les troupes du colonel Flon et les forces de gendarmerie mexicaine. Une note de 1866 précise que les Français sont tenus de ne pas trop assister la gendarmerie mexicaine et d’utiliser les troupes du colonel Flon afin que les Mexicains gagnent en autonomie(100).

Au final, ces forces de gendarmerie de Puebla et de Tula se situent à mi-chemin entre les gardes rurales et la gendarmerie impériale mexicaine. Leurs chefs sont estimés par les Français et la valeur de ces corps est reconnue. Leur appellation de gendarmerie provient probablement de leur passé de Rurales, de certaines de leurs missions de sécurité mais aussi de leur ancrage local. Ces forces se distinguent ainsi des gardes rurales et constituent des appuis non négligeables pour les Français, tant d’un point de vue militaire que d’un point de vue administratif et politique. Sur ce dernier plan, la politique le ralliement de ces troupes très organisées et très ancrées localement permet à l’Empire de gagner les cœurs de la population et de renforcer sa crédibilité. Cependant, les forces de Puebla et Tula sont reléguées au second plan avec l’établissement progressif de la gendarmerie impériale qui s’impose comme la principale force de sécurité intérieure. L’action de la gendarmerie impériale demeure liée à l’action des forces de Puebla et Tula. Dès lors, il n’y a plus de concurrence entre ces différentes forces de sécurité intérieure, mais une réelle complémentarité. La gendarmerie impériale fraîchement créée peut ainsi compter sur des collaborateurs de valeur et expérimentés pour l’assister dans ses missions, mais aussi pour faciliter son implantation dans la société mexicaine. La volonté des autorités de s’appuyer sur une force de sécurité autre que les forces locales mexicaines est ici affirmée. Les travaux d’organisation de la gendarmerie impériale mexicaine commencent dès le début de l’année 1865(101).

Ainsi les autorités françaises s’appuient sur les forces locales mexicaines. Leur développement qui a d’abord pris un tour incontrôlable, avec l’essor rapide des resguardos, devient par la suite plus encadré avec l’arrivée de Maximilien au pouvoir dès 1864. Les resguardos disparaissent et sont fondues en gardes rurales stables et gardes rurales mobiles. L’influence française en termes d’organisation des forces de sécurité intérieure est visible, mais l’implication française présente certaines limites. Cela se vérifie au travers de toutes les questions liées à l’armement et à la rémunération des gardes rurales. Pour Bazaine, il n’appartient pas aux troupes militaires françaises de sécuriser les villes et les villages mexicains. Dans ce domaine, les Mexicains doivent prendre le relais. Cependant, l’efficacité de ces troupes est très limitée. La sécurité intérieure et la pacification du Mexique sont quant à elles essentielles d’un point de vue stratégique (pour le ravitaillement, pour accroître le contrôle de Maximilien sur son territoire…). Les autorités françaises peuvent-elles se permettre de continuer à composer avec les manquements des forces locales mexicaines ? Créer une gendarmerie impériale mexicaine est-il le moyen de ramener l’ordre dans les localités du Mexique ?

Seconde partie - LE MODELE FRANCAIS DE GENDARMERIE, LE MEILLEUR MOYEN DE CONTRÔLER LE MEXIQUE ?

CHAPITRE IV - Une volonté politique de pacification à l’aide de modèles français

Bien que Maximilien occupe le trône, les autorités françaises et en particulier Bazaine continuent de jouer un rôle considérable. Avec l’arrivée de Maximilien au pouvoir, l’enjeu militaire devient plus secondaire. Le but de la présence des troupes françaises au Mexique devient de plus en plus politique. Tout se passe comme si Napoléon III souhaitait confier à Maximilien un pays dont les grands principes d’organisation seraient similaires à ceux de la France. La prépondérance du modèle français dans les choix faits au Mexique pour l’organisation de ce pays est flagrante. La meilleure preuve, qui est également la plus évidente, est le choix du régime politique. Comme la France, le Mexique sera un Empire. Sous le Second Empire, la France en pleine révolution industrielle apparaît comme étant une référence à la fois politique et militaire(102). La tentation est forte pour les autorités d’y voir un caractère universel. Au Mexique tout reste à faire, l’occasion est unique pour la France de participer à la structuration d’un pays qui avait connu jusque-là colonialisme, révolution et instabilité(103). La question se pose de connaître le degré d’implication de la France dans la reconstruction du Mexique : jusqu’où Napoléon III est-il prêt à investir dans l’exportation au Mexique de modèles français ?

Une administration à la française

À l’heure où le développement du chemin de fer sur le modèle de l’étoile de Legrand contribue à faire de la France un pays de plus en plus centralisé, les militaires français servent dans un pays très différent du leur. Au Mexique, le régionalisme est très marqué. Les autorités françaises accordent cependant une grande importance à la capitale Mexico. Dans cette ville est installé le Grand Quartier général et la majorité des mouvements opérés le sont depuis Mexico. Néanmoins, les Français, dans leur tentative de réorganisation du territoire mexicain, ne cherchent pas nécessairement à passer outre cette faible centralisation du pays mexicain. Il est question en mai 1864 de doter les différentes localités de responsables politiques(104). Il s’agit de déléguer le pouvoir politique à l’échelle locale. Cette action a également pour but d’établir un maillage plus important du territoire. Ainsi, en juillet 1865, il est précisé que le Grand Quartier général français s’établira à Mexico, que le quartier général de la 1re division s’installera à San Luis et celui de la 2e division à Durango. Quant au quartier général du corps de réserve, il doit s’implanter à Quérétaro. Cette volonté française de développer une administration locale mexicaine s’illustre par le pouvoir confié aux préfets politiques d’organiser les forces locales. L’influence française, qui caractérise la mise en place de cette structure de décision, n’est pas dissimulée. Au contraire, il est précisé que dans l’administration mexicaine, les règlements seront identiques à ceux suivis par la France(105).

Napoléon III cherche à moderniser le Mexique et à doter ce pays des infrastructures nécessaires à son développement. Pour atteindre cet objectif, un appel est lancé à la population française afin que des professionnels rejoignent le Mexique pour y exercer leur profession. Sont recherchés des financiers, des topographes, des ingénieurs des ponts et chaussées et même des ouvriers spécialisés(106).

Il est nécessaire de cartographier le Mexique pour mieux l’organiser. Le développement des chemins de fer et l’amélioration de la qualité des routes sont deux éléments essentiels pour faciliter les communications, le commerce, mais aussi le contrôle du pays. Le développement des chemins de fer en France s’accompagne de la mise en place d’une police spéciale au chemin de fer qui est en réalité une police politique. Au Mexique tout porte à croire que l’évolution a été la même. Parallèlement au développement ferroviaire, un certain Palazzi demande une place de « commissaire de surveillance administrative aux chemins de fer »(107). L’empreinte française dans le développement d’une administration mexicaine est donc bien visible.

Par ailleurs, le décret de 1864 portant sur l’organisation et l’administration de l’armée mexicaine prévoit une répartition en sept « divisions territoriales militaires », elles-mêmes subdivisées en 26 secteurs(108). Ces grandes divisions territoriales sont un bon indicateur de l’organisation de l’espace mexicain, qui s’organise autour d’une grande ville. La première division est celle de Mexico, la seconde celle de Puebla, la troisième celle de Guadalajara, la quatrième celle de Monterey, la cinquième celle de Durango, la sixième celle de Culiacan et la septième celle de Merida. À la manière de la France, le Mexique est divisé en grandes régions administratives. Le fait régional a toujours été important dans ce pays. Ce découpage territorial permet de développer autour des grandes villes des zones organisées répondant à une autorité politique, relais du pouvoir impérial. Cette réorganisation ne constitue finalement qu’une facette de l’organisation, dans la mesure où le modèle français se retrouve en particulier reproduit dans la sphère militaire.

Doter l’empire mexicain d’une armée : premier objectif des autorités françaises

Les troupes françaises sont épaulées depuis le début par les contingents militaires mexicains hostiles à Juarez. Des militaires charismatiques, comme le général Marquez, parviennent à rallier autour d’eux des troupes mexicaines prêtes à servir le nouvel empereur mexicain. L’arrivée de Maximilien est très attendue par ces hommes qui lui témoignent leur fidélité avant même de le connaître. Les autorités françaises attendent l’arrivée au Mexique du nouveau souverain pour commencer à doter le pays d’une armée impériale. Une fois Maximilien au pouvoir le 28 mai 1864, les demandes de rapports sur l’armée mexicaine se multiplient. La France est en première ligne pour réorganiser l’armée mexicaine, le changement ne peut se faire sans le soutien de Napoléon III. Bazaine tente d’évaluer l’ampleur de la tâche. Ainsi le colonel d’état-major de la Giesse écrit dans un rapport du 1er août 1864, justifiant la nécessité d’une réorganisation de l’armée mexicaine, que « la dépense est lourde mais le malade ne peut être sauvé qu’à ce prix et il possède assez pour relever promptement sa richesse, pourvu qu’il vive. Si cher que soit le remède il ferait une triste économie en refusant d’en supporter les frais »(109). Il est question de faire participer l’Empire Mexicain à cette tâche de réorganisation de l’armée. La réorganisation de l’armée mexicaine a un coût et les militaires français en sont bien conscients. Dans son rapport, le colonel Giesse affirme que cette « dépense inévitable » doit être conçue comme un « véritable placement ». L’enjeu économique est de taille ; mais doter Maximilien d’une armée impériale figure parmi les objectifs premiers de Napoléon III.

La réorganisation de l’armée mexicaine constitue une tâche primordiale pour les autorités françaises. Selon elles, la mise en place d’une armée impériale sur le modèle français constituerait un point d’appui considérable pour le nouveau régime impérial qui doit s’affirmer et trouver ses marques dans une société hétérogène et instable. D’ailleurs dans un rapport français de 1864 portant sur l’organisation d’un corps auxiliaire à mettre à disposition du gouvernement mexicain, il est précisé que :

« le rouage le plus important à créer immédiatement est celui de l’armée ; il est nécessaire de constituer dès à présent au Mexique un corps auxiliaire dont l’organisation soit un type sur lequel viendront se modeler successivement, comme instruction, discipline et sentiment du devoir, tous les corps mexicains.

Il faut que ce corps soit tout d’abord un moyen d’action rigoureux et énergique, un point d’appui sur lequel le gouvernement mexicain puisse toujours compter, tant que n’auront pas disparu du pays les habitudes d’insoumission aux lois qui, depuis son indépendance, ont fait le malheur du Mexique.

Il faut que ce corps auxiliaire soit constitué dans les meilleures conditions, que tous les éléments aient bonne volonté, vigueur et sentiment du devoir, tels que nous les rencontrons dans l’armée française »(110).

Cet extrait est très représentatif de l’état d’esprit dans lequel est opérée cette réorganisation militaire. L’objectif politique est évident, puisqu’il est question de fédérer les Mexicains au sein d’une armée impériale. Cette armée serait un lieu destiné à « élever l’esprit public »(111). D’autre part l’armée française est envisagée comme un modèle.

La participation des cadres français tels que Bazaine à l’organisation de l’armée impériale mexicaine constitue une première illustration de l’implication française dans cette tâche de reconstruction militaire. Non pas que Maximilien refuse de s’impliquer, mais celui-ci préfère déléguer ses responsabilités. Ainsi, une loi organique de l’armée impériale mexicaine est adoptée le 25 janvier 1865, mais le nouvel empereur du Mexique écrit une dépêche à Bazaine dès le 14 mai 1865 lui confiant le soin de « poursuivre activement l’organisation de l’armée impériale du Mexique »(112). Le général autrichien de Thün se voit également attribuer quelques responsabilités(113). Néanmoins, c’est bien le modèle d’organisation militaire français qui est retenu. La France établit au Mexique une armée calquée sur la sienne ; ainsi la division par armes est la même dans les deux pays. Les trois armes principales de la nouvelle armée impériale mexicaine en sont les exemples. Concernant l’infanterie, les subdivisions des unités tactiques sont les mêmes qu’en France.(114) Pour ce qui est de la cavalerie, le capitaine Meunier écrit que « l’organisation de l’escadron est identiquement la même que celle de l’escadron français »(115). De même concernant l’artillerie, l’organisation des batteries correspond au modèle français. Beaucoup d’équipements et d’armes sont fournis par la France, mais la similitude entre les deux armées est saisissante pour ce qui concerne les uniformes(116).

Une fois les plans de réorganisation de cette armée impériale mexicaine adoptés, il faut lui fournir des cadres. Dans un premier temps, il s’agit de remettre de l’ordre dans les rangs en traitant le cas des officiers déjà en service. Ce travail est confié au général Rivascacho qui, en plus de sa mission, doit rendre des comptes à Bazaine. Ainsi, certains militaires, ayant profité de la situation troublée au sein de l’armée mexicaine pour changer de grades, sont inquiétés. Le général Rivascacho se lance dans une vaste politique de retrait, de validation ou d’attribution de brevets. Beaucoup de cadres sont, de cette façon, destitués. C’est le cas d’un certain Manuel Bayercedi qui est « rayé des cadres de l’armée à laquelle il est plus que douteux qu’il ait jamais appartenu »(117). Parallèlement à cette action, des écoles d’officiers doivent être créées sur le modèle français. Un mémoire rédigé par le capitaine Hugenet du 99e de ligne alerte Bazaine sur le manque de cadres de cette armée impériale mexicaine(118). Les conditions exigées pour être officier sont les suivantes : savoir lire et écrire correctement, connaître les règles de l’arithmétique, avoir des notions suffisantes sur l’administration des compagnies et connaître les règlements militaires. Pour former une élite militaire, Hugenet suggère de créer des collèges militaires à Mexico, Guadalajara, San Luis ou Monterey pour rendre l’armée accessible à tous. Il écrit que « ces collèges seraient organisés sur le modèle du Prytanée Impérial de La Flèche en France ». Les enfants mexicains pourraient y accéder dès l’âge de dix ans pour y suivre une scolarité de sept ans, chaque année ferait l’objet d’un programme précis et serait ponctuée d’un examen. Il est également question d’établir une école militaire principale sur le modèle de l’École Impériale Miliaire de Saint-Cyr, ainsi qu’une école d’état-major fondée sur l’exemple de l’École de Guerre française. Le capitaine Hugenet conclut que toutes ces opérations semblent difficiles à mener à bien, voire même impossible à réaliser. Cependant, les autorités françaises ont probablement tenté de faire aboutir ces projets puisque dans son rapport de 1873, le capitaine Meunier fait mention d’une école d’officiers localisée à Tacubaya, fournissant l’essentiel des cadres, et dont les cours sont « calqués sur ceux de Saint-Cyr »(119). Ainsi, la participation de la France à la réorganisation de l’armée mexicaine est importante. Maximilien laisse une grande marge de manœuvre aux autorités françaises, ce dont elles profitent pour persuader l’empereur du Mexique de créer rapidement une gendarmerie impériale mexicaine reposant sur le modèle français.

La mise en place d’une gendarmerie mexicaine

Les gardes rurales stables et les gardes rurales mobiles obtiennent quelques résultats mais le manque d’efficacité de ces troupes reste un problème pour les autorités françaises. Les militaires ne peuvent compter sur ces forces auxiliaires pour pacifier pleinement les régions conquises. Par ailleurs, la réorganisation de ces gardes rurales prend trop de temps et génère trop de conflits. C’est le cas entre les localités de Fragoso et Tépéji. Les hommes qui veulent rejoindre les forces de Fragoso sont arrêtés à Tépéji et dépossédés de leurs armes et de leurs équipements, au profit de la force de Tépéji(120). La gendarmerie française apparaît comme un corps fiable, qui a la confiance de Napoléon III. Maximilien est sensible à cette crédibilité de l’arme et désire, avec l’aide de Bazaine, créer un corps chargé de la sécurité intérieure qui mettrait tout le monde d’accord. La gendarmerie française est alors prise pour modèle. Ce savoir-faire en matière d’administration et de sécurité intérieure fait rapidement l’objet d’une exportation. Dans la loi organique de l’armée de janvier 1865, un décret spécial mentionne la gendarmerie. Le journal L’Ère Nouvelle du 29 janvier 1865 expose à ses lecteurs le décret précité et débute ainsi :

« L’Empereur, considérant qu’il est d’une absolue nécessité de veiller à la sécurité publique, à la conservation de l’ordre et à l’exécution des lois, a porté son attention d’une manière particulière sur la formation de ce corps dont la tâche sera de rendre permanente la sécurité du pays »(121). L’objectif principal est bien de garantir la sécurité intérieure et de pacifier le Mexique.

Il est prévu que cette gendarmerie mexicaine soit organisée en légions. En réalité, une seule légion, commandée par un colonel, est créée au Mexique. Cette unité doit être composée de trois compagnies distinctes, rassemblant elles-mêmes différents détachements et brigades. Le tableau figurant en annexe présente à la fois les effectifs prévus mais aussi leur rémunération par grade, à l’année(122). La dépense est considérable mais les autorités ne peuvent passer outre. On peut noter que l’écart de salaire entre les troupes à pied et les troupes montées est conséquent. Ainsi, un simple gendarme à cheval gagne plus qu’un caporal à pied. Comme en France, l’entretien des montures est confié aux cavaliers, ce qui occasionne des dépenses supplémentaires. Ce décret prévoit également que la solde soit divisée par deux en cas de permissions, d’emprisonnement ou d’hospitalisation. En revanche, des primes de deux piastres pour les officiers et de cinquante centavos pour le reste des troupes sont prévues pour les jours de marche et de campagne avec l’armée(123). Le logement doit être fourni par les départements et les localités. L’organisation en brigades est laborieuse et les gendarmes sont parfois logés chez l’habitant ou dans d’anciens locaux occupés par l’armée régulière.

L’influence française dans la création de cette gendarmerie mexicaine est telle que le code militaire français est appliqué à la gendarmerie, ainsi que le règlement de la gendarmerie française de 1854. Par ailleurs, le chantier consistant à instaurer le modèle de gendarmerie française au Mexique est confié entièrement à Bazaine par Maximilien. Bazaine écrit le 16 mai 1865 que celui-ci va s’occuper « sérieusement » de l’organisation de la gendarmerie tout en désignant les cadres de cette force publique(124). Les dirigeants sont choisis parmi le contingent français. Ainsi, le capitaine Lamarche, gendarme français détaché à la prévôté, se voit confier la tâche d’organiser les trois compagnies de la nouvelle gendarmerie impériale mexicaine. Sa marge de manœuvre est importante et, pour la réalisation de ses travaux, il est promu chef d’escadron. Les premiers ordres qu’il reçoit de la part de Bazaine sont de se présenter à Maximilien pour s’entendre sur les moyens qui seront nécessaires à la formation de ce nouveau corps afin d’« être en mesure de commencer sans délais » les opérations(125). Pour l’aider à accomplir sa tâche, le lieutenant Faval est choisi pour être l’adjoint de Lamarche. Comme l’écrit Bazaine dans une dépêche du 17 mai 1865 « […] J’ai désigné pour diriger cette première opération M. le chef d’escadron Lamarche et j’y ai mis à sa disposition pour le seconder M. Faval, lieutenant au 3e Zouaves proposé pour entrer dans la gendarmerie et qui a déjà subi ses examens d’aptitudes »(126). Bazaine se veut optimiste quant à l’organisation de cette gendarmerie mexicaine et se réjouit de voir que Maximilien sollicite l’aide de la France. Beaucoup d’optimisme et de fierté dans sa lettre du 17 mai 1865 :

« […] Sa Majesté avait daigné […] me témoigner le désir de voir un officier français de la gendarmerie impériale française diriger cette organisation en la calquant autant que possible sur celle de la même arme en France dont l’expérience a démontré la perfection.

[…] J’ai la conviction qu’avec cette bonne entente et des moyens suffisants, la mission importante et difficile confiée au commandant Lamarche pourra rapidement être menée à bonne fin. »

Le parcours de Lamarche est à la fois traditionnel et original. Il est né en Côte d’Or en juillet 1819(127). Son père était cultivateur. Il décide de s’engager au 2e régiment de carabiniers à l’âge de vingt ans. En avril 1847 il passe sous-lieutenant, puis capitaine au 1er mai 1854. Il rejoint la gendarmerie en 1857 et sert en tant que prévôt en Italie. Il est détaché en tant que prévôt au corps expéditionnaire du Mexique en juillet 1862. Il est le seul officier détaché à la prévôté ayant déjà une expérience dans ce domaine. Son parcours devient original au moment où il reçoit la mission peu commune d’organiser une gendarmerie impériale mexicaine sur le modèle de la gendarmerie impériale française. Il est alors promu chef d’escadron en mars 1865. Il s’attache à remplir sa mission du mieux qu’il peut mais n’hésite pas à pointer du doigt les incohérences et les difficultés liées à l’organisation d’une gendarmerie mexicaine. Il est renvoyé en France le 4 décembre 1865 pour y diriger la compagnie des Vosges. Ce commandant, décoré de la médaille d’Italie, fait chevalier de la Légion d’honneur en 1859, puis officier de l’ordre impérial de la Guadaluppe du Mexique en 1865 et ayant reçu la médaille du Mexique, termine sa carrière en 1875 après avoir combattu les Prussiens. Néanmoins, une interrogation peut être soulevée quant à sa démobilisation. Celle-ci intervient en décembre 1865 alors que les archives témoignent de toute l’implication de Lamarche pour accomplir sa mission, celui-ci multipliant les rapports et les échanges tant avec Maximilien qu’avec Bazaine. Officiellement Lamarche est rentré en « congés de convalescence ». Peut-être la vraie raison de son retour réside-t-elle dans la volonté d’écarter un officier qui n’hésite pas à rendre compte à ses supérieurs des réalités et de la difficulté de son entreprise.

La France prend ainsi en charge la réorganisation tant administrative que militaire du nouvel Empire Mexicain de Maximilien. Les autorités françaises mettent à disposition des Mexicains leur savoir-faire et la gendarmerie ne fait pas exception à la règle. Maximilien tente d’adapter ce modèle policier au Mexique. Cependant, les difficultés sont nombreuses et la mise en place de cette gendarmerie impériale mexicaine, qui devait être rapide, connaît des problèmes.

CHAPITRE V - Les débuts laborieux de la gendarmerie mexicaine(128)

Il ne suffit pas aux autorités d’établir un décret pour que l’organisation et les mentalités d’un pays changent. L’instauration d’un modèle policier tel que celui de la gendarmerie dans un pays comme le Mexique, ayant des coutumes et une population différentes de celles de la France, ne se fait pas sans difficultés. L’établissement d’une gendarmerie au Mexique ne va pas de soi. En effet, le soutien de la population est nécessaire, mais la participation active de gendarmes français également. Le manque de patience du chef d’escadron Lamarche lui a peut-être coûté sa place à la tête de la gendarmerie Mexicaine. Il s’agit pour Bazaine et Maximilien de le remplacer rapidement afin de ne pas retarder le développement de cette gendarmerie impériale mexicaine. Trouver un chef français pour commander cette gendarmerie mexicaine n’est pas simple.

À qui confier la gendarmerie impériale mexicaine ?

À l’été 1865, il est décidé que Lamarche quittera le Mexique. Ce dernier rentre en France en décembre 1865 sans avoir démérité face à la mission qui lui a été confiée. Ses rapports sont un bon observatoire des difficultés rencontrées dans l’organisation d’une gendarmerie mexicaine. Pour le remplacer, Bazaine choisit le colonel Lafon(129), le lieutenant-colonel de Tindal(130) est chargé d’assurer l’intérim. À l’image de son prédécesseur, Lafon est très dynamique et bénéficie des premiers travaux du chef d’escadron Lamarche. Il parvient à mener à terme l’organisation de deux compagnies de gendarmerie sur les trois prévues. Cependant, une nouvelle fois, le commandement français de la gendarmerie mexicaine est mis en difficulté. Le colonel Lafon est victime de deux accusations dès octobre 1866, moins d’un an après avoir pris ses fonctions. D’une part, Bazaine lui reproche de « disparaître en laissant à d’autres la responsabilité des actes qu’il prescrit » et, d’autre part, d’avoir établi un traité frauduleux sur le prix de revient des effets d’équipement de la gendarmerie lui permettant de s’enrichir à titre personnel(131). Bazaine demande qu’une enquête soit menée afin de vérifier ces assertions. Les deux griefs font l’objet de deux enquêtes séparées. Le général Maussion doit traiter l’accusation militaire et l’intendant Friant doit s’occuper de la partie administrative. Les investigations ne mènent finalement à rien. Dans un rapport d’octobre 1866 destiné à Maximilien, Maussion « rend le plus grand hommage à la manière dont le colonel Lafon s’acquitte de ses fonctions »(132). Les accusations concernant d’éventuelles désertions ou même l’arrestation inopportune de diligences sont réfutées par le général Maussion. Dans ce même rapport d’octobre 1866, l’intendant Friant ne relève aucune observation « pouvant donner lieu à des accusations graves ». Bazaine demande alors à Maximilien de restituer à Lafon le commandement de la gendarmerie mexicaine.

Cependant, l’empereur du Mexique préfère poursuivre les investigations et écarte le colonel Lafon de toutes responsabilités. Pour le remplacer, Maximilien désigne le lieutenant-colonel Tindal. La rupture entre les autorités mexicaines et françaises est bien réelle. Bazaine pointe du doigt le fait que la décision de mettre à pied le colonel Lafon est de nature à perturber le processus d’organisation d’une gendarmerie impériale mexicaine. Il demande même la réhabilitation du colonel Lafon, mais rien ne peut faire changer la décision de Maximilien. Le 19 août 1867, Bazaine profite d’une circulaire concernant les militaires français servant dans l’armée mexicaine pour signaler à Maximilien que Lafon est arrivé par ses propres moyens au Mexique et qu’il n’a toujours pas reçu de dédommagement. Celui-ci aurait théoriquement dû recevoir entre 1 500 et 2 000 piastres d’indemnités(133). Cette réclamation montre que presque un an après sa révocation, l’opposition entre Bazaine et Maximilien est toujours présente au sujet de la direction de la gendarmerie impériale mexicaine. Tindal est cependant maintenu dans ses fonctions.

Les effectifs de la gendarmerie impériale mexicaine : un recrutement particulier

La gendarmerie mexicaine doit trouver sa place dans l’organisation administrative du pays. Reposant entre la nouvelle armée impériale et les gardes rurales, elle doit attirer dans ses rangs des hommes désireux de tenter l’expérience de servir dans un tout nouveau corps. Le journal l’Ère Nouvelle mentionne la formation d’un corps de 1 530 hommes à cheval, auquel s’ajouteraient 178 hommes à pied, le tout encadré par 28 officiers et 214 gradés. Les objectifs de recrutement sont donc précis et importants. Bazaine et Napoléon III ne souhaitent pas transmettre à Maximilien le savoir-faire français sans lui fournir les éléments susceptibles de conduire le projet de gendarmerie mexicaine à la réussite. Pour ce faire, le chef d’escadron Lamarche, porteur du projet en 1865, prévoit de s’appuyer essentiellement sur des troupes françaises. Il est convenu que 28 officiers et 400 gendarmes viendront de France avec leurs familles pour servir dans la gendarmerie impériale mexicaine. Néanmoins, assez rapidement, Bazaine alerte Lamarche sur les difficultés rencontrées en France pour trouver un nombre suffisant de gendarmes volontaires susceptibles de quitter la métropole(134). Une solution à ce problème est rapidement proposée par Maximilien et Bazaine. Il est question de former la légion de gendarmerie mexicaine à partir de militaires français de tous grades faisant partie du corps expéditionnaire et volontaires pour rejoindre la gendarmerie de Maximilien. Ces derniers passent devant une commission et Bazaine valide ou non leur passage dans la gendarmerie impériale mexicaine. Ainsi, une commission est établie pour valider le passage de militaires français dans la gendarmerie mexicaine. Les militaires français doivent répondre aux critères imposés, dont trois principaux se détachent. Le premier est d’être libérable par rapport au service français. Il faut, comme en France, être de bonne moralité et posséder, en outre, une certaine familiarité avec la langue espagnole(135). Beaucoup de demandes n’aboutissent pas. Ainsi le soldat Lecoq du régiment étranger voit sa demande refusée car il n’a pas obtenu l’autorisation de son supérieur, mais également parce qu’il vient de sortir de prison ! Il avait été condamné à six mois de prison pour s’être immiscé dans des fonctions publiques civiles sans avoir de titres(136). De même pour les militaires Colin, Primer et Scharff qui « ont prouvé par leur conduite irrégulière, n’avoir aucune aptitude pour le service de gendarme »(137). Ces archives de l’état-major général font état, pour l’année 1865 de cinq demandes de gendarmes français pour rejoindre les rangs mexicains(138). C’est le cas des gendarmes Delatour, Jaoul et Jégut appartenant à la prévôté et ayant respectivement 19 ans, 13 ans et 14 ans de service. Deux officiers demandent à rejoindre la gendarmerie mexicaine. Il s’agit du capitaine Lauriac et du lieutenant Faval. Ces demandes sont acceptées. Les officiers français de gendarmerie désireux de rejoindre les rangs de la gendarmerie impériale mexicaine sont précieux. D’abord parce que les officiers de gendarmerie sont moins nombreux proportionnellement que ceux provenant des autres armes, mais surtout parce que ces derniers sont très courtisés par Maximilien, qui souhaite que la majorité des postes d’officiers de la gendarmerie mexicaine soient occupés par des officiers français(139).

Maximilien a une conception très précise de ce que doit être sa gendarmerie. Selon lui, un tiers des effectifs doit être constitué de Français, un autre tiers de Mexicains. Le reste du personnel devant être formé par des Austro-Belges, il conviendra si nécessaire de faire appel à des volontaires européens. L’arme apparaît comme une sorte de synthèse de l’expédition. L’initiative est française, comme pour l’établissement de l’Empire, le modèle est français, la majorité des effectifs est fournie par la France et d’autres nations viennent apporter leur soutien à cette force de sécurité intérieure naissante. Ainsi, à la demande de l’empereur du Mexique, des volontaires Austro-Belges doivent être versés dans la gendarmerie mexicaine. Maximilien souhaite s’appuyer sur ces forces venant de son pays et qui lui sont entièrement dévouées. Les Austro-Belges devant rejoindre la gendarmerie font l’objet d’une sélection tout aussi rigoureuse que les Français. Bazaine écrit au général de Thün(140) en mai 1865 qu’il importe de ne « prendre que des militaires dont la conduite est irréprochable et sachant autant que possible parler un peu espagnol »(141). Dès le 20 juin 1865, une vingtaine de militaires autrichiens sont détachés pour servir dans la gendarmerie mexicaine(142). Néanmoins, les effectifs peinent à augmenter. Maximilien était pressé de voir sa gendarmerie prête à servir en janvier 1865. Cinq mois plus tard, le 29 juin 1865, dans une lettre, le chef d’escadron Lamarche commandant alors la gendarmerie mexicaine qualifie cette unité de « corps en formation »(143).

Dès lors, plusieurs mesures sont prises par les dirigeants dans le but d’augmenter les effectifs et d’encourager les engagements. Le colonel de Brachel, servant dans l’état-major, est chargé par Bazaine de rédiger un rapport sur la question du recrutement dans les forces armées au Mexique. Il écrit que « l’amour de la Patrie, la solde et l’espérance à l’avancement n’ont jamais été des stimulants assez forts pour appeler des volontaires sous les Drapeaux […]. Du moment où la bonne volonté ne suffit plus pour remplir les rangs de l’Armée, il n’y a que la force et la ruse […] qui puissent atteindre ce but. »(144). Ce colonel dresse alors une liste des différents modes de recrutement. L’enrôlement forcé étant interdit au Mexique, la conscription étant pour le moment impossible, le recrutement associé au versement d’une prime ou à de l’avancement pour les recruteurs en fonction du nombre de recrues entraînant un risque de mercantilisme ou de médiocrité, le colonel de Brachel échafaude une méthode originale de recrutement. Il s’agit de s’adresser aux recruteurs et de les contraindre à présenter un certain nombre de recrues dans un certain délai sous peine d’amendes à payer pour tous les nouveaux venus manquant à l’appel. Cette méthode, qui ne semble guère correspondre aux principes humanistes de Maximilien, ne retient pas l’attention de l’empereur qui ne souhaite pas contraindre les esprits et les hommes.

Aussi, en accord avec Bazaine, Maximilien fait plusieurs tentatives pour accroître autrement les effectifs de sa gendarmerie. Dans un décret du 23 juin 1865, il permet aux militaires français passant dans la gendarmerie mexicaine et accomplissant huit ans de service de décompter ce temps de service au moment de leur retraite(145). Cette réforme ne concerne que les hommes de troupe et Maximilien précise que « la gendarmerie seulement pourra jouir de cette faveur ». Concernant les gendarmes venant de France, le sous-secrétaire à la Guerre précise que les officiers seront promus au grade supérieur et toucheront 150 piastres avant l’embarquement. Les gendarmes recevront eux 200 piastres. Le commandement français assure que le sacrifice de certains sous-officiers renonçant à leur grade obtenu sous le drapeau français ne saurait être oublié et sera, à un moment ou à un autre, récompensé. Le gouvernement mexicain prendra en charge les frais de la traversée de St-Nazaire à Vera-Cruz(146). Il est prévu que la rémunération des gendarmes soit alignée sur celle de la gendarmerie coloniale française pour les hommes de troupe et pour les officiers sur celle des officiers de gendarmerie en campagne. Une prime d’engagement supplémentaire sera prise en charge par le gouvernement mexicain. La gendarmerie impériale mexicaine devient donc un peu plus attractive pour les Français mais aussi pour les Mexicains. Beaucoup d’anciens militaires ou d’anciens rurales y voient la possibilité d’un nouveau départ, d’une chance aussi dans un pays secoué alternativement par les guerres et les révolutions(147). Pour ce qui est du corps français, les demandes affluent et la commission de recrutement présidée par Bazaine se montre de plus en plus ferme sur les critères de sélection. En 1865, Bazaine prend la décision qu’aucun homme servant dans l’artillerie ne pourra rejoindre la gendarmerie, en raison de l’éventuel aboutissement d’une multitude de demandes risquant de priver de personnel le service de la première batterie(148). Par ailleurs, des délais sont accordés à de Thün et à Van der Smissen pour fournir des troupes austro-belges car les critères de sélection pour passer dans la gendarmerie mexicaine sont une source de difficultés.

Cependant, à la suite des différentes mesures incitatives, le nombre de demandes pour rejoindre la gendarmerie mexicaine augmente sensiblement. Passer dans la gendarmerie mexicaine est pour certains militaires l’occasion de faire la carrière qu’ils n’auraient pu avoir dans l’armée. Ainsi, le nommé Joseph Regard, maréchal des logis fourrier au 5e escadron du train des équipages, détaché à la gendarmerie mexicaine le 24 juillet 1866 se retrouve, moins d’un an plus tard, en mars 1867, promu au grade de sous-lieutenant(149). Les demandes les plus inattendues parviennent à Bazaine. C’est le cas d’un certain Comyn, un Irlandais dont la demande est appuyée par la Couronne britannique, pour rejoindre les rangs de la gendarmerie impériale mexicaine en tant qu’officier(150). La commission de recrutement se permet de durcir le ton et d’augmenter ses exigences de moralité. Bazaine affirme que « la gendarmerie est un corps d’élite qui ne doit être composé que d’hommes de choix. Il importe donc d’exiger rigoureusement le certificat de bonne conduite de tous les militaires français libérés du service et qui se présentent pour contracter un engagement et de refuser sans exception tous ceux qui sortent du bataillon d’infanterie légère d’Afrique »(151). Ce principe s’applique avec le nommé Brécart, ancien militaire français servant dans la gendarmerie mexicaine, qui est renvoyé de la gendarmerie impériale mexicaine pour être transféré à la prison de Mexico en octobre 1865(152). Les demandes provenant du bataillon d’Afrique et du corps étranger affluent. Ces deux régiments ont la réputation d’être deux régiments disciplinaires. Beaucoup de militaires y ayant leur affectation voient en la gendarmerie mexicaine le moyen de prendre un nouveau départ, de tirer un trait sur un passé souvent chaotique. Ces derniers réussissent pourtant à s’attirer la méfiance de Bazaine, en raison de certains écarts de comportement. Ils font l’objet d’un suivi particulier.

Le recrutement de la gendarmerie impériale mexicaine suit son cours et, petit à petit, une force de sécurité intérieure prend forme(153). Les trois compagnies formant la légion de gendarmerie impériale mexicaine ne sont pas immédiatement opérationnelles. Lamarche puis Lafon choisissent de procéder par étapes. En juillet 1865, Lamarche compte sous ses ordres deux officiers, 18 gendarmes équipés de douze chevaux. Il espère recruter 120 à 150 hommes sous huit mois(154). Celui-ci étant renvoyé de son poste en août 1865, il ne peut mener à terme ses objectifs. Le colonel Lafon, chargé de le remplacer, reprend les travaux initiés par son prédécesseur. Il parvient en mars 1866 à porter l’effectif de la gendarmerie impériale mexicaine à 130 hommes. En mai, un rapport sur l’armement fait état d’une gendarmerie mexicaine forte de 200 hommes(155). La première compagnie de gendarmerie impériale mexicaine peut être mise en place et être enfin opérationnelle.

Mexico : point d’ancrage du maillage territorial par les brigades de gendarmerie

Mexico : le point de départ

Le projet initial de création de la gendarmerie mexicaine prévoyait la création de trois compagnies. Il était question de procéder par étapes en commençant par former un « petit corps de gendarmerie » à Mexico destiné à servir de « noyau » à la gendarmerie impériale mexicaine(156). Le chef d’escadron Lamarche commence donc par cette étape lorsqu’il se voit confier la mission d’organiser la gendarmerie mexicaine à la mi-mai 1865. Mexico s’impose comme quartier général de la gendarmerie impériale mexicaine.

Mexico apparaît comme une sorte de laboratoire dans lequel serait testée la première compagnie de gendarmerie mexicaine. Tout se passe comme s’il fallait acclimater cette nouvelle arme au pays, aux habitants ou inversement. Pourquoi une implantation à Mexico alors que d’autres places comme Puebla bénéficient déjà de forces locales efficaces organisées sur le modèle de la gendarmerie et en portant parfois même le nom ? D’une part Mexico est la capitale, donc d’une certaine façon la vitrine du pays. Il convient pour Maximilien de pouvoir s’appuyer sur la ville principale du pays, notamment pour la pacifier et la sécuriser. Par ailleurs, la position géographique de Mexico est stratégique. Cette ville se situe dans le cœur dynamique du Mexique. Elle est la première grande étape après avoir débarqué depuis le port de Vera-Cruz(157). La stratégie de Bazaine, en appliquant les consignes de Maximilien, est d’agir en tache d’huile. C’est-à-dire en répartissant les brigades de la première compagnie de gendarmerie à Mexico dans un premier temps, puis dans sa périphérie dans un second temps. Maximilien souhaite établir un maillage territorial pour asseoir sa souveraineté. Il n’est pas question pour le commandant en chef français de parvenir à une centralisation comme cela peut être le cas en France. Il s’agit, par l’intermédiaire de ces compagnies de gendarmerie, de s’implanter solidement dans des régions stratégiques du pays, de les sécuriser et d’opérer au fur et à mesure une jonction progressive entre ces différentes brigades. Le but étant une couverture de l’ensemble du territoire mexicain. La stratégie adoptée se situe donc sur le long terme.

Avec l’arrivée de cette nouvelle force de sécurité intérieure à Mexico, la question de la place à accorder à la garde municipale de Mexico se pose. Le commandement français profite du retour en France de Lamarche, à l’été 1865, pour réorganiser la garde municipale de Mexico. Cette tâche est confiée au lieutenant-colonel de Tindal chargé de remplacer temporairement le commandant Lamarche, en attendant que le colonel Lafon prenne ses fonctions. La garde municipale de Mexico est l’une des plus importantes et l’une des plus abouties du pays. Sous les ordres du colonel Lamadrid, la garde de la capitale se composerait de quatre compagnies d’infanterie et deux escadrons de cavalerie, soit 495 hommes et 242 chevaux(158). Le 14 août 1865, Bazaine approuve le projet de réorganisation qui lui a été présenté par Tindal. La garde municipale de Mexico est très légèrement réduite mais il est question de lui donner davantage de prestance. La structure reste la même. Quatre compagnies d’infanterie devront servir aux côtés de deux escadrons de cavalerie. Chaque escadron comprendrait 120 chevaux. Les effectifs des troupes à pied sont portés à 500 hommes, regroupant des fantassins et une musique. Le changement le plus remarquable réside dans le lieu où ils serviront. La moitié devra rester dans Mexico, l’autre moitié servira dans la périphérie. La gendarmerie impériale écarte la garde municipale de Mexico et la pousse aux frontières de la ville. Cette réorganisation permet à la garde municipale de Mexico d’obtenir des résultats suffisants pour échapper à la refonte des forces locales de novembre 1865(159) et de mai 1866(160). Les déclarations de Bazaine sur le rôle assigné à cette force municipale sont évocatrices et illustrent parfaitement l’application du savoir-faire français en matière de sécurité intérieure. Le maréchal affirme que cette garde municipale de Mexico est destinée à « assurer non seulement la sécurité dans Mexico mais encore dans tout le district de la capitale comme cela se pratique à Paris et sa banlieue au moyen de la garde municipale et de la gendarmerie de la Seine »(161). Le nouveau rôle de la garde municipale de Mexico repose donc entièrement sur la force de gendarmerie naissante.

Cette force de gendarmerie n’est pleinement opérationnelle que sept mois après la réorganisation de la garde municipale de Mexico. Le colonel Lafon remplace le lieutenant-colonel de Tindal à la fin de l’année 1865 et reprend en main la création de la gendarmerie impériale Mexicaine. En mars 1866, ce dernier affirme que « la gendarmerie impériale mexicaine compte actuellement un assez grand nombre de gendarmes équipés et montés pour que ce corps puisse commencer à détacher des brigades aux environs de la capitale »(162). L’effectif de cette 1ère compagnie de gendarmerie est alors de 130 hommes. Lafon commence à répartir différentes brigades dans la banlieue de Mexico. Il est prévu que cinq détachements soient établis. Le premier doit s’implanter à Ayolta avec à sa tête un lieutenant, un maréchal des logis, un brigadier et dix gendarmes à cheval. Le second détachement doit se déployer à Venta de Cordova ; il doit être commandé par un lieutenant assisté d’un maréchal des logis et composé de douze gendarmes à cheval. Un caporal et cinq gendarmes à pied sont prévus pour renforcer le dispositif. Le troisième détachement doit s’installer à Rio Frio. Cette brigade est un peu plus importante que les quatre autres puisqu’elle doit être commandée par un capitaine, assisté par un brigadier et seize gendarmes à cheval. Un maréchal des logis, un brigadier et dix gendarmes à pied sont également prévus pour cette brigade. Les deux détachements suivants ont des effectifs plus restreints. À Tlanenpantla, il est convenu d’envoyer un lieutenant, un maréchal des logis, un brigadier et dix gendarmes à cheval. Enfin, un lieutenant, un maréchal des logis et douze gendarmes à cheval sont détachés pour servir à Mexicalindo(163). Le dispositif déployé dans la banlieue de Mexico n’est pas tout à fait comparable à la situation française. En effet, toutes les brigades précédemment évoquées sont commandées par un officier. En France la plupart des brigades le sont par des sous-officiers(164). Bazaine se montre pressant à l’égard de Lafon quant à l’établissement de ces petites brigades de gendarmerie. Ainsi en mars 1866, Bazaine demande à Lafon d’accélérer la mise en place de brigades de gendarmerie mexicaines sur la route de Mexico à Puebla. Lafon est un peu pris de court par ces demandes pressantes, si bien qu’il est question de fournir des tentes aux gendarmes en attendant la fin des travaux de casernement. Néanmoins, une circulaire du 19 novembre 1866 fait état d’une répartition solide des brigades dans la banlieue de Mexico. Ces avancées successives témoignent à la fois de l’intérêt manifesté par Bazaine pour la mise en place d’une gendarmerie mexicaine, mais aussi du dévouement du colonel Lafon qui s’acquitte des tâches qui lui sont confiées de la plus belle manière. Il est désormais question d’installer des brigades vers Puebla.

Le maillage progressif du territoire par les compagnies de gendarmerie impériale

Alors que Mexico est une place forte bien tenue par la gendarmerie mexicaine, Bazaine cherche à sécuriser l’axe entre Mexico et Puebla pour continuer l’expansion de la gendarmerie vers l’Est jusqu’à Vera-Cruz. Il se livre au général de Thün dans une lettre où il décrit son intention « de prolonger ces petites chaînes de gendarmeries jusqu’à Puebla et de l’autre côté de la ville, mais l’effectif actuel de la 2e compagnie qui n’est pas formée ne le permet pas encore »(165). Lafon doit déployer la seconde compagnie de gendarmerie impériale mexicaine à Puebla dans les meilleurs délais. Lafon ne traîne pas et comme l’écrit Bazaine le 27 juillet 1866, « la 2e compagnie de gendarmerie mexicaine est à peu près organisée » après avoir reçu les fonds nécessaires. Celle-ci peut rejoindre Puebla, ville désignée pour cette compagnie, dès le 2 août 1866, une fois son armement complété(166). Cette unité est un peu plus faible que la précédente puisqu’elle ne se compose que de cent hommes dont trente montés, y compris les sous-officiers. Pour cette compagnie, Lafon a dû agir dans la hâte pour satisfaire les demandes de son supérieur. Le recrutement semble s’essouffler mais il n’est pas nul. Cependant, sachant qu’il reste encore une compagnie à former, on peut se demander dans quelle mesure cette gendarmerie mexicaine, paraissant si prometteuse au début, n’est pas en train de s’affaiblir.

La première compagnie de gendarmerie est installée à Mexico, la deuxième à Puebla ; reste à former la troisième compagnie. Le colonel Lafon n’a pas le temps de mener cette mission à son terme. Victime d’une enquête officielle de la part du commandement, il est relevé de ses fonctions à la demande de Maximilien. Le lieutenant-colonel de Tindal, commandant la première compagnie de gendarmerie impériale mexicaine basée à Mexico, qui avait déjà remplacé le chef d’escadron Lamarche à la tête de la gendarmerie mexicaine, est désigné pour lui succéder. Le lieu choisi pour l’organisation de la dernière compagnie de gendarmerie mexicaine change plusieurs fois. Initialement cette compagnie devait s’organiser à Quérétaro(167). Puis en 1866, Bazaine écrit que la 3e compagnie de gendarmerie devra s’implanter à Orizaba, avant de choisir Cordova comme lieu de formation(168). La raison de ce dernier changement est la capacité d’accueil d’Orizaba, trop réduite en raison du grand nombre de troupes en garnison dans cette ville. La décision d’implanter la 3e brigade de gendarmerie à Cordova n’a rien d’étonnant. Cordova est une ville du district de Vera-Cruz. La stratégie est toujours la même : sécuriser l’axe Vera-Cruz/Mexico. Ainsi la route du ravitaillement utilisée par les troupes françaises est sûre. Les troupes françaises et Maximilien bénéficient d’un point d’ancrage fort dans le pays. Le 1er novembre 1866, une circulaire de Bazaine mentionne un convoi de 124 gendarmes mexicains armés se dirigeant vers Cordova. Le capitaine Roud est à la tête de cette troupe(169).

Une accumulation de petites brigades

Le recrutement semble difficile, l’expédition arrive à son terme, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous(170). Les aides financières sont de plus en plus difficiles à obtenir. Néanmoins, la gendarmerie impériale, partie de rien, enregistre tout de même de menues avancées. Le maillage territorial continue de se développer petit à petit. Ainsi une section de chemin de fer devant s’ouvrir entre Mexico et la ville d’Apizaco provoque l’envoi de quarante gendarmes à Apizaco. Ils reçoivent l’ordre de s’y installer solidement(171). Le chemin de fer fait prendre de l’importance à certaines localités comme Apizaco mais aussi comme Paso Del Macho, proche le Vera-Cruz, qui devient une ville importante en raison de l’établissement d’une « tête de ligne du chemin de fer »(172). De même, comme le précise Bazaine, de nombreux magasins de l’armée sont établis dans cette ville. Il devient nécessaire, pour les autorités, de sécuriser ce site. Un brigadier et 4 gendarmes y sont envoyés. Cet exemple montre que la gendarmerie impériale occupe une place centrale dans la réorganisation du pays par les autorités françaises. Cela prouve également que la gendarmerie impériale s’impose comme la force de sécurité intérieure par excellence sur le territoire mexicain. Le maillage territorial s’accroît petit à petit et certaines unités se spécialisent. C’est le cas de la gendarmerie du port de Métamoros(173). En mai 1865, une circulaire fait état d’une volonté d’acheter 3 bateaux pour maintenir la tranquillité dans le secteur de la rivière et lutter contre les vols dans le port. La comparaison avec la gendarmerie maritime française est tentante. Cette unité de Métamoros se spécialise dans la sécurisation du secteur portuaire(174).

La volonté d’aider le Mexique, tout en protégeant les acquis, perdure. Par ailleurs, une brigade de gendarmerie s’organise à Guadalajara. Cette dernière est commandée par le chef d’escadron Laurent. De même, le capitaine Trinité Vidal organise une brigade à Tapeji. Cette unité est forte de 23 gendarmes. Néanmoins ses demandes de renforts n’aboutissent pas(175).

Ce dernier exemple est très révélateur d’une situation qui se dégrade : plus le temps passe, plus il est difficile pour les brigades de gendarmerie d’obtenir quelque chose de la part du commandement. Le lieutenant-colonel de Tindal est par ailleurs controversé. Bazaine avait averti Maximilien que la nomination de ce dernier à la tête de la gendarmerie était risquée(176). Du point de vue de son organisation, la gendarmerie semble progresser moins rapidement qu’au moment où Lamarche et Lafon la commandaient. Le lieutenant-colonel de Tindal paraît moins croire en ce projet de force intérieure fondée sur le modèle français. Trois compagnies de gendarmerie impériale sont opérationnelles et de petits détachements se déploient sur tout le territoire mexicain. Finalement, plusieurs petites brigades de gendarmerie sont établies en complément des grandes compagnies de gendarmerie impériale. Certaines peuvent être recensées comme celle d’Apizaco, Guadalajara, Métamoros, Paso Del Macho ou Tapéji. La grande majorité de ces brigades est commandée par des officiers français. L’influence française est incontestable.

CHAPITRE VI - Un nouvel organe de sécurité intérieure à la française

Le corps de la gendarmerie impériale mexicaine est donc désormais en fonction. Bazaine, ainsi que les commandants successifs de la gendarmerie mexicaine, se sont pleinement investis dans la formation de ce corps. Le modèle français est bien la référence. L’exportation de ce savoir-faire se vérifie jusque dans les détails. En effet, le règlement de la gendarmerie française de 1854 est traduit en langue espagnole pour être appliqué à la gendarmerie de Maximilien. De plus, cette influence est renforcée par la présence d’une majorité d’officiers français au sein de la gendarmerie mexicaine. Ces chefs, commandants de brigades ou de compagnies, ont été formés en France et travaillent en appliquant des méthodes françaises. La gendarmerie mexicaine étant désormais organisée, comment va-t-elle pourvoir à son équipement ?

L’équipement de la gendarmerie impériale mexicaine, un équipement français amélioré ?

La question de l’équipement du nouveau corps de gendarmerie mexicaine est fondamentale. Avant la création ce corps, les gardes rurales réclamaient sans cesse du matériel et des armes. Bazaine rechignait la plupart du temps à leur en fournir. Pour la gendarmerie mexicaine, les choses sont différentes. Les dirigeants français ont la volonté de mener à terme leur initiative de création d’une gendarmerie au Mexique. La question de l’équipement, de l’armement et de l’habillement de cette troupe est prise en charge par la France.

Les armes en état de fonctionnement sont des denrées rares au Mexique. Les difficultés d’approvisionnement depuis la France ont pour conséquence une vétusté de l’armement. Les troupes de l’expédition ont du mal à obtenir des armes, qu’en est-il pour la gendarmerie ? Bazaine avait affirmé qu’il ferait de la formation de la gendarmerie impériale mexicaine l’une de ses priorités. Il confirme ce choix en faisant passer les demandes d’armes de la gendarmerie avant les autres. Il fait jouer toute son autorité pour trouver les armes. Il fait par exemple attribuer à la gendarmerie des armes qui n’ont pas été rembarquées en France avec leur propriétaire, et s’arrange pour transmettre à la gendarmerie mexicaine les armes des forces locales dissoutes… Le gendarme français de 1860 est armé du fusil d’infanterie modèle 1857 ou du mousqueton modèle 1829, du pistolet réglementaire de la gendarmerie modèle 1842 et d’un sabre de cavalerie ou d’infanterie(177). La gendarmerie mexicaine est équipée sur ces bases, même si bien souvent l’armement est dépareillé. Dans la majorité des cas, le modèle fusil, pistolet et sabre est respecté, bien que parfois certains gendarmes n’aient pas de sabres. Il n’y a pas d’armement uniforme de la gendarmerie impériale mexicaine. Le gouvernement mexicain et Bazaine utilisent les armes disponibles sur le marché. Le lieutenant Faval, qui est en charge de la comptabilité de la gendarmerie mexicaine, s’occupe des questions d’armement, d’équipement et d’habillement de la gendarmerie de Maximilien(178). La France participe partiellement à l’armement de l’ensemble de la gendarmerie mexicaine. Le matériel qui lui est fourni par la France provient des magasins d’artillerie. Bazaine précise dans une note du 13 mars 1866 que l’artillerie doit pourvoir aux besoins de la gendarmerie en armes et en munitions(179). C’est également à l’artillerie que les fusils défectueux doivent être reversés. Ainsi, une note prévoit le versement par l’artillerie à la gendarmerie mexicaine de 151 fusils à percussion, 169 pistolets et 169 sabres de cavalerie, le tout-venant de France, ainsi que 34 fusils divers et 63 carabines provenant du Mexique(180). Le modèle français est respecté. Les carabines sont les équivalents des mousquetons. Le gouvernement mexicain doit fournir lui-même des armes à ses troupes, Ainsi, Maximilien fait acheter 6 000 fusils aux États-Unis en novembre 1865(181). Pour Bazaine : « les sabres et les pistolets seront autant que possible de provenance étrangère, mais si la quantité est insuffisante vous pourrez compléter avec des sabres et des pistolets français. Vous ferez prendre au colonel Lafon les fusils à deux coups qui ont été confisqués ainsi que les rifles américains qui se trouvent à l’arsenal »(182). Bazaine tente de récupérer des armes où cela est possible, la France complète les stocks, si nécessaire seulement. Cependant, le manque d’uniformité de l’armement de la gendarmerie mexicaine semble temporaire. En effet, dans la même note précédemment citée, Bazaine poursuit de cette façon : « Il est bien entendu que ces armes devront être bien entretenues pendant qu’elles seront en service, et qu’elles devront être réintégrées en magasin lorsque la gendarmerie aura reçu son armement spécial ». Un projet d’armement uniforme pour la gendarmerie mexicaine existe donc. L’hypothèse que ces armes doivent sortir de futurs arsenaux mexicains peut être formulée. En attendant, la gendarmerie doit s’adapter avec un armement totalement dépareillé(183). Cela n’est pas sans poser quelques problèmes puisque certaines armes ne sont pas utilisées selon les normes. Les rifles américains par exemple ne sont pas forcément prévus pour être utilisés par la cavalerie, du moins les Français n’en ont pas l’habitude. Ainsi Lafon, dans un écrit du 28 mars 1866, se plaint que les rifles ont l’inconvénient de blesser les cavaliers lorsqu’ils sont au galop(184). Il obtient l’autorisation de remplacer l’intégralité des fusils de ce type qui lui ont été remis. Le manque d’uniformité ne concerne pas uniquement les armes à feu. Le 10 octobre 1866, Bazaine décide de verser 145 sabres provenant de l’armée autrichienne à la 2e compagnie de gendarmerie mexicaine de Puebla(185).

Plus la France s’enlise dans l’expédition – les difficultés s’accumulant pour le gouvernement mexicain –, plus il est difficile de fournir des armes à la gendarmerie mexicaine. Les Français se voient contraints de fournir de plus en plus d’armes alors que cela n’était pas prévu initialement. Le 18 octobre 1866, il est question de transmettre 240 mousquetons, 215 sabres de cavalerie et 215 pistolets au gouvernement mexicain(186). Ces armes sont destinées à équiper la 3e compagnie de gendarmerie mexicaine alors en formation. Ce sont autant d’armes dont les troupes françaises ne pourront pas bénéficier. La place importante occupée par le projet de gendarmerie mexicaine dans les objectifs français est ici confirmée. La tutelle de la France n’est pas à démontrer. Un an avant la fin de l’expédition, l’effort fourni par les Français est non négligeable. En novembre 1866, Bazaine clarifie la situation, Dans une note, il écrit :

« L’armement de la gendarmerie mexicaine est semblable à celui de la nôtre et doit être assuré au moyen d’armes françaises livrées contre remboursement au gouvernement mexicain. La gendarmerie de Cordova devrait donc régulièrement recevoir des mousquetons de gendarmerie avec baïonnette pour les gendarmes à pied et à cheval, des sabres de cavalerie légère pour les gendarmes à cheval et des sabres de troupe à pied pour les autres ; seulement vu le défaut de sabres de cavalerie dans nos magasins, il n’est actuellement possible de mettre à disposition de cette troupe de gendarmerie que des sabres de troupes à pied.

De plus vu l’urgence et le manque de ressources dans les caisses mexicaines, j’ai décidé que par exception ces armes dont il s’agit seraient livrées par l’artillerie française sans exiger de remboursement préalable du prix de cession […] »(187).

Le cas de la 3e compagnie de gendarmerie est révélateur. Il est d’absolue nécessité de respecter le modèle français avec le trio fusil mousqueton, pistolet et sabre. Peu importe la provenance des armes qui doivent être, autant que possible, trouvées ailleurs qu’en France. Néanmoins, au vu des difficultés rencontrées par le gouvernement mexicain et de la nécessité de doter l’Empire de Maximilien d’une gendarmerie effective au plus vite, Bazaine sait se montrer magnanime en piochant dans les stocks français pour fournir des armes au gouvernement mexicain, même si cela peut défavoriser les troupes françaises. Pour éviter de trop mettre en difficultés les troupes françaises – qui sollicitent également des armes – un suivi précis est organisé. Ainsi, il est rapidement constaté que la 3e compagnie de gendarmerie mexicaine a acquis trop d’armes. Le surplus doit être reversé à la France. Armée selon un modèle français et soutenue fermement par la France dans ses efforts, la gendarmerie mexicaine semble dépendante de la France. Dans ce domaine, l’action menée par Bazaine est de taille, parfois même au détriment des troupes françaises. Le modèle français est donc suivi pour l’armement de la gendarmerie mexicaine et l’implication de la France dans cette tâche est importante. Qu’en est-il de l’habillement de cette gendarmerie mexicaine ?

La question de l’habillement est complexe. Le Mexique présente un climat tellement différent de celui de la France que l’uniforme traditionnel de la gendarmerie doit être adapté. Il est dans un premier temps question que l’habillement des troupes soit identique à celui de l’armée française. Un rapport français met en avant plusieurs difficultés(188). Il est précisé que le sol, composé de poussière de sable ou d’argile, est si fragile que le pied s’y enfonce souvent jusqu’à la cheville. Le soulier et la guêtre ne peuvent empêcher cette poussière de rentrer dans la chaussure et de blesser le soldat. La savate utilisée par les Mexicains semble parfaitement adaptée, mais cette solution est écartée car elle ne correspond pas aux habitudes européennes. Le rédacteur de ce rapport préconise plutôt l’usage de brodequins ou de bottines qui permettraient la suppression de la jambière. Pour ce qui est du pantalon, il est question de conserver le pantalon de forme « zouave », c’est-à-dire, un pantalon ample et un peu bouffant. Pour la coiffure, le rapport souligne la nécessité de supprimer toutes les coiffures de l’armée françaises qui ne soient pas du type képi-casquette, équipées ou non d’un couvre-nuque. Cette coiffure protège bien du soleil, mais mal de la pluie qui l’alourdit considérablement. En revanche, la coiffure traditionnelle des Mexicains semble plus adaptée. Il s’agit du sombrero, mais ses dimensions sont trop grandes pour des hommes en rang et offrent une trop grande prise au vent. Il faudrait le réduire pour obtenir une coiffure « qui ne manquerait pas de cachet militaire ». Le rédacteur de ce rapport français propose donc des modifications à l’uniforme français et des adaptations de l’uniforme aux traditions du Mexique. Des projets d’uniformes réglementés sont soumis à Maximilien dès l’automne 1865. C’est la France, plus précisément la maison Godillot, qui est désignée pour fournir les uniformes dès que l’ambassadeur de Maximilien à Paris aura reçu les modèles approuvés par l’empereur du Mexique(189). Maximilien précise qu’« en attendant que l’équipement soit confectionné, il faudra vêtir la troupe avec un uniforme simple, bon marché et adapté au climat où elle fera son service ». L’uniforme est essentiel pour une troupe. Tout d’abord celui-ci empêche toute confusion avec l’ennemi et permet d’être identifié immédiatement par les autres troupes. Ainsi il est immédiatement décidé le 20 octobre 1865 que les cavaliers ne doivent plus porter que des flammes de formes françaises mi-vertes, mi-rouge, le vert à la partie supérieure uniquement(190). Par ailleurs, l’uniforme contribue à donner un esprit d’unité aux personnes qui le portent. Enfin, une troupe équipée présente un côté martial, impose le respect et renforce son prestige. L’armée impériale mexicaine sera en grande partie habillée par la France et selon son modèle. Comme le précise le rapport du capitaine Meunier écrit en 1873, six ans après le retrait français, l’armée mexicaine est vêtue d’un pantalon rouge, d’une vareuse bleue et d’un képi rouge(191). C’est-à-dire le même uniforme que le soldat français d’infanterie(192). Tout porte à croire que la ressemblance entre l’uniforme du gendarme français(193) et l’uniforme du gendarme mexicain est maigre, mais il est difficile de le vérifier(194). Les archives sont muettes concernant l’uniforme choisi par Maximilien pour sa gendarmerie. Quelques indices laissent à penser que plusieurs analogies avec l’uniforme français existent telle la couleur bleue. Il est précisé que le lieutenant-colonel Andrade, de la gendarmerie mexicaine, demande à percevoir onze mètres de drap bleu en 1865(195).

Ce qui est sûr en revanche, c’est que les Mexicains doivent faire eux-mêmes l’effort de s’équiper. Bazaine écrit en août 1865 que « tous les effets moins les armes seront à la charge des gendarmes »(196). Cet état de fait constitue parfois un obstacle au recrutement, bien que la prime d’engagement soit souvent suffisante pour permettre aux gendarmes de s’équiper sans s’endetter. Ainsi, à l’été 1865, trois gendarmes demandent aux autorités que leur soit payée leur deuxième portion de prime pour qu’ils puissent s’acheter leur équipement(197). Ces demandes illustrent les difficultés que représentent les frais d’équipement pour une personne rejoignant la gendarmerie mexicaine. Les dépenses sont plus élevées pour les gendarmes à cheval qui doivent assumer les soins des montures. Leur solde est un peu plus importante que celle des gendarmes à pied(198). La remonte est un problème de taille pour la gendarmerie mexicaine. La plus grande partie des gendarmes est montée conformément à la volonté de Maximilien et de Bazaine(199). Il est parfois compliqué pour ces gendarmes d’obtenir des montures. Les chevaux mexicains ont pour la plupart été réquisitionnés par les troupes combattantes depuis le début de l’expédition. Une circulaire de 1864 fait état de chevaux qui « manquent de taille » et qui semblent faibles face aux « énormes chevaux » américains(200). Dans son rapport de 1873, le capitaine Meunier compare les équidés mexicains aux chevaux algériens qui sont « très résistants à la fatigue »(201). En réalité les chevaux mexicains s’apparenteraient plus à des mules. ; c’est-à-dire un équidé à mi-chemin entre le cheval et l’âne. De l’âne il tire sa résistance face au climat et aux maladies, du cheval il tire sa force. La mule ne correspond pas véritablement à la monture majestueuse et imposante du cliché traditionnel du gendarme français. Ces mules mexicaines équiperont probablement certaines unités de la gendarmerie mexicaine. Cependant, Bazaine n’hésite pas à aller chercher des chevaux dignes de ceux de la gendarmerie française dans d’autres pays. Ainsi des montures sont achetées à New-York, à Cuba ou à La Martinique(202). Doter la gendarmerie de chevaux plus imposants que les mules mexicaines revient à lui donner un aspect plus martial. Peu d’animaux proviennent de France, le trajet par bateau étant trop éprouvant(203). Néanmoins, le fourrage est parfois acheminé depuis la France pour ravitailler les troupes de gendarmerie mexicaine. Un vétérinaire attitré de la gendarmerie mexicaine doit s’occuper du soin des chevaux pendant leur « régime vert »(204) dès 1865(205). La mise en place de la gendarmerie s’accompagne donc de l’établissement d’une certaine logistique tant en matière d’armement que d’équipement.

Par ailleurs, d’autres questions se posent comme celle du logement des troupes. Une lettre montre que le logement se fait chez l’habitant. Par exemple, une partie de la maison de Dolores Urumucla de Seravie, propriétaire à Orizaba, est occupée mais aucun abus n’est toléré(206). Cela n’est pas sans rappeler la situation en France. De même, en attendant la construction de casernes pouvant les accueillir, les gendarmes cohabitent avec les troupes de l’expédition dans des bâtiments réquisitionnés ou bien dorment sous des tentes comme dans la brigade de Rio Frio(207). Beaucoup reste à faire en matière de casernement mais ce qui importe c’est que la gendarmerie mexicaine puisse agir au plus vite.

Les missions de la gendarmerie mexicaine

La création d’un corps de gendarmerie au Mexique découle en partie des manquements et de l’insuffisance des forces locales telles que les resguardos. La gendarmerie mexicaine hérite donc d’une partie des missions des forces locales. Rapidement le commandement français en vient à la conclusion que les voies de ravitaillements et l’arrière ne sont pas assez sécurisés. La mission fondamentale de la gendarmerie mexicaine est de sécuriser ces axes de communication. La répartition des brigades de gendarmerie en est la parfaite illustration. Il s’agit de renforcer l’axe entre la ville de Mexico et le port de Vera-Cruz, cette dernière étant le port principal et Mexico le point de passage obligé pour les troupes avant de bifurquer vers le Nord ou le Sud du pays. La gendarmerie mexicaine doit faciliter la tâche des forces armées de l’expédition. La sécurisation des voies de communication n’est pas la seule mission de la gendarmerie mexicaine. D’ailleurs l’article 4 de l’acte de création de la gendarmerie impériale mexicaine précise les attributions de ce corps « qui devra exclusivement veiller à la sécurité publique, assurer la conservation de l’ordre et l’exécution des lois »(208). La gendarmerie mexicaine doit être l’organe de sécurité intérieure de l’Empire de Maximilien. Ces attributions ne diffèrent en rien de celles de la gendarmerie française. De plus, le journal l’Ère Nouvelle du 29 janvier 1865 précise qu’une « vigilance spéciale, continuelle et répressive constitue l’essence de son service »(209). Cet intitulé n’est pas sans rappeler la loi du 28 germinal an VI, qui mentionne, mot pour mot, que la gendarmerie doit assurer « une surveillance continue et répressive »(210). L’influence française est encore une fois incontestable.

La suite de l’extrait du journal l’Ère Nouvelle ne fait que confirmer cette idée. Il est précisé que « son action s’étend à tout le territoire de l’Empire, aux camps et aux armées. Elle est principalement destinée à maintenir la sécurité dans les campagnes et sur les voies de communication ». La gendarmerie impériale mexicaine est une force jouissant d’une légitimité pour agir sur tout le territoire et au sein des forces armées. Comme en France, la gendarmerie mexicaine est instituée comme une force rurale. L’arme doit tenir les campagnes. Les zones rurales sont très agitées au Mexique. Les localités sont souvent l’objet de razzias menées par les dissidents et les sympathisants juaristes. La présence de la gendarmerie doit rassurer les populations et éviter, en les protégeant, qu’elles ne rallient les rebelles. Les brigades de gendarmerie sont des outils au service de Maximilien, un moyen pour l’empereur d’avoir une certaine visibilité dans les campagnes, mais aussi de montrer sa puissance et son action menée pour la population mexicaine. Outre sa mission de sécurisation des voies de communication, la gendarmerie mexicaine a une véritable attribution politique, liée à une mission de protection de la population. Ainsi le 25 septembre 1866, une circulaire fait état que, selon des renseignements, une bande de quarante cavaliers bien armés se dirigent vers la brigade de gendarmerie de Rio Frio avec l’intention d’en brûler les locaux pour ensuite attaquer des diligences(211). La gendarmerie mexicaine doit faire face à ces situations. Pour les rebelles, s’en prendre à une gendarmerie est un moyen de s’en prendre au pouvoir. Sachant que la brigade de Rio Frio ne comprend que 18 gendarmes à cheval dont un capitaine et un brigadier et douze gendarmes à pied dont un maréchal des logis et un brigadier, le rapport de force est déséquilibré. Ces attaques suffisent à mettre les gendarmes en déroute comme par exemple celle dont fut victime le lieutenant-colonel Berthelin qui perd toutes les armes de sa brigade face aux rebelles près de Colima(212).

La gendarmerie mexicaine doit également réaliser des missions d’escorte, principalement des prisonniers, des diligences ou des armes.

Ainsi, en juillet 1866, les gendarmes reçoivent l’ordre d’assurer la protection d’un convoi d’armes allant de Puebla à Mexico. Mais parfois, les missions de protection sont bien plus prestigieuses. Comme l’écrit Benoît Haberbusch, au printemps 1866, soixante gendarmes sont envoyés à Texoco pour y escorter l’Impératrice Charlotte(213). En confiant cette mission à la gendarmerie mexicaine, Maximilien témoigne sa confiance envers ce corps. Assurer la protection de l’Impératrice est également un bon faire-valoir pour la gendarmerie mexicaine, dont le prestige est renforcé aux yeux de la population.

La gendarmerie mexicaine assure également quelques missions judiciaires(214). Ainsi le 12 juillet 1866, une enquête est commanditée à la gendarmerie mexicaine par Maximilien, suite à une plainte reçue à son cabinet militaire. Un certain Antonio Campero se plaint d’avoir été arrêté et détenu illégalement à Ayolta(215). Cet exemple prouve deux choses. D’abord que la gendarmerie mexicaine doit réaliser des missions judiciaires mais aussi que la population ne lui fait peut-être pas encore confiance. En effet, pourquoi déposer plainte auprès du cabinet militaire de l’empereur plutôt qu’auprès de la gendarmerie ? Le fait que les officiers soient pour la majorité français pose peut-être problème à la population.

Cet exemple laisse entrevoir une limite de la gendarmerie mexicaine. Cette force de sécurité intérieure, commandée et organisée par des Français, œuvre sur une partie du territoire mexicain. Les autorités françaises ont-elles envisagé de compenser ce manque en développant une force de sécurité intérieure composée d’Indiens ?

Une gendarmerie assistée par des forces supplétives indiennes ?

Se concilier la majorité silencieuse de la population

Les Indiens représentent plus de la moitié de la population et sont pourtant rejetés par le reste de la société mexicaine. Pour eux, l’arrivée de Maximilien représente un certain espoir. S’il y a des Indiens qui combattent aux côtés de Juarez, nombreux sont ceux faisant l’objet de persécutions de la part des Républicains. Dans sa lettre du 30 janvier 1866, l’intendant Grodvolle écrit à propos des Indiens que « tout ce qu’ils possèdent est brûlé »(216). Dans le contexte de l’expédition militaire, les Républicains acculés n’hésitent pas à s’en prendre aux Indiens, en les rançonnant ou en répandant la pratique de l’enrôlement forcé.

Conformément à ces principes humanistes et contrairement à ce que les cléricaux espéraient de Maximilien, ce dernier se lance dans une politique indigéniste. Le nouvel empereur du Mexique est au fait des malheurs des Indiens et une série de mesures favorables est mise en place pour améliorer leur situation. La « leva » ou enrôlement forcé est interdite. De même, une commission est mise sur pied pour traiter des affaires concernant les Indiens et pour défendre leurs intérêts en autorisant par exemple des exemptions fiscales(217). Maximilien se rapproche de ces communautés au point d’adopter un enfant d’origine indienne. Selon Lecaillon, Maximilien compense ses lois martiales par une indiomanie accrue(218).

Les Indiens sont pour la plupart flattés de servir leur nouveau souverain. L’affirmation de l’Empire leur permet de sortir de l’ombre et de mettre fin aux différentes formes d’oppressions ou de persécutions subies. Néanmoins, un tel état de fait est-il suffisant pour rallier les Indiens à la cause impériale ? Quelle est l’attitude des Indiens face à l’expédition et à l’inverse quelle est l’attitude des Français à l’égard de la majorité de la population du Mexique ?

Se rallier, attendre, rejeter : les Indiens face à l’expédition et l’Empire

Il serait faux de croire que l’attitude des différentes communautés indiennes est uniforme face à l’expédition. Lecaillon distingue trois types de comportements chez les Indiens. Une alliance totale avec l’Empire est notable dans les communautés du Nord-Ouest et de l’Ouest, les plus éloignées de Mexico. Le chef des Indiens Opatas, nommé Tonori, est un combattant actif aux côtés des troupes expéditionnaires. Se distinguent également les communautés des hauts-plateaux ou de la côte Est, dont l’attitude se caractérise plus par de la « sympathie passive ». Enfin, les Indiens du Nord et les petites communautés dispersées sur le territoire mexicain sont davantage hostiles à l’expédition et à l’Empire. Lecaillon affirme que « la sympathie passive est le sentiment numériquement le plus répandu »(219).

Le sentiment des Indiens à l’égard des troupes expéditionnaires est variable. Les relations avec les Austro-Belges sont très mauvaises. Les Autrichiens ne respectent guère les Mexicains et particulièrement les Indiens qui ne cherchent donc pas se rapprocher des Austro-Belges. En revanche, les choses sont différentes concernant les troupes françaises. Lecaillon évoque une « admiration respectueuse pour l’armée française » et une « estime sincère pour les officiers »(220). Cette différence de statut entre l’armée française et l’armée autrichienne traduit un certain savoir-faire de l’armée française dont les diverses campagnes, surtout coloniales, lui ont permis d’acquérir une véritable expérience. Les relations avec les Indiens favorables à l’Empire ne sont pas mauvaises. Néanmoins, les Français ont multiplié les efforts pour se faire accepter. Par exemple, Ledemé écrit dans sa lettre du 2 décembre 1862 que « le pays est tout surpris de voir des gens armés payer cher et comptant tout ce qu’ils prennent »(221). Dans le même registre, Bazaine écrit le 25 janvier 1865 qu’il tient « essentiellement à ce que les Indiens soient payés »(222). La conduite à tenir est clairement affichée : ménager les Indiens est une chose impérative pour les militaires français. La hiérarchie se montre ferme sur ce point. Ainsi, les écarts commis par les hommes de troupe à l’égard de la population, mais surtout des Indiens, sont durement sanctionnés. L’exemple d’un soldat ayant offensé une Indienne puni de cinquante coups de bâton sur l’ordre du colonel Dupin caractérise cette situation. L’officier va jusqu’à retirer de l’argent dans la caisse de l’unité pour offrir réparation à l’indienne(223). Les Français tentent de garder intactes les aspirations à l’autonomie des Indiens. Ainsi, dans le Chihuahua, des juridictions indépendantes des autorités politiques ordinaires sont créées(224). Il est question de donner des preuves de confiance aux Indiens. Les cas du colonel Pottier en est un bon exemple. Cet officier fait le choix de laisser leurs armes à des Indiens qui s’étaient pourtant rangés du côté des libéraux et avaient combattu les troupes françaises.

Au final ces efforts des Français pour se concilier les Indiens ont souvent été une réussite. Lecaillon estime que 75 % des Indiens qui se sont engagés dans le conflit l’ont fait en se rangeant du côté des Français.(225)

L’exemple cité précédemment fait état d’un cas d’armement des Indiens. Avant de se confronter directement à cette problématique, il peut être utile de s’intéresser de plus près à la façon dont sont perçus les Indiens par les Français. Tout porte à croire que les troupes françaises devraient se réjouir de ce soutien trouvé au sein de la population mexicaine, mais qu’en est-il réellement ?

Entre fascination et déception : la perception des Indiens par les Français

Du côté des troupes françaises, l’on tente de tirer leur meilleur parti de ce soutien. Néanmoins, l’attitude des Français à l’égard des Indiens oscille entre fascination et déception. Beaucoup sont ébahis face aux communautés indiennes, à leurs capacités et leurs potentialités. Le général Brincourt voit les Indiens comme « nos alliés naturels »(226). Ils apparaissent aux Français comme étant les plus enclins à accepter l’intervention. Henri de Suckau déclare qu’il faut « aider un allié naturel à se placer dans le courant de la civilisation »(227). Les Indiens séduisent les Français et les intéressent. Rappelons qu’une commission scientifique accompagne l’expédition et que cet organe part à la rencontre des Indiens. Lecaillon rapporte les paroles du Marquis d’Espeuilles qui affirme que « la grande plaie du Mexique, c’est qu’il y ait des Mexicains »(228). Preuve que les Français désirent s’appuyer sur les Indiens pour favoriser la réussite de l’expédition ainsi que l’enracinement de l’Empire de Maximilien.

Cependant, il serait faux de penser que les relations entre les militaires français et les Indiens sont toutes très bonnes. Si d’un côté certains Français encensent les Indiens, d’autres les méprisent, diagnostiquant dans leur isolement de la société mexicaine un retard de leur civilisation. En effet, ce qui peut apparaître comme une originalité pour les uns est parfois considéré comme une preuve d’archaïsme pour les autres. Des documents d’archives établissent deux catégories : « les Indiens sauvages » et « les Indiens civilisés »(229). Dans le même sens et à la limite du mépris, une note de juillet 1862 précise que « les Indiens par leur ignorance ne prennent pas part à l’activité politique du pays »(230). Face à de tels propos et à de tels a priori, la fermeté des autorités françaises en cas d’écart de comportement des troupes se comprend mieux. Appréhender les Indiens demande un effort supplémentaire tant leur civilisation est typique. Or certains ne sont pas toujours disposés à faire cet effort. Dès lors le cliché devient la règle et la compréhension l’exception. Le capitaine Meunier va même jusqu’à écrire que « l’Indien de ce pays est peut-être l’homme le plus sale qui existe sur cette Terre »(231). Ce jugement semble très sévère.

Inspirant tantôt l’admiration tantôt le mépris, la situation des Indiens face à l’intervention est toute particulière. D’une manière plus objective, Lecaillon défend l’idée qu’à la suite de ses analyses, l’Indien ne lui est « jamais apparu comme imbécile, incapable de ne rien comprendre à rien et dénué de toute conscience politique »(232). Toujours est-il que les Français ne peuvent se passer du soutien de cette population indienne. Dans quelle mesure une coopération entre forces indiennes et forces françaises se met-elle en place ? Quelle place est faite aux Indiens par les Français entre l’armée et la gendarmerie ?

L’armement des communautés indiennes

Les troupes françaises et Maximilien ont besoin de trouver des relais au sein de la population mexicaine. Nous l’avons vu, la majorité des Indiens qui s’engagent dans les combats le font du côté de l’Empire. Les autorités militaires vont puiser dans ces ressources indiennes. Dans un premier temps, il s’agit de gagner leur confiance. Ainsi, Maximilien met en place une législation favorable aux Indiens. Ces efforts sont importants. Après avoir gagné leur confiance, les Français entreprennent, dans un second temps, de « réveiller et exciter la fierté et la noblesse indienne »(233).

De façon adroite, les Français mettent en avant le principe d’autonomie si cher aux Indiens. En effet, les Français commencent à armer les Indiens en mettant en avant la nécessité pour ces derniers de se défendre. Il est vrai qu’à la faveur du conflit, les persécutions menées par les Républicains contre les Indiens s’accentuent. Des villages sont pillés et parfois brûlés, ce qui conduit les Indiens à s’engager davantage au côté des Français. L’engagement le plus notable est celui de Tonori, chef de la tribu de Opatas. Le 10 novembre 1865, une ordonnance précise qu’« en raison de leur esprit guerrier et du danger qu’ils ont à craindre » une troupe de 100 hommes doit être mise à la disposition de Tonori(234). La collaboration entre les troupes françaises et les troupes indiennes peut être soulignée. Ainsi des rapports précisent que des unités indiennes poursuivent des Républicains qui les attaquent et livrent les prisonniers aux Français. Par ailleurs, les Indiens sont souvent utilisés comme guides ou éclaireurs.

Cette collaboration peut-elle être conçue comme le début d’un échange militaire total, c’est-à-dire comme les premiers pas d’une mise sous tutelle des Indiens par les Français ? Si les Indiens sont armés pour combattre, ils le sont aussi pour se défendre. Peut-on parler d’une force de sécurité intérieure indienne ?

Vers l’établissement de forces supplétives indiennes ?

La défense des Indiens par eux-mêmes prend un caractère plus structuré au fil de l’expédition. Bazaine entreprend de créer une légion indienne comprenant 175 hommes(235). Des forces indiennes sont clairement constituées. Ainsi, comme l’écrit le Comte de Kératry, une tentative pour former une gendarmerie composée d’Indiens voit le jour à Vittoria. Il affirme que « 12 Indiens robustes et braves cavaliers en furent le premier noyau »(236). Cette situation n’est pas sans rappeler la formation en Algérie, pour seconder les gendarmes français, de « gendarmes maures » autrement dit d’indigènes(237).

Néanmoins la comparaison avec l’Algérie trouve rapidement ses limites. Si en Algérie comme au Mexique il y a bien « adjonction d’auxiliaires indigènes »(238), il faut rappeler qu’en Afrique du Nord la France cherche à établir une colonie de peuplement contrairement au Mexique. Dans ce dernier pays, la France est moins regardante lors de la formation de troupes indigènes – qui semble être plutôt anecdotique – alors qu’en Algérie la formation de forces composées de membres n’étant pas citoyens français est plus complexe.

En effet, il y a peu de traces de cette gendarmerie indienne et tout porte à croire que les tentatives n’ont pas abouti. En revanche, il est avéré que les Indiens rejoignent massivement les bataillons de contre-guérilla. Le colonel Dupin entretient les meilleures relations avec les différentes communautés indiennes. Ce dernier trouve parmi les Indiens une part importante de ses effectifs(239). La contre-guérilla usant de méthodes peu orthodoxes séduit les Indiens désireux de se venger de leurs anciens oppresseurs. Même Dupin est parfois choqué par la violence des Indiens sous ses ordres, comme lorsque, à la suite d’un combat, l’officier français laisse les Indiens se venger et achever les blessés(240). Les Indiens sont les yeux, les oreilles et le bras armé de Dupin.

Les rangs de la contre-guérilla cristallisent l’engagement Indien pour l’Empire. Des communautés indiennes sont armées pour leur propre défense. Ces troupes se situent entre les gardes rurales stables, mobiles, la gendarmerie impériale et les forces armées de l’expédition ou de Maximilien. Que peut-on dire de leur fidélité ?

Maximilien et les Indiens : une rencontre manquée ?

Les espoirs que les Indiens avaient placé en Maximilien étaient importants. Si certains lui vouent un culte messianique, les déceptions sont d’autant plus grandes à mesure que l’expédition s’enlise. Lecaillon montre que le comportement des Indiens évolue avec le temps. Les premières années de l’intervention se caractériseraient par de la crainte et de la prudence. Ensuite, à partir de 1864, l’adhésion à l’Empire serait devenue « assez générale et authentique ». Enfin, dès 1866, les Indiens verseraient dans la déception et la crainte du futur(241). Maximilien semble avoir compris que les Indiens étaient une frange à part de la population mexicaine méritant un traitement particulier. Son erreur est de vouloir orienter cette population vers ses rêves humanistes, alors que les Indiens ne souhaitent pas forcément adopter les réformes. Lecaillon résume bien ce décalage lorsqu’il affirme que « l’erreur de Maximilien fut avant tout de considérer les Indiens en ‘’peuple’’ alors qu’ils n’étaient que ‘’communauté’’ »(242) . Maximilien manque sa rencontre avec les Indiens.

Certains Indiens sont cependant fidèles jusqu’au bout à l’Empire. Rappelons que Mejia est fusillé en même temps que Maximilien. Les Indiens qui se sont engagés pour l’Empire payent parfois très cher leur engagement. Par exemple, Tonori, le chef Opatas, est exécuté en compagnie de toute sa famille en 1866. L’espoir suscité par l’arrivée de Maximilien laisse place à l’incertitude de l’avenir ainsi qu’à la crainte du retour des Républicains.

Ainsi Maximilien et les autorités françaises remarquent rapidement la place particulière occupée par les Indiens au sein de la société mexicaine. Ces précieux relais du projet de Napoléon III et de Maximilien ne se rallient pas uniformément à l’Empire. La situation devient encore plus compliquée lors de la mise en place de forces de sécurité intérieures. Une gendarmerie composée d’Indiens existe, malheureusement peu d’éléments valables sont disponibles pour en faire partie. Les Indiens sont armés, mais plutôt livrés à eux-mêmes pour ce qui est de leur défense. L’engagement des Indiens est plus manifeste dans les bataillons de cazadorès. Maximilien commet quelques erreurs d’appréciation dans sa relation avec les Indiens, les ambitions des uns et des autres devenant, au final, divergentes. L’organisation des Indiens en troupes supplétives doit être relativisée dans le sens où les Français ne s’occupent pas vraiment de les organiser mais plutôt de les armer. Le fait que les Indiens rejoignent les corps hétérogènes de la contre-guérilla confirme également cette idée.

Même si les effectifs ne sont pas ceux qu’ils auraient dû être, la mise en place d’une gendarmerie mexicaine sur le modèle de la gendarmerie française est effective. Des brigades ont été organisées, les gendarmes mexicains sont opérationnels. L’empereur du Mexique leur fait confiance au point de confier à la nouvelle arme la sécurité de sa femme et des enquêtes compliquées. Néanmoins, il ne faut pas idéaliser la situation. La gendarmerie a du mal à faire face aux « rebelles ». Les compagnies de gendarmerie organisées et les brigades déployées semblent faibles face à la menace juariste qui fait peser une insécurité permanente sur le pays. Le Mexique est encore parcouru par des troupes combattantes à la fin 1866. À cela s’ajoute l’avènement d’un nouveau régime politique à la tête duquel est propulsé un Autrichien n’ayant rien à voir avec le Mexique. La population meurtrie par les années de guerre et d’occupation est désorientée. Nombreux sont les déçus de l’expédition. Beaucoup deviennent sceptiques et rejoignent le camp juariste. Difficile dans ce contexte pour la gendarmerie impériale mexicaine de s’affirmer et de s’implanter dans le pays. La question se pose de savoir si les dirigeants français ne sont pas allés trop loin en voulant, en plus d’une opération militaire et d’un changement de régime, imposer aux Mexicains leur propre système de sécurité intérieure.

Troisième partie - L’EXPORTATION DU MODELE DE GENDARMERIE FRANCAISE AU MEXIQUE : UNE INITIATIVE AUDACIEUSE MAIS VOUEE A L’ECHEC ?

CHAPITRE VII - Une expérience inédite

Même si ce n’est pas la première fois que les Mexicains voient les militaires français intervenir sur leur territoire, l’expédition militaire menée par Napoléon III au Mexique possède un aspect singulier. Initialement, la France se comporte au Mexique comme s’il s’agissait d’une colonie, Cependant, il s’agit désormais de placer un souverain européen sur le trône, administrant le pays selon des normes françaises. Véritable carrefour entre les domaines politique, militaire et administratif, la gendarmerie apparaît comme l’exemple par excellence de cette opération particulière. Existe-t-il d’autres exemples d’exportation d’une force de sécurité intérieure pour le compte d’un autre pays(243) ?

Le Mexique : l’Espagne de Napoléon III ?

La tentation est toujours grande de comparer les règnes des différents souverains français, particulièrement entre ceux de la même lignée. Au cours de son histoire, la France connut par deux fois l’Empire, par deux fois ils furent dirigés par un Bonaparte. La comparaison de l’action militaire des deux souverains se trouve rapidement limitée ; cependant un point de convergence est parfois mis en exergue. En effet, la campagne du Mexique de Napoléon III apparaît comme étant comparable à la campagne d’Espagne de Napoléon Ier. L’une et l’autre de ces campagnes militaires sont menées contre des populations latines et, dans les deux cas, il est question de mettre à la tête de l’État envahi un souverain ayant la faveur du pouvoir napoléonien. Napoléon Ier soutient en Espagne son frère Joseph après avoir forcé Charles IV, alors au pouvoir, à abdiquer. Au Mexique, Napoléon III provoque le départ de Juarez et soutient Maximilien. En Espagne comme au Mexique, la gendarmerie s’avère être un observatoire très original de ces deux campagnes pour lesquelles l’arme a joué un rôle considérable. Les travaux de Gildas Lepetit font la lumière sur l’envoi de la gendarmerie en Espagne(244). Dans ce pays, Napoléon Ier envoie des gendarmes français dont le but affiché n’est pas d’assurer des tâches prévôtales mais de veiller à ce que le ravitaillement des troupes combattantes ne soit pas entravé. Les choses sont différentes au Mexique, puisque les gendarmes français sont détachés auprès des troupes combattantes en tant que prévôts. La sécurisation des voies de ravitaillement est assurée par la gendarmerie impériale mexicaine à sa création.

Cette différence, qui semble minime, présente un intérêt certain ; elle met en évidence le caractère inédit de la mission de la gendarmerie au Mexique. En effet, il n’est pas vraiment question pour Napoléon Ier de créer une gendarmerie impériale espagnole à la disposition de l’Espagne. Comme le montre Gildas Lepetit, il a pour ambition d’étendre les frontières nationales et de rattacher des provinces du Nord de l’Espagne à la France(245). La gendarmerie française a pour ordre de faire appliquer la loi française dans ces provinces espagnoles. Le rattachement de la Catalogne à la France en 1812 n’est que la suite logique du plan napoléonien. Au Mexique, il n’est pas question d’un rattachement quelconque à la France. Non pas que Napoléon III soit totalement désintéressé, ce dernier ayant à l’esprit quelques objectifs diplomatiques et économiques, mais la gendarmerie du Mexique ne reçoit pas la tâche de préparer une annexion territoriale. La légion de gendarmerie mexicaine est indépendante malgré l’influence française, ou du moins elle a vocation à l’être. En Espagne, la légion de gendarmerie de Catalogne est considérée à l’époque comme étant la 35e légion de gendarmerie française. La conception de l’action de la gendarmerie est donc différente.

La différence fondamentale entre Napoléon III et son illustre ancêtre repose notamment sur l’attitude à adopter à l’égard des populations locales concernant la conscription. Dans la plupart de ses conquêtes Napoléon Ier met en place, avec plus ou moins de succès, l’impôt du sang. La gendarmerie a pour mission d’y veiller et de traquer les déserteurs, comme en Italie et en Espagne. Pour ce qui est du Mexique, la « leva » est immédiatement interdite par Napoléon III(246). La gendarmerie mexicaine doit donc uniquement s’occuper de la sécurité intérieure. Paradoxalement, la gendarmerie d’Espagne, qui est conçue comme le prolongement naturel de la gendarmerie française, a des missions combattantes. Napoléon Ier envoie sa gendarmerie impériale pour lutter contre la guérilla. La gendarmerie espagnole mène une traque continue pour chasser les rebelles. Peut-être s’épuise-t-elle à vouloir accomplir cette tâche ? Au Mexique, la situation est autre. Napoléon III désire assurément pacifier le pays en dotant l’Empire mexicain d’une gendarmerie mais il semble avoir tiré des leçons depuis la campagne espagnole de Napoléon Ier. Face à la recrudescence des actes de guérillas au Mexique (pillages, sabotages, attaques sporadiques de colonnes militaires…), le commandement français décide de nommer un officier français chargé de mener une contre-guérilla au Mexique. Cette mission est confiée au colonel Dupin(247).

Dupin habite pleinement ses nouvelles fonctions. Il s’entoure de militaires, mais aussi de Mexicains n’ayant plus rien à perdre pour traquer les rebelles dans les terres chaudes. Beaucoup d’Indiens y voient l’occasion de régler leurs comptes avec leurs précédents oppresseurs. L’action menée par la contre-guérilla est calquée sur celle de leurs ennemis. Les moyens sont identiques, les objectifs aussi. Il faut frapper fort, par des actions rapides, ponctuelles et violentes pour répondre aux agressions. La violence de la répression confère au colonel Dupin et à ses hommes une réputation d’êtres sanguinaires(248). Le commandement français laisse au colonel Dupin une large marge de manœuvre. Son action dans les terres chaudes est efficace et a le bénéfice de semer le trouble au sein de la guérilla. La présence de ces forces permet à la gendarmerie mexicaine de ne pas s’user dans la traque perpétuelle d’un ennemi insaisissable. La différence, entre l’action de la gendarmerie en Espagne et au Mexique, est sur ce point importante. La lourde tâche confiée à la contre-guérilla permet à la gendarmerie mexicaine de se développer plus sereinement. Cette différence avec la campagne d’Espagne s’explique peut-être aussi par la distance séparant la France du Mexique, et la difficulté pour obtenir du renfort et du ravitaillement qui permettraient à la gendarmerie de soutenir l’effort d’une lutte contre la guérilla.

La comparaison de ces deux campagnes permet ainsi de mieux appréhender ce qu’est la gendarmerie impériale mexicaine. L’arme est une force de sécurité intérieure, non combattante, n’étant pas destinée à s’enliser dans des conflits avec les rebelles. La gendarmerie mexicaine sert davantage les intérêts du nouvel Empire Mexicain et de sa population que ceux d’un monarque en particulier comme cela fut le cas en Espagne avec Napoléon Ier. Néanmoins, Napoléon III trouve son compte à travers l’existence de cette gendarmerie mexicaine. La France rayonne à l’étranger et le ravitaillement de ses troupes est davantage sécurisé. Certes la gendarmerie mexicaine présente moins de pertes que la gendarmerie espagnole et peut se développer plus sereinement, mais il faut bien se garder d’idéaliser son fonctionnement.

La gendarmerie impériale mexicaine victime d’approximations considérables

Même si selon les comptes rendus transmis à Bazaine la gendarmerie mexicaine est bien formée, plusieurs lacunes sont à signaler dans son organisation. Lorsqu’il dirigeait la gendarmerie mexicaine en 1865, le chef d’escadron Lamarche inondait Bazaine de courriers parfois alarmants sur l’avancée de l’organisation de la gendarmerie mexicaine. Peut-être a-t-il payé de son poste cette franchise ? Peut-être son successeur, le colonel Lafon, était-il plus homme à ménager la fierté de Maximilien et l’orgueil de Bazaine ? Toujours est-il que la franchise de Lamarche permet d’entrevoir quelques limites à la bonne organisation de la gendarmerie impériale mexicaine ainsi qu’à ses capacités d’action. La gendarmerie mexicaine attire. À ce titre, Avenel écrit que l’arme jouit d’une image de choix, car elle incarne une certaine sécurité, une stabilité par rapport au reste de l’armée et permet à la gendarmerie mexicaine d’attirer de nombreux soldats(249). La gendarmerie mexicaine séduit de nombreux soldats, et nombre d’entre eux émettent des demandes pour rejoindre les rangs mexicains, mais peu franchissent le pas de l’engagement. Le 23 juin 1865, Lamarche écrit que nombre d’aspirants acceptent tout devant la commission, mais au moment de signer véritablement leur contrat, beaucoup font machine arrière(250). Le cas du caporal Layard, militaire français, illustre ces propos. Il est reconnu apte à servir dans la gendarmerie mexicaine mais il revient sur sa décision(251). La mise en service des corps de gendarmerie mexicaine ne doit pas masquer les difficultés du recrutement. Même la commission chargée de décider de l’aptitude des soldats souhaitant rejoindre la gendarmerie de Maximilien commet quelques erreurs en acceptant des éléments douteux. C’est le cas du soldat Jean-Hubert Rogier, sujet belge qui est passé dans la gendarmerie mexicaine avant d’être transféré par punition au 7e bataillon de ligne mexicaine en juillet 1866(252). Des problèmes existent donc au niveau du recrutement, bien que ceux-ci n’entravent pas réellement la mise en place de la gendarmerie mexicaine.

De plus, la formation de la gendarmerie mexicaine ne semble pas être du goût de tout le monde. Si ce projet cher à Maximilien est porté par les Français, l’enthousiasme n’est pas toujours partagé. Dans une lettre adressée à Bazaine en juillet 1865, Lamarche se plaint des obstacles qui se dressent face à son action. Il écrit d’un ton assuré que « tous les chefs de corps mexicains ont refusé de coopérer à cette formation »(253). Il ajoute même que « les chefs de corps belges et autrichiens qui ont de très bons et de très nombreux candidats ne désignent pour cette arme que les hommes dont ils veulent se débarrasser ». Un délai supplémentaire pour fournir des troupes est rapidement accordé aux Austro-Belges. Cependant, il est surprenant de constater l’attitude peu constructive des chefs de corps mexicains qui « ont fait répondre qu’ils ne possédaient aucun homme apte à entrer dans cette arme […]. C’est mettre plus que de l’inertie à l’exécution des ordres de l’Empereur » comme l’écrit Lamarche. Peut-être craignent-ils une éventuelle concurrence ? Beaucoup de chefs de corps sont hostiles à l’idée de se séparer de leurs soldats. Il s’agit pour eux de conserver les acquis face à une situation qui leur échappe. Enfin, certains chefs de corps mexicains rejettent par principe une influence française trop importante. Il est possible que certains d’entre eux se soient approprié le domaine militaire, considérant qu’il fallait former l’armée selon leurs principes. Cette dernière hypothèse est à lier au fait que beaucoup de chefs militaires se comportent comme les seuls dirigeants de leurs troupes. Il est vrai que parfois la fidélité des troupes est liée à l’attachement à un chef charismatique. La France semble en réalité bien seule avec son projet de gendarmerie.

Face à cette mauvaise volonté des chefs militaires mexicains, on peut s’interroger sur la volonté des autorités françaises à imposer leur modèle. Pour le choix de l’uniforme par exemple, Lamarche se plaint en juillet 1865 que l’article portant sur l’habillement de la troupe ne fait l’objet d’aucune communication. Les hommes n’ont donc aucun uniforme « sans compter qu’il faut un délai de quarante jours pour passer les marchés et obtenir la première livraison » précise le chef d’escadron(254). Il aurait été probablement plus simple de bâtir un projet d’uniforme à partir des tenues qui existaient déjà. Les satrapes auraient pu être un point de départ intéressant(255). Au lieu de s’intéresser au potentiel local ou de chercher à le développer, les dirigeants français préfèrent faire signer un accord à Maximilien avec la maison Godillot de Paris. Dans le même registre, il est question de traduire le règlement de la gendarmerie pour les Mexicains, mais est-il question de l’adapter au pays, au contexte, à la population ? En réalité pas vraiment. En mars 1866, le colonel Lafon écrit que « le règlement de la gendarmerie française a du être traduit pour être mis en vigueur dans la gendarmerie impériale mexicaine »(256). Lafon décide de s’occuper de la modification de ce règlement en tenant compte de la « différence des lieux et des institutions ». Il doit rendre compte de l’achèvement de ces travaux. Mais il est relevé de ses fonctions à l’automne 1866 ; il est impossible de savoir s’il a le temps de mener à bien son projet.

De nombreuses approximations viennent en fait émailler l’organisation et le service de la gendarmerie. Bazaine est conscient que le modèle français a besoin d’être adapté au cadre mexicain. Il fait quelques concessions allant dans ce sens. En mars 1866, il refuse d’établir une centralisation administrative de toute l’arme. Selon lui, une direction unique serait source de difficultés importantes. La décentralisation du Mexique, pays dans lequel le fait régional est prépondérant, est prise en compte. Mais cela est-il suffisant ? Le commandement se veut optimiste. Tout au long de la campagne, les correspondances et les rapports des hommes de terrain apportent un éclairage différent sur l’évolution de cette gendarmerie mexicaine. Dans une lettre non datée, le gendarme Delplace demande à quitter la gendarmerie mexicaine car il croyait servir dans un corps bien organisé. En réalité, il n’en est rien, il parle de « prétendue organisation de gendarmerie »(257). Son constat est sévère car la gendarmerie est portée à bout de bras par des cadres français. Néanmoins, les lacunes et les approximations dans l’organisation du corps de gendarmerie impériale mexicaine sont de nature à noircir le tableau et à décourager les hommes.

Ainsi, la gendarmerie mexicaine bénéficie de l’expérience internationale de la campagne d’Espagne. Elle ne s’occupe ni de la conscription, ni de contre-guérilla. Pourtant, la France éprouve des difficultés à financer l’équipement et la solde d’une nouvelle troupe. Au moment de la mise en place de la gendarmerie mexicaine en 1865, l’Empire Français de Napoléon III a déjà soutenu un peu moins de trois années d’une guerre difficile et coûteuse. Bazaine doit agir en s’appuyant sur les moyens du tout nouvel Empire Mexicain. Ces ressources sont néanmoins rapidement épuisées. La gendarmerie mexicaine est certes organisée, mais cet agencement demeure inachevé. C’est le cas pour le logement insuffisant des gendarmes, dont certains dorment sous des tentes ou logent chez l’habitant. Les officiers eux-mêmes doivent pourvoir au paiement leur logement, qui s’effectue sur les frais des départements dans lesquels ils sont employés. En vérité, cette indemnité est rarement ou difficilement perçue par les officiers. Le colonel Lafon émet même une réclamation à ce sujet en juillet 1866(258). Au total, la gendarmerie mexicaine semble fragilisée par son état de désorganisation partielle.

CHAPITRE VIII - Une série d’erreurs

Les dirigeants français se montrent confiants. Il est question à terme d’accroître considérablement les effectifs de la gendarmerie et de laisser des troupes au gouvernement mexicain lorsque l’heure du retrait français aura sonné. Certes la gendarmerie mexicaine présente des effectifs inférieurs à ceux prévus mais elle peut servir. Avec le temps elle sera plus forte et les Français pourront toujours l’assister. La tentation de croire que le plus gros du travail a été réalisé est grande. En réalité les objectifs ne sont pas vraiment atteints. Les soldats français sont las de voir que l’expédition s’éternise. Le gouvernement s’en rend très vite compte et l’ordre d’évacuation est donné rapidement dès la fin de l’année 1866. Sans dire que Napoléon III abandonne Maximilien, la tutelle de la France perd de sa superbe. Comment les erreurs, qui s’échelonnent tout au long de l’expédition conduisent-elles à ce retrait précipité ?

Une cohabitation difficile entachée d’erreurs politiques

Plusieurs fautes sont commises tant par Maximilien que par Bazaine. Ces méprises tiennent beaucoup à la personnalité des deux hommes qui occupent les plus hautes fonctions au Mexique. Issu de la grande lignée des Habsbourg, Maximilien naît en 1832. Il reçoit un enseignement libéral de la part de son précepteur. Il épouse la fille du roi des Belges Léopold Ier, Charlotte, en 1857. Nommé gouverneur de la Vénétie et de la Lombardie, il met en œuvre une politique à caractère libéral lui tenant à cœur, mais qui lui vaut d’être destitué de son poste. Maximilien est très influencé par sa femme, qui contribue à l’écarter du trône d’Autriche pour prendre le pouvoir au Mexique, selon Lecaillon(259). Certains historiens affirment que Maximilien aurait accepté le trône du Mexique pour prouver qu’il est possible de gouverner de façon libérale(260). C’est donc probablement avec un esprit de défi personnel que Maximilien accepte le trône qui lui est offert au Mexique, en avril 1864.

Le parcours de Bazaine est tout autre. Son père, polytechnicien ayant choisi de faire carrière dans l’armée, devient rapidement général. Le jeune Achille Bazaine naît en 1811, d’une liaison entre son père et une lingère versaillaise. Suivant les traces de son père, le jeune Achille Bazaine se présente au concours de polytechnique auquel il échoue. Il s’engage alors comme homme du rang dans l’armée française. Il combat avec la légion étrangère en Algérie où il accède au grade de lieutenant en 1838. Il sert aussi en Crimée et en Italie. Il est ensuite envoyé au Mexique et prend le commandement du corps expéditionnaire français en 1863. Maximilien et Bazaine ont chacun une destinée peu commune. Maximilien bénéficie du privilège de sa naissance, Bazaine aussi, mais dans une moindre mesure. Ce dernier franchit les étapes les unes après les autres pour accéder à un poste d’influence. Tous deux occupent les plus hautes fonctions politiques et militaires au Mexique. La cohabitation entre ces deux hommes devient rapidement difficile. Maximilien souhaite établir un régime libéral, alors que Bazaine privilégie une tendance conservatrice. D’ailleurs, ce dernier est nommé maréchal de France et sénateur du Second Empire par Napoléon III en 1864. Les divergences politiques éclatent rapidement. Maximilien fait rédiger une constitution et écarte les notables de la gouvernance, alors que ces derniers avaient souhaité sa venue ! De même, comme le montre Lecaillon, il commet des maladresses dans le domaine de la religion – un autre motif de l’expédition – en instaurant le travail le dimanche dans l’administration(261).

Maximilien ne cesse de multiplier les erreurs stratégiques. Ainsi en négligeant ses soutiens, il prend des décisions étonnantes. Par exemple, il fait muter deux de ses meilleurs officiers, le général Miramon et le général Marquez à des postes diplomatiques en Europe pour qu’ils élargissent leurs connaissances en matière de tactique militaire. Au moment où l’armée mexicaine est réorganisée dans un Mexique non pacifié, était-ce la meilleure décision ? Maximilien ne peut pas se passer d’une force armée pour enraciner son Empire. Pourtant tout laisse à penser qu’il ne croit pas en la puissance des canons pour aider son régime. Il préfère voyager et rencontrer la population mexicaine. De son côté Bazaine est un militaire qui serait plutôt enclin à pratiquer une politique fondée sur la répression. D’ailleurs, les tensions concernant le colonel Dupin et sa contre-guérilla sont considérables entre les deux hommes. Bazaine soutenant pleinement Dupin et ses méthodes, contrairement à l’empereur du Mexique qui se montre plus sceptique. Maximilien ne se trouve finalement pas à l’endroit où la population mexicaine l’attend. Par exemple, le nouvel empereur du Mexique ne pose pas le pied sur son nouveau territoire au soir de son arrivée au large de Vera-Cruz, le 28 mai 1864, alors que toute la population l’attend. Cet acte provoque une énorme déception tant chez les Mexicains que chez les militaires français si l’on en croit la correspondance de Blanchot(262). Bazaine finit par qualifier Maximilien de « rêveur allemand ». La situation est bien résumée dans ce propos de Bazaine. L’empereur du Mexique est un homme ayant de grandes idées libérales et une conception messianique du pouvoir qui lui est propre, tandis que Bazaine souhaite utiliser la puissance des armes(263).

Cependant, ils parviennent quand même à s’entendre, notamment sur l’organisation de la gendarmerie. Tous deux souhaitent la mise sur pied de la gendarmerie mexicaine, peut-être pour des motifs différents. Bazaine veut mener à bien une mission qui renforce le prestige de la France, mais aussi assurer le ravitaillement de ses troupes. Maximilien désire gouverner dans un pays apaisé. Son geste d’associer des opposants à sa gouvernance le prouve(264). De plus, Bazaine et Maximilien ont chacun la volonté de voir l’expédition durer plus longtemps. Maximilien sait que sans l’armée française et le soutien de Napoléon III son régime a de fortes chances de disparaître. Bazaine de son côté se serait bien vu occuper des fonctions importantes au Mexique comme celles d’ambassadeur ou de gouverneur. Il est vrai que l’expédition du Mexique donne un nouvel élan à sa carrière. Fort de ses succès militaires, il prend la tête du corps expéditionnaire français puis est nommé dans la foulée maréchal et sénateur du Second Empire. Il est aussi plusieurs fois décoré(265). Bazaine jouit d’un poids politique en plus de ses fonctions militaires éminentes. Il s’enracine au Mexique en épousant une jeune mexicaine de 17 ans. Le 30 mai 1865, il informe l’ensemble des troupes de ses intentions de se marier avec Mademoiselle Maria Josepha de la Peńa(266). Maximilien leur offre même le palais de Buena Vista en guise de résidence. Cet aspect privé de la vie de Bazaine éclaire sous un autre jour l’énergie qu’il met pour mener à bien le chantier représenté par la création d’une gendarmerie mexicaine. Il s’agit pour lui d’appliquer des ordres directs, certes, mais aussi d’œuvrer pour le pays mexicain auquel il est très attaché. Cependant, le gouvernement français ne peut pas se permettre de prolonger trop longtemps son expédition mexicaine. Dès le mois de janvier 1866, Napoléon III cherche à retirer ses troupes. Le 15 janvier 1866, la mission Saillard, du nom du diplomate français envoyé par Napoléon III, fait état à Maximilien de la nécessité pour l’empereur Français de retirer ses troupes. Il s’ensuit la mission Castelnau-Dano en février 1866, pour mettre en place le rapatriement de l’armée. L’aventure mexicaine de Bazaine doit s’achever. Celui-ci finit par être rapatrié en France avec sa nouvelle épouse en janvier 1867, sur ordre d’un Napoléon III, agacé de voir un de ses maréchaux traîner les pieds face à l’exécution de ses instructions.

Ainsi, la cohabitation entre les deux personnages les plus importants du nouvel Empire Mexicain est conflictuelle. Les décisions de Maximilien sont plus que discutables. Bazaine est déchiré entre sa frustration de ne pas occuper de plus hautes fonctions au Mexique, son enracinement dans ce pays et la nécessité d’appliquer les ordres de Napoléon III. Le retrait français est donc décidé au début de l’année 1866, alors que les objectifs n’ont pas tous été atteints au Mexique. L’Empire de Maximilien n’est pas solidement installé, la guérilla se poursuit et la gendarmerie mexicaine est encore naissante, donc faible.

La fin de l’expédition

La fin de l’expédition est très agitée. La rumeur du retrait français se répand très vite et la guérilla juariste monte en puissance.

1866 est l’année de victoires mexicaines, avec les batailles de Bagdad en janvier 1866 et de la Carbonnera en octobre 1866. La ville de Bagdad, située au Nord du Mexique, à l’embouchure du Rio Grande, est un point de communication entre les États-Unis et le Mexique. Cette cité est un lieu stratégique puisqu’elle constitue un point de passage de l’aide américaine destinée aux forces de Juarez. Les États-Unis, qui sortent petit à petit de la guerre de Sécession, chassent les forces hostiles installées à leur frontière avec le Mexique et y massent leurs troupes. La pression exercée sur les Français s’accroît de plus en plus. Les États-Unis font valoir la doctrine Monroe, selon laquelle les États-Unis sont hostiles à toute forme de tentative de colonisation du continent américain par des puissances européennes(267). La doctrine Monroe prévoit également que toute intervention européenne sur le continent américain est considérée comme la preuve d’une attitude hostile envers les États-Unis. La France était prévenue, mais Napoléon III entendait profiter des troubles intérieurs aux États-Unis pour mener à bien son expédition mexicaine. Les États-Unis, sortis de la guerre de Sécession, reviennent sur la scène internationale et menacent les Français. Les Juaristes assistés des Américains mettent en déroute les troupes franco-mexicaines lors de la bataille de Bagdad. Les renforts envoyés sont décimés par la maladie et par les attaques menées par la guérilla et les mercenaires américains. L’échec est incontestable. Le message envoyé aux Français est clair : Juarez n’est pas seul. Napoléon III sait que la France ne peut soutenir un effort de guerre contre les États-Unis. La France s’incline en commençant le rapatriement de son armée dès février 1866. La défaite de la bataille de Bagdad marque un tournant dans l’expédition.

De même, la bataille de la Carbonnera, en octobre 1866, anéantit les derniers espoirs français. Le général Porfirio Diaz assiège la ville d’Oaxaca pendant plus de dix jours jusqu’à ce qu’il apprenne qu’une colonne de renfort composée de soldats impériaux marche vers sa position(268). Il décide de prendre de court cette colonne de renfort en allant à sa rencontre. L’effet de surprise est total et la colonne est décimée. Il s’agit de la seconde défaite importante d’une armée organisée face à une guérilla qui, soutenue par les États-Unis, monte en puissance. Suite aux défaites, Napoléon III décide de mettre un terme à son aventure mexicaine. D’autant plus que la situation internationale se dégrade pour la France. En effet, la Prusse écrase l’armée autrichienne (que Napoléon III a refusé de soutenir) à Sadowa en juillet 1866. Les Français craignent la présence d’un voisin trop puissant de l’autre côté du Rhin. La sûreté nationale est donc menacée. La défense du territoire ayant la priorité sur une expédition menée à l’étranger, Napoléon III a besoin de toutes ses forces armées pour défendre le pays en cas d’attaque. Le cas de Bazaine est illustratif. Il est démobilisé du Mexique puis réaffecté à la tête du 3e corps d’armée de Nancy en novembre 1867. Le retrait précipité des troupes françaises au Mexique est donc logique. La durée relativement longue de l’expédition l’est un peu moins.

Dès lors, un certain désordre commence à régner et la gendarmerie mexicaine en est une victime à part entière. Le 13 décembre 1866, Paris décide que tous les militaires français qui se sont engagés dans les corps mexicains, comme les cazadores ou la gendarmerie, doivent rentrer en France(269). C’est porter plus qu’un coup à l’équilibre de la gendarmerie mexicaine, dont une grande partie de l’effectif est constitué de Français, ne serait-ce qu’au niveau des cadres. Même s’il est précisé que ceux qui veulent rester le peuvent, nombreux sont les hommes qui choisissent de quitter le Mexique. Le maréchal des logis Bordy demande par exemple à quitter la gendarmerie mexicaine pour être rapatrié. La situation des cazadores se détériore également. Une circulaire, qui est adressée aux officiers des cazadores par Bazaine à la fin de l’année 1866, témoigne des difficultés françaises :

« L’hostilité des populations devient de plus en plus manifeste et les partisans du gouvernement paraissent diminuer de jour en jour. Je crois donc devoir vous recommander la plus grande prudence et la plus grande vigilance. Vous aurez à lutter contre les embaucheurs qui ne peuvent manquer de circonvenir vos soldats mexicains et les détourner de leurs devoirs, vous aurez même à vous garder contre quelques-uns qui sont dans vos rangs »(270).

Cette crainte des insoumissions, des désertions et des rébellions est palpable et vaut aussi pour la gendarmerie mexicaine. Les militaires français sont obligés de quitter les corps mexicains. En 1867, le nombre de bataillons de cazadores passe de neuf à deux. Les problèmes de financement expliquent, avec le départ des éléments français, la réduction de ces bataillons. En 1867, le retrait français s’accentue encore. Le 5 janvier, une circulaire précise que « tous les militaires français encore liés au service qui sont entrés dans la première compagnie de gendarmerie devront quitter immédiatement la gendarmerie pour rentrer dans l’armée française »(271). Les troupes doivent se rassembler à Mexico avant de rejoindre Orizaba et Vera-Cruz.

La date butoir du retrait français est fixée pour février 1867. Le commandement français tient à évacuer les troupes avant la saison des pluies. Juarez ne gêne pas la retraite des troupes françaises. Son objectif est d’attendre le départ total des forces européennes pour reprendre le contrôle du pays. Il est impossible de savoir la proportion de militaires français restant aux côtés de Maximilien. À titre indicatif, après que l’empereur du Mexique eut licencié le corps des Austro-Belges à la fin de l’année 1866, 22 officiers et 170 hommes de troupe sont restés à son service(272).

La gendarmerie mexicaine reste fidèle à Maximilien. Elle paye un lourd tribut lors de la défaite de San Jacinto début février 1867. Miramon, qui a été rappelé d’Europe avec le général Marquez, est à la tête d’un détachement près de Zacatecas. Le général juariste Escobedo lance son offensive contre les troupes impériales et la victoire des forces républicaines est totale. Ce succès est l’occasion pour les Juaristes de se venger et de laisser libre cours à leur haine. Sur les 800 prisonniers faits par les Juaristes, 139 sont français dont une bonne partie de gendarmes impériaux. Une centaine de ces gendarmes impériaux d’origine française est fusillée par les républicains(273). Le frère du général Miramon est également passé par les armes. Cette bataille sanglante demeure le principal fait d’arme de la gendarmerie impériale mexicaine et témoigne de sa fidélité envers l’empereur Maximilien. Grâce à la gendarmerie mexicaine et aux troupes qui l’assistent, l’axe entre Mexico, Puebla et Vera-Cruz reste sous le contrôle de l’Empire Mexicain. Après avoir quitté Mexico à la fin de l’année 1866 pour Orizaba, Maximilien rejoint Quérétaro le 19 février 1867. C’est d’ailleurs à cette date que les gendarmes français d’Orizaba cessent leur service(274). Maximilien rejoint à chaque fois des villes où des brigades de gendarmerie sont organisées, preuve de la confiance qu’il porte à l’arme, preuve aussi de l’efficacité et de la fidélité de la gendarmerie. Les gendarmes mexicains sont l’un des derniers remparts qui subsiste face à l’avancée irrésistible des Juaristes, même si le retrait français a affaibli ce corps. Le retrait des troupes françaises est total en mars 1867(275).

Le voyage en Europe de l’Impératrice et épouse de Maximilien, Charlotte, pour tenter de convaincre Napoléon III de maintenir ses troupes au Mexique n’y fait rien. Maximilien aurait souhaité abdiquer mais sa femme Charlotte l’en dissuade. Une assemblée réunie pour statuer sur la question préconise d’ailleurs à l’empereur du Mexique de conserver son trône. Malgré les incitations de Napoléon III, Maximilien décide de rester au Mexique et de se retrancher dans le bastion conservateur de Quérétaro, entouré de ses derniers fidèles. Il espère, sans grandes illusions, maintenir son régime grâce à son armée réorganisée par les Français avant leur départ. Le général Marquez est chef d’état-major, le général Mejia dirige la cavalerie, le colonel Arellanos commande l’artillerie et le Général Mendez est à la tête d’une brigade mixte de réserve. L’infanterie est désorganisée après la capture de Miramon suite à la défaite de San Jacinto.

Quérétaro est assiégée par les Juaristes dès le 5 mars 1867. Le siège est éprouvant et les troupes impériales souffrent du manque de nourriture. Le moral est au plus bas, à tel point que le colonel Lopez, de l’armée impériale mexicaine, trahit Maximilien en permettant à plus de 30 000 Juaristes massés devant Quérétaro de pénétrer dans la ville. Après 72 jours de siège, Maximilien parvient à s’enfuir avec quelques soldats impériaux et le général Mejia, avant de capituler. L’empereur du Mexique est capturé le 15 mai 1867 dans un cloître où il s’était retranché. Un armistice est alors signé entre les Républicains et les derniers hommes de Maximilien le 19 juin 1867. Maximilien, jugé par un conseil de guerre, est condamné à mort. Napoléon III tente une dernière fois d’intervenir dans les affaires mexicaines pour éviter la mort de celui qu’il avait contribué à placer à la tête du Mexique. La France demande l’aide d’autres nations, mais Juarez refuse les demandes des Britanniques, des Autrichiens et des États-Unis. Maximilien est fusillé en compagnie de ses généraux Miramon et Mejia le 19 juin 1867(276). Le Second Empire du Mexique, son armée, sa gendarmerie sont par là même emportés. Bénito Juarez rétablit la république au Mexique et se fait élire président dès 1867.

CONCLUSION

Ainsi, la « grande pensée » de Napoléon III incarnée par l’expédition mexicaine se termine précipitamment. Les troupes françaises quittent le Mexique sans que la France n’ait pu s’assurer une place influente en Amérique Latine. Peut-on parler d’échec de l’armée française au Mexique ? Il ne le semble pas. L’armée de Napoléon III est considérée comme la meilleure du monde avant le Mexique. Les défaites connues au Mexique sont des batailles perdues n’ayant pas provoqué la déroute totale du corps expéditionnaire français. En revanche, l’armée française quitte le Mexique affaiblie. Près de 38 500 hommes ont été envoyés au Mexique. Environ 8 000 ont trouvé la mort, dont presque 6 650 au combat ou des suites de blessures ; les autres sont morts de maladies. Parmi ces Français tombés au Mexique, 27 gendarmes trouvent la mort durant l’expédition sur un total de 158 déployés au cours de l’intervention française. Il est par ailleurs difficile d’obtenir ces chiffres pour l’armée impériale de Maximilien. L’armée française n’a pas été écrasée au Mexique, mais les organismes ont été mis à très rude épreuve par cette guerre qui, selon le médecin-major Aronssohn, est « une campagne de Juif errant pas de soldat »(277).

Les efforts français ne sont pas suffisants pour enraciner le Second Empire du Mexique et l’imposer à l’ensemble de la société mexicaine. Maximilien accumule les maladresses alors que la guérilla juariste monte en puissance. L’empereur, attendu par les conservateurs, ne parvient pas à conquérir l’ensemble de la société mexicaine. Les Indiens, qui constituent la majorité de la population mexicaine mais n’y sont pas intégrés, fascinent autant qu’ils inquiètent.

Les Français s’appuient sur ces hommes pour maintenir l’ordre au Mexique, mais aussi pour traquer les dissidents. Beaucoup de tribus indiennes sont armées et sollicitées par les Français. Maximilien ne parvient pas à homogénéiser cette société mexicaine. Finalement, malgré quelques réussites, la greffe ne prend pas.

La gendarmerie impériale mexicaine est indiscutablement un pur produit français. Malgré de nombreux obstacles, ce corps devient la principale force de sécurité intérieure. Les forces locales sont reléguées au second plan ce qui n’empêche pas certaines confusions. Ainsi, des unités locales portant le nom de gendarmerie, établies bien avant la gendarmerie impériale, survivent à la réorganisation entreprise par les dirigeants français. La situation des gendarmeries de Puebla et de Tula est originale. Ces corps jouissent d’un certain prestige auprès des autorités françaises, Ces dernières leur font confiance et les maintiennent, malgré la mise en place de la gendarmerie impériale. Les brigades de gendarmerie sont certes réparties sur l’ensemble du territoire, mais elles sont pour la majorité d’entres elles concentrées autour de Mexico. Le processus de couverture du territoire n’est donc pas totalement abouti dans un pays qui, quoi qu’il en soit, n’est pas totalement contrôlé par les forces françaises et les forces de Maximilien. La question des résultats obtenus par la gendarmerie impériale mexicaine reste en suspend. Probablement n’y a-t-il pas assez de recul entre le moment où les brigades sont effectives et le moment où les Juaristes emportent le Second Empire du Mexique et son souverain. Néanmoins, certaines critiques, dont on trouve des traces dans les archives, sont formulées. Par exemple, la gendarmerie de Mexico est fustigée, en particulier pour son activité de « surveillance souvent aveugle et trop peu sévère »(278). Il est vrai que le retrait français porte un coup important à la gendarmerie mexicaine. Certains de ses éléments sont rappelés sous les drapeaux français et la tutelle française, jusque-là indispensable, est rompue. La gendarmerie impériale mexicaine continue son service après le retrait français puisque les derniers gendarmes impériaux de Quérétaro restent aux côtés de Maximilien jusqu’à ce que la ville tombe aux mains des Juaristes.

Qu’advient-il de la gendarmerie impériale mexicaine après la chute de Maximilien ? Le rapport du capitaine Meunier de mars 1873 est un bon indicateur pour analyser ce qui reste du passage français au Mexique après l’Empire de Maximilien et le retour au pouvoir de Juarez(279). D’un point de vue administratif, le Mexique reste un État fédéral. Chaque province est divisée en cantons où un préfet incarne le pouvoir. Sur le plan militaire, le capitaine Meunier démontre que l’armée est organisée selon un système binaire. D’un côté l’armée régulière aux ordres du président, de l’autre la milice aux ordres des gouverneurs locaux. L’armée régulière est organisée, en partie armée et habillée, comme l’armée française. L’héritage français est moins remarquable en ce qui concerne les forces locales qui semblent avoir repris plus d’importance avec le retour au pouvoir de Juarez. Ce retour des forces régionales paraît s’être fait au détriment d’une force de sécurité intérieure comparable à la gendarmerie. Le capitaine Meunier souligne que « le Mexique est le pays dans lequel le brigandage a atteint les proportions les plus larges et les plus redoutables »(280). Simple constat ou moyen de dévaloriser les Mexicains qui n’ont pas de savoir-faire en matière sécurité intérieure ? Dans tous les cas, le ton adopté par le capitaine Meunier dans la suite de son rapport est quelque peu méprisant. Selon lui, l’armée, dont les cadres sont indignes, est dans les faits en désordre. Le Mexique n’aurait alors aucun avenir politique en restant « indépendant ». Il affirme que les Mexicains ne détestent pas les Français et conservent même une certaine satisfaction d’avoir pu reproduire le modèle administratif et militaire de la France.

Concernant d’éventuelles résurgences de la gendarmerie mexicaine, il faut signaler que Juarez avait eu tout juste le temps en 1861 de créer une gendarmerie. La Guardia Rural du Mexique est instaurée sur le modèle de la Guardia Civil espagnole, qui elle-même s’inspire du modèle de… la gendarmerie française ! Cette Guardia Rural mexicaine est encore embryonnaire au moment du débarquement des puissances européennes en décembre 1861. Certains membres de la Guardia Rural, les Rurales, prennent part aux combats. Le modèle de la gendarmerie impériale mexicaine ne remplacera jamais la Guardia Rural après le retrait français. La Guardia Rural devient plus puissante sous la présidence de Porfirio Diaz entre 1876 et 1911. Mais, petit à petit, ce corps perd de sa superbe, pour être finalement dissous en juillet 1914(281).

L’héritage français concernant la force de sécurité intérieure est donc bien présent au Mexique, mais de manière détournée. Il ne faut pas voir en l’exportation du modèle de gendarmerie française au Mexique une simple tentative audacieuse. Bien plus, la création d’une gendarmerie impériale mexicaine, sur le modèle de la gendarmerie impériale française, est une réalité. Cette exportation n’est pas un acte isolé et s’inscrit dans un processus politique, économique et militaire bien plus large. Mais la gendarmerie impériale mexicaine pouvait-elle survivre au départ français puis à la chute de Maximilien ? Contrairement à la France où la gendarmerie survit, parfois avec plus ou moins de facilités aux changements de régime, la gendarmerie mexicaine, laissée au Mexique par les Français, ne résiste pas au retour de la République.

ANNEXES

Document n° 1 - Napoléon III, « le petit » ?

Image83244.PNG

Napoléon III traversant le continent américain sur sa mule mexicaine, « la une » du New York Times, 7 mars 1863.

Napoléon III est tourné en dérision par les États-Unis. La différence entre les deux représentations des deux Empereurs est hautement significative.

Une manière de montrer que Napoléon III ne sera jamais à la hauteur de son illustre ancêtre malgré toutes ses campagnes ?

Ou bien, manière pour les Américains de rabaisser un adversaire qu’ils craignent ?

Image83299.PNG

Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard, David, 1800.

Document n° 2 - Les principaux acteurs de l’aventure française au Mexique

Image83344.PNG

Napoléon III, empereur des Français

Image83353.PNG

Maximilien et sa femme Charlotte

Image83392.PNG

Le Maréchal Bazaine

Image83428.PNG

Benito Juarez

Document n° 3 - Le Mexique et la répartition des brigades de gendarmerie

Image83465.PNG

Capitale (Mexico)

Principales villes où sont organisées les compagnies de gendarmerie. (Les trois grandes compagnies de gendarmerie mexicaines sont basées à Mexico, Puebla et Cordova)

Autres villes abritant des brigades de gendarmerie (ne figurent pas la brigade de Paso Del Macho dans le district de Vera-Cruz ni celle de Tapéji située entre Tula et Mexico).

● Autres grandes villes mexicaines.

Sources : Organisation de l’armée mexicaine, SHD/DAT G7107.

Document n° 4 - Chronologie indicative

1861

Juillet : Rupture des relations diplomatiques entre Juarez et les puissances européennes en raison de la décision de Juarez de ne plus rembourser la dette mexicaine.

Décembre : Débarquement des forces européennes à Vera-Cruz. Les premiers gendarmes prévôtaux français arrivent au Mexique.

1862

Février : Convention de la Soledad établissant un accord sur le remboursement de la dette mexicaine.

Avril : Rupture de l’alliance tripartite européenne. La France décide de maintenir ses troupes au Mexique alors que les Espagnols et les Britanniques quittent le pays.

L’amiral Jurien de la Gravière, commandant les troupes françaises est rappelé en France. Il est remplacé par le général de Lorencez.

Mai : Première bataille de Puebla, échec du général de Lorencez. Juillet : Malgré quelques succès militaires le général de Lorencez est remplacé dans ses fonctions par le général Forey.

1863

Mars : Début du siège de Puebla.

Mai : Bazaine s’illustre aux combats de San Lorenzo.

Fin du siège de Puebla, la ville se rend, victoire française.

À la fin du mois, Juarez quitte Mexico et commence sa cavale dans le pays.

Juin : Les troupes françaises entrent dans Mexico.

Juillet : le 10, l’Empire est proclamé au Mexique.

Octobre : Bazaine est nommé commandant du corps expéditionnaire du Mexique.

1864

Février : Juarez se réfugie à Monterey (Nord du pays).

Avril : Convention de Miramar définissant les modalités de la présence des troupes françaises au Mexique. Il est prévu de laisser la légion étrangère à disposition de Maximilien.

Mai : le 28, Maximilien arrive au Mexique.

Septembre : Bazaine est élevé à la dignité de maréchal

Novembre : Décret portant sur la réorganisation des forces locales mexicaines.

1865

Janvier : Le 26, est promulguée la loi organique de l’armée impériale mexicaine. La création d’une gendarmerie mexicaine est envisagée. Février : Liberté des cultes.

Mai : Le chef d’escadron Lamarche reçoit le soutien actif de Bazaine pour organiser une gendarmerie au Mexique.

Août : Lamarche doit être remplacé par le colonel Lafon. En attendant, le lieutenant-colonel de Tindal assure les fonctions de commandant de la gendarmerie mexicaine et poursuit les travaux d’organisation de ce corps.

Hiver : Le colonel Lafon prend ses fonctions.

1866

Janvier : Mission Saillard pour discuter du retrait français.

Février : Mission Castelnau-Dano pour organiser le rapatriement de l’armée française.

Juillet : L’Impératrice Charlotte part pour l’Europe pour tenter de convaincre Napoléon III de laisser ses troupes au Mexique.

Convention franco-mexicaine, la France reçoit la moitié des recettes des douanes mexicaines.

Mars : La première compagnie de gendarmerie impériale mexicaine basée à Mexico et composée de 130 hommes est opérationnelle.

Août : La seconde compagnie de gendarmerie impériale mexicaine basée à Puebla et composée d’une centaine d’hommes est opérationnelle.

Octobre : Maximilien quitte Mexico pour Orizaba. Le colonel Lafon victime d’une enquête interne est remplacé par le lieutenant-colonel de Tindal.

Novembre : La troisième et dernière compagnie de gendarmerie impériale mexicaine basée à Cordova et composée de 124 hommes est opérationnelle.

Retour des généraux Miramon et Marquez envoyés en Europe par Maximilien qui affirme qu’il restera au Mexique et qu’il n’abdiquera pas.

1867

Février : Le 1er, bataille de San Jacinto. Défaite des troupes impériales, Miramon est fait prisonnier. Une centaine de gendarmes impériaux sont exécutés par les Juaristes.

Le 19, Maximilien se retranche dans la ville conservatrice de Quérétaro. Les gendarmes d’Orizaba cessent leur service.

Mars : Départ total des Français.

Mai : Le 15, Maximilien est capturé à Quérétaro.

Juin : Le 19, Maximilien est exécuté aux côtés des généraux Miramon et Mejia. Fin du Second Empire Mexicain et de sa gendarmerie impériale.

Document n° 5 - Extrait de l’ordonnance du 7 novembre 1864

Prise en compte de l’insécurité. Demande aux populations de se défendre elles-mêmes. Mise en place d’une garde rurale mobile et stable.

Article 4- « L’âge des hommes destinés à la garde mobile ne devra pas dépasser quarante ans et cinquante ans pour ceux de la garde stable » Les officiers sont nommés par l’empereur, les sous-officiers nommés par les préfets. Leur uniforme sera connu en temps voulu.

Article 15- Les forces rurales devront se réorganiser en fonction de ces lois même s’il y en a déjà qui sont en service.

Article 21- Il est prévu qu’un inspecteur de la garde soit nommé.

Article 22- La garde rurale a aussi le devoir de surveiller de préférence les routes et les propriétés tout en poursuivant les malfaiteurs.

Article 25- La création de la garde prend effet immédiatement et dans un délai de un mois. Elle doit englober les resguardos, forces publiques, gardes civiles, etc.

Sources : Organisation de l’armée mexicaine, SHD/DAT G7106.

Document n° 6 - Illustration représentant un membre des gardes rurales mexicaines

Image83510.PNG

Sources : Armée mexicaine, illustration faisant référence à un garde rural, SHD/DAT, G7134.

Document n° 7 - Division militaire du territoire mexicain (décret de 1864, article 11)

Le territoire de l’Empire sera divisé en sept divisions territoriales militaires qui seront subdivisées comme il suit :

- 1re division : chef-lieu Mexico, cinq subdivisions :

Mexico (vallée de Mexico, Iturbide, Foluca)

Chilpancingo (Anahuac, Guerrero)

Colima (Colima, Morelos, Quiroga)

Morelia (Michoacan)

Julancingo (Cuautemoc)

- 2e division : Puebla, trois subdivisions :

Puebla (Puebla, Jlacala, Las Casas)

Veracruz (Veracruz, Colon)

Oajaca (Oajaca, Cortes, Iehuantepec)

- 3e division : Guadalajara, cinq subdivisions :

Guadalajara (Ialisco, Motolima, Aguascaliente)

Zacatecas (Zacatecas, Nayarit)

San Luis Potosi (San luis Potosi, Revillagigedo)

Guanajuato (Quéretaro, Guanajuato)

Sombrete (Humboldt)

- 4e divison : Monterey, trois subdivisions :

Monterey (Nuevo Leon, Metamoros)

Monelova (Mapimi, Coahuila)

Tampico (Jamaulipas)

- 5e division : Durango, deux subdivisions :

Durango (Durango, Jepehuana)

Chihuahua (Hidalgo, Jimenez)

- 6e division : Culiacan, trois subdivisions :

Culiacan (Sinaloa, Ysabel)

Ures (Sonora, Kino, Ostimuni)

Lapaz (california)

- 7e division : Merida, cinq subdivisions :

Campeche (Campeche)

Merida (Iuacatan)

Carmen

San Juan Bta (Tabasco)

San Cristobal (Chiapas)

Sources : Armée mexicaine, décret de 1864, article 11, SHD/DAT G7134.

Document n° 8 - Tableau des effectifs théoriques et de la rémunération prévue pour la gendarmerie mexicaine

Effectif théorique

Solde l’année en pesos)

Total

Colonel ou Lieutenant-colonel

1

282 000 $ ou

264 000 $

282 000 $ ou

264 000 $

Chef d’Escadron

3

222 000 $

666 000 $

Capitaine

12

174 000 $

2 088 000 $

Lieutenant ou Sous-lieutenant

12

148 800 $ ou

136 800 $

1 785 600 $

Adjudant

4

62 900 $

251 600 $

Sergent-major

20

52 900 $

1 058 000 $

Sergent à cheval

70

46 900 $

3 283 000 $

Sergent à pied

10

40 900 $

409 000 $

Caporal à cheval

94

42 200 $

3 966 800 $

Caporal à pied

16

36 200 $

579 200 $

Gendarme à cheval

1530

36 700 $

56 151 000 $

Gendarme à pied

178

30 700 $

5 464 600 $

Total

2247

1 176 200 $ (au plus)

75 984 800 $ (au plus)

Sources : Extrait du journal « l’Ère Nouvelle » du 29 janvier 1865, SHD/DAT G7135.

Document n° 9 - Armement du gendarme français sous le Second Empire

Image83817.PNG

Fusil d’infanterie modèle 1857

Image83826.PNG

Pistolet réglementaire de gendarmerie modèle 1842

Image83833.PNG

Mousqueton modèle 1829

Sources : http://armesfrancaises.free.fr

Document n° 10 - Uniforme du gendarme départemental français sous le Second Empire

Image83842.PNG

Sources : http ://eugene.bigotte.pagesperso-orange.fr

Document n° 11 - Uniforme du fantassin français du Second Empire

Image83849.PNG

Sources : http://www.military-photos.com

Document n° 12 - Photographie du colonel Dupin

Image83930.PNG

Sources : Image tirée de la revue Pages de l’Empire Français, n° 38 de novembre-décembre 1943.

Document n° 13 - Les médailles de l’expédition du Mexique

Cette médaille est distribuée à partir de 1863 à tous les Français ayant pris part à la campagne du Mexique. Sur le côté face est représenté le profil de Napoléon III. Sur le revers figurent les noms des principales batailles de l’expédition. Sur le ruban est brodé l’aigle mexicain. D’autres médailles non officielles seront par la suite frappées par des groupes d’anciens combattants.

Image83947.PNG

L’ordre de la Santa Guadalupe est fondé en 1822 par l’Empereur Augustin avant de disparaître avec l’Empire. Cette distinction fut reprise par Santa Anna en 1853 avant d’être une nouvelle fois supprimée. Maximilien en fait ensuite la principale décoration de son régime. Tout un symbole.

Image84019.PNG

Document n° 14 - Les derniers moments de Maximilien empereur du Mexique, Jean-Paul Laurens, 1882.

Image84027.PNG

Les derniers instants de Maximilien avant sa capture dans un cloître de Quérétaro sont ici représentés. L’abattement du prêtre traduit la déception des cléricaux et des conservateurs suite à l’arrestation de l’empereur en qui ils avaient placé tant d’espoirs.

Document n° 15 - L’exécution de Maximilien, Manet, 1867

Image84037.PNG

Maximilien au centre de l’image est en quelque sorte déifié. Au centre des condamnés, il n’est pas le premier touché par les balles des Juaristes. Le sombrero qu’il porte laisse croire à une auréole. Il est important de signaler que Manet a décidé de représenter le peloton d’exécution habillé avec des uniformes qui ressemblent à ceux du Second Empire Français. À ce propos, le soldat détaché du peloton à droite porte un képi rouge caractéristique de la coiffe des soldats du Second Empire. De plus, ce soldat qui recharge son fusil confère tout un intérêt politique à cette toile. Manet, en donnant les traits du visage de Napoléon III au visage de ce soldat mexicain, se fait l’écho de la presse de l’époque pour qui Napoléon III avait contribué à la mort de Maximilien en refusant de maintenir ses troupes au Mexique. Le tout se passe sous les yeux du peuple Mexicain représenté à part, séparé de ces événements par un mur.

Document n° 16 - La bataille de Camerone et l’engagement du régiment étranger

Image84213.PNG

Camerone, la fin du combat, Jean-Adolphe Beaucé.

Cette huile de 1869 montre le combat qu’ont livré les troupes du régiment étranger. Cette bataille reste l’une des plus célèbres de la campagne du Mexique. Le régiment étranger avait reçu la mission d’escorter les convois de ravitaillement. Dans la nuit du 29 au 30 avril 1863, la 3e compagnie du régiment étranger se met en marche pour aller au-devant d’un convoi. Les soixante hommes de cette compagnie encadrés par le capitaine Danjou, les sous-lieutenants Maudet et Vilain, sont pris à parti par l’ennemi au matin du 30 avril. Le capitaine Danjou organise une résistance vigoureuse infligeant de nombreuses pertes à l’ennemi. Cette défense solide permet au détachement de se retrancher dans l’auberge de Camerone dans le but de fixer les troupes mexicaines. Les hommes du capitaine Danjou font le serment de ne pas se rendre et résistent face à près de 2 000 assaillants. Vers midi le capitaine Danjou est mortellement touché, deux heures après c’est au tour du sous-lieutenant Vilain. Les Mexicains augmentent la pression et parviennent à se rapprocher de l’auberge et à y mettre le feu. Les légionnaires, qui refusent toujours de se rendre, tiennent bon mais les pertes s’accumulent. Les Mexicains se rassemblent alors pour donner l’assaut final. Rapidement le sous-lieutenant Maudet n’est plus entouré que par cinq hommes, dos à un mur dans la cour de l’auberge comme l’illustre le tableau ci-dessus. Il donne l’ordre à ses soldats de visser les baïonnettes et de conserver chacun une cartouche. Au moment où les ennemis approchent, les Français tirent leur dernière cartouche à bout portant et chargent à la baïonnette. Le sous-lieutenant Maudet est tué avec deux de ses hommes. Les deux derniers légionnaires acceptent de se rendre à condition de garder leurs armes et de pouvoir s’occuper des blessés. Après ces onze heures de siège, le chef mexicain leur aurait rétorqué : « on ne peut rien refuser à des hommes comme vous ». Le nom de Camerone est inscrit en lettres d’or sur le drapeau du régiment étranger devenu aujourd’hui légion étrangère. Cette bataille fait l’objet de commémorations militaires franco-mexicaines toujours importantes. En hommage au sacrifice des hommes du capitaine Danjou, un monument a été élevé sur place au Mexique portant l’inscription célèbre : « Ils furent ici moins de soixante opposés à toute une armée, sa masse les écrasa. La vie plutôt que le courage abandonnât ces soldats français le 30 avril 1863 ».

Sources : site non-officiel de la légion étrangère, http://legia.cudzoziemska.free.fr.

Document n° 17 - La réorganisation des forces de sécurité intérieure mexicaines

91944.png

Document n° 18 - Organisation de la gendarmerie impériale mexicaine

91956.png

SOURCES

Archives du Service historique de la Défense de Vincennes

Série G7

- Carton 89 : Mémoires ; cartes du Mexique ; documents divers ; pertes. Ce carton renferme de nombreuses données géographiques et médicales, très intéressantes pour comprendre le théâtre mexicain.

- Carton 92 : Troupes à laisser au gouvernement mexicain. Dans ce carton sont regroupées les demandes faites par les militaires français pour rester à disposition du gouvernement mexicain. Les demandes formulées pour rejoindre la gendarmerie sont présentes, ainsi que les autorisations et les refus des autorités. Ces fiches sont très utiles pour se faire une idée du recrutement, des critères en place mais aussi de la proportion de Français rejoignant la gendarmerie mexicaine.

- Carton 94 : Militaires amputés et blessés. Ce carton permet de dresser un état des lieux des pertes. Néanmoins peu d’éléments concernent la gendarmerie.

- Cartons 106 à 108 : Affaires mexicaines ; organisation de l’armée mexicaine.

Ces cartons font partie des plus riches et permettent de suivre l’avancée des opérations à partir du débarquement. De nombreuses références à la gendarmerie y sont faites. Ces documents sont surtout utiles pour voir de quelle façon les ordres sont appliqués mais aussi pour étudier le traitement fait aux forces locales comme les resguardos.

- Cartons 100 : État-Major général, correspondances diverses, correspondances pendant l’expédition d’Oajaca, correspondances pendant la campagne de l’intérieur, correspondances pendant l’expédition de 1866. Quelques éléments concernant les gendarmeries de Puebla et Tula y ont été trouvés. Plusieurs documents traitent de la prévôté et pourraient être utiles à une étude précise sur le sujet.

- Cartons 120 et 121 : registre des commandements supérieurs de Guadalajara ; Monterey-Quérétaro ; San-Luis-de-la-Paz ; San-Luis-Potosi ; Yanhuittan ; Zacatecas ; Oajaca.

Aucun élément concernant la gendarmerie mexicaine n’a été trouvé dans ces cartons. Le contraire aurait pu être attendu notamment concernant les places de Quérétaro (où tout porte à croire qu’une brigade est organisée) et Guadalajara (où une brigade est organisée). Les registres de ces différentes localités sont pour la majorité mal écrits et, quand cela est possible, difficiles à lire. Néanmoins, ces registres livrent quelques éléments sur les forces locales et sur les forces adverses à Maximilien.

- Cartons 134 et 135 : Armée mexicaine.

Dans ces cartons figurent toute l’influence française concernant la réorganisation de l’armée mexicaine surtout d’un point de vue politique. De même pour la gendarmerie mexicaine, la mise en place progressive de cette arme figure ici.

- Cartons 136 à 140 : Corps expéditionnaire ; personnel.

Ces cartons font état de la situation des militaires français servant au Mexique. Les mutations, les démobilisations sont mentionnées mais aussi quelques faits d’arme et des dossiers disciplinaires. Ces cartons sont un observatoire original de l’action de la gendarmerie mais aussi des hommes qui la composent.

- Cartons 235 : Armée mexicaine (volontaires austro-belges, escadrons légers de la frontière, régiment et ranger, bataillon de cazadorès)

Rien ne concerne le sujet à proprement parler dans ces cartons qui renferment surtout des documents sur la contre-guérilla. Néanmoins, on y trouve les demandes émanant des soldats des régiments français souhaitant rejoindre les bataillons de Cazadorès ou l’administration mexicaine. Sont regroupés les registres précis sur le 5e et le 6e bataillon de Cazadorès, ce qui est idéal pour faire une approche prosopographique lors d’un travail sur la contre-guérilla.

- Carton 236 : Ordres généraux, transports, renforts, etc. Quelques menus éléments traitant du sujet ont été trouvés dans ce carton. Cependant, ce carton dévoile quelques éléments sur la création de « compagnies franches ».

Registres de contrôle des troupes de la force publique au Mexique :

– 42 YC 86 et 42 YC 87

Les registres de contrôle de la force publique du Mexique contiennent tous les éléments pour mener une étude prosopographique de la prévôté. Même si cela n’est pas le cœur du sujet, il est très utile d’avoir des repères sur cette prévôté qui fournira des cadres et des hommes à la nouvelle gendarmerie mexicaine.

Dossiers de pension :

– 4 YF 52515, Chavannes de Chastel Pierre, Eugène

– 4 YF 98131, Lamarche Georges

Ces dossiers de pension fournissent un éclairage intéressant sur les officiers ayant eu des responsabilités dans la gendarmerie française, mais aussi mexicaine. Il est utile de connaître le parcours de certains hommes mais aussi d’avoir de plus grandes précisions sur leur service au Mexique (durée, faits d’armes, démobilisations, l’après Mexique…). D’autres dossiers d’officiers méritent d’être exploités et apporteraient plus de précisions et de teneur aux analyses comme celui du colonel Lafon, du lieutenant-colonel de Tindal, du commandant Chenet, du commandant Laurent, du capitaine Roud, du capitaine Trinité-Vidal.

Sources imprimées

L’Amérique latine et centrale

CHEVALIER Michel, Le Mexique ancien et moderne, Paris, Hachette, 1863, 622 p.

DOMENECH Emmanuel (abbé), Le Mexique tel qu’il est : la vérité sur son climat, ses habitants et son gouvernement, Paris, E. Dentu, 1867, 351 p.

PRIM (général), Le sénat, les cortès et la presse espagnole dans la question du Mexique, Paris, Dentu, 1863, 171 p.

L’expédition du Mexique

BARRAIL François du (général), Mes souvenirs, tome 2 (1851-1864) et tome 3 (1864-1879), Paris, Plon, 1896, 516 p. et 612 p.

BLANCHOT Ch. (colonel), Mémoire. L’intervention française au Mexique, Paris, E. Noury, 1911, 3 volumes.

BOURDEAU (colonel), La guerre au Mexique. Journal de marche du 7e régiment d’infanterie (1863-1867), Paris, P. Chapelot, 1906, 267 p.

BRINCOURT Pierre (général), Lettres du Général Brincourt (1823-1909) publiées par son fils, Paris, Plon, 1923, 431 p.

GRODVOLLE Myrtil, Lettres du Mexique 1862-1866, éditées par Jean Rollet, Paris, La nef de Paris, 1965, 338 p.

LANUSSE (Mgr), Des Braves, Paris, Flammarion, 1870, 380 p. LEDEME Philippe, Lettres à sa famille pendant les campagnes de Crimée et du Mexique, s.l., Montligeon, 1905.

LOIZILLON (lieutenant-colonel), Lettres sur l’expédition du Mexique publiées par sa sœur, Paris, Baudoin, 1890, 446 p.

MARTIN (lieutenant), Historique du 2e régiment de tirailleurs algériens rédigé sur l’ordre du colonel, Paris, Lavauzelle, 1874, 551 p. MISMER Charles, Souvenirs de la Martinique et du Mexique pendant l’intervention française, Paris, Hachette, 1890, 290 p.

NOIR Louis, Campagne du Mexique, souvenir d’un zouave, tome 2, Paris, A. Favre, 224 p.

NIOX G. (capitaine), Expédition du Mexique, 1861-1867. Récit politique et militaire, Paris, Dumaine, 1874, 770 p.

SUCKAU Henri (de), Deux interventions en Amérique : Mexique et Honduras, s. l., E. Dentu, 1869, 144 p.

THOUMAS Charles (général), Récits de guerre 1862-1867. Les Français au Mexique, Paris, Librairie Blond et Barral, s. d., 450 p. VALLIER (capitaine), Historique des troupes coloniales. Campagne du Mexique (extrait de la Revue des troupes coloniales), Paris, Lavauzelle, 1908, 182 p.

VAN DER SMISSEN Alfred, Souvenir du Mexique 1864-1867, Bruxelles, J-B. Lebègue, 232 p.

VANSON (général), Crimée, Italie, Mexique. Lettres de campagne (1854-1862) précédées d’une note biographique, Paris, Berger-Levrault, 1905, 327 p.

L’Empire de Maximilien

BASCH Samuel, Souvenir de Mexico : mémoires du médecin particulier de l’Empereur Maximilien, Paris, P. Drouard, A. Savine, 1889, 338 p.

GAULOT Paul, Rêve d’empire, Paris, Librairie P. Ollendorf, 9e édition, 1889, 338 p.

GAULOT Paul, L’empire de Maximilien (la vérité sur l’expédition du Mexique d’après les documents inédits d’Ernest Louet, payeur en chef du corps expéditionnaire), Paris, P. Ollendorff, 1890, 339 p.

GAULOT Paul, L’empire de Maximilien (la vérité sur l’expédition du Mexique d’après les documents inédits d’Ernest Louet, payeur en chef du corps expéditionnaire), Paris, P. Ollendorff, nouvelle édition, 1906, 2 volumes 444 p. et 574 p.

HANS Albert, La Guerre au Mexique selon les Mexicains, Paris, Berge-Levault et Cie, 66 p.

HANS Albert, Querétaro. Souvenirs d’un officier de l’empereur Maximilien, Paris, E. Dentu, 1869, 354 p.

SCHRYNMAKERS A., Le Mexique : histoire de l’établissement et de la chute de Maximilien, Bruxelles, Decq & Duhent, 1882

BIBLIOGRAPHIE

I. Instruments de travail

LUC Jean-Noël (dir), Histoire de la maréchaussée et de la gendarmerie. Guide de recherche, Maison-Alfort, SHGN, 2005.

TULARD Jean (dir), Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1995, 1347 p.

II. Histoire militaire

BERTAUD Jean-Paul, SERMAN William, Nouvelle histoire militaire de la France, 1789-1919, Paris, Fayard, 1998, 855 p.

CORVISIER Alain, DELMAS Jean (dir.), Histoire militaire de la France, Vol II « 1715 à 1871 », Paris, PUF, 1997, 640 p.

DELPÉRIER Louis, L’armée de Napoléon III, s. l., Éditions du Coteau, 2011, 100 p.

DUMONT DE MONTOIS Jacques, Napoléon III et la réorganisation de l’armée de 1866 à 1870, s.l., Imp. Launay, 1996.

FABRE DE NAVACELLE H. (Colonel), Précis des guerres de la France de 1848 à 1885, Paris, Plon, 1890, 385 p.

MARTIN Jean (colonel), Armes à feu de l’armée française : 1860-1940, Paris, Crépin-Leblond, 1974, 459 p.

LORAIN Pierre, Petites histoire des armes à feu et cinquante ans d’armes françaises : 1866-1916, Paris, Sera, 1975, 150 p.

REVOL Jean, Histoire de l’armée française, Paris, Larousse, 1929, 308 p.

III. Histoire générale de l’Amérique latine et du Mexique

CHEVALIER François, L’Amérique latine de l’indépendance à nos jours, Paris, PUF, nouvelle collection Clio, 1977, 548 p.

FERRAUD F., Survol historique des pays d’Amérique latine, Paris, Nouvelles éditions latines, 1959, 325 p.

HAMNETT Brian R., Histoire du Mexique, Paris, Librairie académique Perrin, 2009, 380 p.

PENOT J., Méconnaissance, connaissance et reconnaissance de l’indépendance du Mexique par la France, Paris, Ed. Hispaniques, 1975, 132 p.

PLU-JENVRIN Raphaële, Le Mexique de l’indépendance à la réforme de Juarez (1810-1876), Paris, PUF, 2010, 176 p.

TAPIE R., Histoire de l’Amérique latine au XIXe siècle, Paris, Ed. Montaigne, Aubier, 1945, 296 p.

WEYMULLER François, Histoire du Mexique, Paris, PUF, 1953, 160 p.

IV. Histoire du Second Empire

ANCEAU Éric, Comprendre le Second Empire, Paris, Ed. Saint-Sulpice, 1999, collection « Tranches d’histoire », 191 p.

ANCEAU Éric, Napoléon III, Paris, Tallandier, 2008, 752 p. BARBIER Jean-Baptiste, Outrances sur le Second Empire, s.l., La librairie française, 1956, 512 p.

BARBIER Jean-Baptiste, Mensonges sur le Second Empire, s.l., La librairie française, 1959, 524 p.

BARBIER Jean-Baptiste, Silence sur le Second Empire, s.l., La librairie française, 1962, 286 p.

BATTESTI Michèle, La Marine de Napoléon III : une stratégie navale, Vincennes, Service Historique de la Marine, Vol. I et II, 1997, 1 250 p.

BRUYERE-OSTELLS Walter, Napoléon III et le Second Empire, Paris, Vuibert, 2004, 330 p.

BLAYAU Noël, Billault, ministre de Napoléon III, Paris, Librairie Klinckeck, 1969, 432 p.

COLLECTIF BERNARD GIOVANANGELI ÉDITEUR, Campagnes du Second Empire, Paris, Bernard Giovanangeli éditeur, 2010, 160 p. GOUTTMAN Alain, La guerre de Crimée, 1853-1856. La première guerre moderne, Paris, Perrin, 2003, 438 p.

PLESSIS Alain, Nouvelle Histoire de la France contemporaine : De la fête impériale au mur des fédérés, 1852-1871, Paris, Points Seuil, 1973, 253 p.

SPILLMANN Georges, Napoléon III, prophète méconnu, Paris, Presse de la cité, 1972, 247 p.

V. Histoire de l’expédition du Mexique et de l’Empire de Maximilien

A) Publications antérieures à 1914

DUCHESNE Albert, « L’expédition des volontaires belges au Mexique 1864-1869 », Travaux du centre d’histoire militaire, Bruxelles, 1867, 88 p.

HÉRICAULT Charles d’, Maximilien et le Mexique : histoires des derniers mois de l’Empire Mexicain, Garnier, 1869, 419 p.

KERATRY Émile de, La contre-guérilla française au Mexique, Paris, Librairie internationale, 1869, 313 p.

KERATRY Émile de, L’empereur Maximilien, son élévation et sa chute, Leipzig, Dunker et Humblot, 1867, 323 p.

LA BEDOLLIERE Émile de, Histoire de la guerre du Mexique, Paris, G. Barba, 1866, 80 p.

MASSERAS E., Un essai d’empire au Mexique, Paris, Charpentier, 1879, 440 p.

NIOX G. (capitaine), L’expédition du Mexique 1861-1867. Récit politique et militaire, Paris, Dumaine, 1874, 770 p.

B) Publications postérieures à 1918

ANDRIVON MILTON Sabine, La Martinique, base navale dans le rêve américain de Napoléon III : 1862-1867, Mémoire de maîtrise, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, 1996, 127 p.

AVENEL Jean, La campagne du Mexique (1862-1867) : la fin de l’hégémonie européenne en Amérique du Nord, Paris, Economica, 1996, 194 p.

BRUNON Jean, Camerone, Paris, France-Empire, 1963, 252 p.

CORTI Egon (comte de), Maximilien et Charlotte au Mexique 1860-1865, Vol. I et Vol. II, Paris, Plon, 1927, 473 p. et 389 p.

DELAMARE Georges, L’empire oublié, Paris, Hachette, 1935, 252 p. DELAMARE Georges, La tragédie mexicaine, une faute de Napoléon III, Liège, Thone, 1963.

DUGAST Guy-Alain, Vol I et II, La tentation mexicaine en France au XIXe siècle. L’image du Mexique et l’intervention française (1821-1862) : Les mythiques attraits d’une nation arriérée, Paris, L’Harmattan, 2008, 363 p. et 264 p.

FREDJ Claire, « Écriture des soins, récriture du combat, six médecins militaires français au Mexique (1862-1867) », Revue d’histoire du XIXe s, n°30, 2005, pp. 99-120.

GLANTZ DE LOPEZ-CAMARA M., Le Mexique vu par les Français, 1847-1867, thèse, Paris, Faculté de lettres, 1958. GOUTTMAN Alain, La Guerre du Mexique, 1862-1867, le mirage américain de Napoléon III, Paris, Perrin, 2008, 452 p.

GUYOT Philippe (capitaine), La contre-guérilla du colonel Du Pin au Mexique, extrait du colloque « Les forces spéciales : concept et histoire » (auditorium CNRS, Paris, 11 et 12 juin 2001), 2007, pp. 15-26. LECAILLON Jean-François, La Campagne du Mexique 1862-1867 : récits de soldats, Paris, Bernard Giovanangeli éditeur, 2006, 257 p. LECAILLON Jean-François, Napoléon III et le Mexique, Paris, L’Harmattan, 1994, 260 p.

MARTINIERE Guy, « L’expédition mexicaine de Napoléon III dans l’historiographie française », Revue d’histoire moderne et contemporaine, Janvier-Mars 1974, pp. 142-173.

MEYER Jean, « L’expédition du Mexique d’après les documents et études mexicains », Revue d’histoire moderne et contemporaine, Janvier-Mars 1974, pp. 135-140.

MICARD Étienne, La France au Mexique, étude sur les expéditions militaires, l’influence et le rôle économique de la France au Mexique, précédée d’un aperçu général de la géographie et de l’histoire mexicaines, avec des lettres inédites d’un médecin-major de l’expédition, Paris, Ed. du monde moderne, 1927, 291 p.

MUREZ Jean-Baptiste, L’Emploi opérationnel des Troupes de la Marine dans la campagne du Mexique, mémoire master I, histoire, sous la dir. de Jacques Frémeaux, Université Paris IV-Sorbonne, 2011, 81 p.

SCHEFER C., La grande pensée de Napoléon III. Les origines de l’expédition du Mexique (1858-1862), Paris, Rivière et Cie, 1939, 275 p.

VI. Études sur les Indiens mexicains

LECAILLON Jean-François, « Fondements et illusions de l’indigénisme français au Mexique », Bulletin de l’académie du Second Empire n° 10, mai-juillet 1993, pp. 16-17.

LECAILLON Jean-François, « Mythes et phantasmes au cœur de l’intervention française au Mexique 1862-1867 », L’imaginaire politique en Amérique Latine, Paris, éditions IHEAL, 1er semestre 1990, pp. 69-80.

LECAILLON Jean-François, « Les Indiens et l’intervention : études du comportement des communautés indiennes au Mexique face à l’intervention française (1862-1867) », thèse, histoire, sous la dir. de Fr. Chevalier, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, 1984.

VII. Histoire de la gendarmerie

A) Études générales

ALARY Éric, L’histoire de la gendarmerie, Paris, Calman-Lévy, 2000, 286 p.

BAUDOUIN Nathalie, « La gendarmerie impériale. Les fidèles de Napoléon III », Tradition Magazine hors série n° 11, 74 p.

BOULANT Antoine et LEPETIT Gildas, La gendarmerie sous le Consulat et le Premier Empire, Paris, Ed. Spe-Barthelemy, pp. 96-124. BROUILLET Pascal (dir.), De la maréchaussée à la gendarmerie, Maison-Alfort, SHGN, 2003, 216 p.

CASANOVA Daniel, Gendarmerie : armement et organisation de la France féodale à nos jours, Paris, E.T.A.I., 2011, 144 p.

HOUTE Arnaud-Dominique, Le Métier de gendarme au XIXe siècle, Presses Universitaires de Rennes, 2010, 319 p.

HUON Jean et SCHLINGER Jean-Claude, L’Histoire des armes de la gendarmerie de la maréchaussée à nos jours, s. l., Crépin Leblond, 2007, 291 p.

LARRIEU Louis, Histoire de la maréchaussée et de la gendarmerie : des origines à la IVe République, Paris, Phénix Éditions, 2002, 729 p. LUC Jean-Noël (dir.), Gendarmerie, État et société au XIXe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002, 510 p.

B) Histoire de la gendarmerie hors de la métropole

HABERBUSCH Benoît (capitaine), « Eugène Chavannes de Chastel (1816-1891), un grand prévôt au Mexique », Le Trèfle, n° 128, septembre 2011, p. 67.

HABERBUSCH Benoît (capitaine), « L’emploi de la gendarmerie au Mexique (1861-1867) : force prévôtale ou force de sécurité intérieure ? », Revue historique des armées, 1er trimestre 2010, pp. 3-13.

L’HÉREEC Ronan (aspirant), « La gendarmerie au Mexique », Gend’Info, n° 342, décembre 2011, p. 42.

LEPETIT Gildas (lieutenant), « La Manière la plus efficace de maintenir la tranquillité » ? L’intervention de la gendarmerie impériale en Espagne (1819-1814), thèse, histoire, sous la dir. de J.-N. Luc, Université Paris IV-Sorbonne, 2009, 1082 p.

LORCY Damien, Sous le régime du sabre, la gendarmerie en Algérie (1830-1870), Presses Universitaires de Rennes, 2011, 350 p.

VIII. Sites internet

http://www.historia.fr

http://mapage. noos.fr/jflecaillon/Pages/question_indienne_Michoacan.htm

http://www.worldlingo.com/ma/enwiki/fr/Rurales

(1) Extrait d’une lettre de Bazaine du 10 juin 1864. Affaires mexicaines SHD/DAT G7108.

(2) Jecker est un industriel européen exploitant des mines au Mexique et à qui le gouvernement mexicain doit de l’argent.

(3) Benito Juarez est un homme politique mexicain. Il est républicain et après avoir occupé des postes gouvernementaux, il est emprisonné par ses opposants. Il est libéré en 1858 année où il est élu Président de la République Mexicaine. Il porte les lois dites de la Réforme visant à laïciser le Mexique. Les conservateurs s’y opposent et une guerre civile éclate. Juarez est confirmé dans ses fonctions en 1861.

(4) C’est-à-dire qui s’appuie sur le peuple et sur l’armée.

(5) Benoît Haberbusch (capitaine), « L’emploi de la gendarmerie au Mexique (1861-1867) : force prévôtale ou force de sécurité intérieure ? », Revue historique des armées, 1er trimestre 2010, p. 10.

(6) Ibid., p. 11.

(7) Benoît Haberbusch (capitaine), op. cit.

(8) Mémoires et cartes du Mexique, rapport du capitaine Meunier sur la situation du Mexique en 1873, SHD/DAT, G789.

(9) Mémoires et cartes du Mexique, SHD/DAT, G789.

(10) Rapport sur les fortifications de Vera-Cruz, SHD/DAT, G789.

(11) Mémoires et cartes du Mexique, SHD/DAT, G789.

(12) Extrait d’une brochure hostile à Juarez, SHD/DAT, G789.

(13) Noël Blayau, Billault, ministre de Napoléon III, Paris, Librairie Klinckeck, 1969, 432 p.

(14) Mémoires et cartes du Mexique, SHD/DAT, G789.

(15) Carnet de notes anonyme sur le climat du Mexique, SHD/DAT, G789.

(16) Rapport médical, SHD/DAT, G789.

(17) Carnet de notes anonyme sur le climat du Mexique, SHD/DAT, G789.

(18) Mémoires et cartes du Mexique, SHD/DAT, G789.

(19) Rapport médical, SHD/DAT, G789.

(20) Mémoires et cartes du Mexique, SHD/DAT, G789.

(21) Registre de la troupe de la force publique du Mexique, SHD/DAT, 42 YC 87.

(22) Ibid.

(23) Militaires blessés, SHAT/DAT, G794.

(24) Étienne Micard, La France au Mexique, étude sur les expéditions militaires, l’influence et le rôle économique de la France au Mexique, précédée d’un aperçu général de la géographie et de l’histoire mexicaines, avec des lettres inédites d’un médecin-major de l’expédition, Paris, Ed. du monde moderne, 1927, 291 p.

(25) Jean-François Lecaillon, Napoléon III et le Mexique, Paris, L’Harmattan, 1994, 260 p.

(26) Rapport du capitaine Meunier sur la situation du Mexique en 1873, SHD/DAT, G789.

(27) Jean-François Lecaillon, op. cit., 260 p.

(28) Pierre Brincourt, Lettres du Général Brincourt (1823-1909) publiées par son fils, Paris, Plon, 1923, 431 p.

(29) Rapport du capitaine Meunier sur la situation du Mexique en 1873, SHD/DAT, G789.

(30) Note de juillet 1862, SHD/DAT, G789.

(31) Extrait de l’article 536 du décret du 1er mars 1854 réorganisant la gendarmerie française.

(32) Registre de la troupe de la force publique du Mexique, SHD/DAT, 42 YC 87.

(33) Benoît Haberbusch (capitaine), op. cit., p. 7.

(34) Ibid., p. 6.

(35) Jean Avenel, La campagne du Mexique (1862-1867) : la fin de l’hégémonie européenne en Amérique du Nord, Paris, Economica, 1996, 194 p.

(36) Registre de contrôle des officiers de la force publique du Mexique, SHD/DAT, 42 YC 86.

(37) Registre de contrôle des officiers de la force publique du Mexique, SHD/DAT, 42 YC 86.

(38) Dossier de pension de Chavannes de Chastel Eugène, Pierre, SHD/DAT, YF 52515.

(39) Registre de contrôle des officiers de la force publique du Mexique, SHD/DAT, 42 YC 86.

(40) Dossier de pension de Chavannes de Chastel Eugène, Pierre, SHD/DAT, YF 52515.

(41) Affaires mexicaines, ordres de la division 1862-1867, livre I, SHD/DAT G7 108.

(42) 1863 est l’année des derniers grands succès militaires (victoire à Puebla, prise de Mexico, fuite de Juarez vers le Nord) français permettant aux troupes de prendre pied dans presque tout le pays.

(43) Corps expéditionnaire, personnel, SHD/DAT G7138.

(44) Corps expéditionnaire, personnel, SHD/DAT G7137.

(45) Ibid.

(46) Corps expéditionnaire, personnel, SHD/DAT G7137.

(47) Jean-François Lecaillon, op. cit., 260 p.

(48) Lieutenant-colonel Loizillon, Lettres sur l’expédition du Mexique publiées par sa sœur, Paris, Baudoin, 1890, 446 p.

(49) Voir l’exemple d’évasion cité ci-dessus.

(50) Ordres de la division 1862-1867, livre I, SHD/DAT G7108.

(51) Corps expéditionnaire, personnel, SHD/DAT G7138.

(52) Registre de la troupe de la force publique du Mexique, SHD/DAT, 42 YC 87.

(53) Ibid.

(54) Ibid.

(55) Affaires mexicaines, ordres de la division, SHD/DAT, G7108.

(56) Benoît Haberbusch (capitaine), op. cit., p.10.

(57) Militaires blessés et avancement, il s’agit des gendarmes Breck, Gigout et Lauric, SHD/DAT, G794.

(58) Militaires blessés et avancement, il s’agit des gendarmes Français, Martin, Passani et Vincent, SHD/DAT, G794.

(59) Troupes à laisser au gouvernent mexicain, SHD/DAT, G792.

(60) Registre de contrôle des officiers de la force publique du Mexique. Il s’agit des officiers Amat, Cullet et Lamarche, SHD/DAT, 42 YC 86.

(61) Ibid.

(62) Ibid.

(63) Ibid.

(64) Ibid.

(65) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, 26 décembre 1863-20 juin 1864, SHD/DAT, G7106.

(66) Ibid.

(67) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, SHD/DAT, G7106.

(68) Ibid.

(69) Extraits de l’ordonnance disponible en annexe, document n° 5. SHD/DAT, G7106.

(70) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, 26 décembre 1863-20 juin 1864, SHD/DAT, G7106.

(71) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, 20 juin 1864-5 mai 1865, SHD/DAT, G7106.

(72) Ibid.

(73) Ibid.

(74) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, 26 décembre 1863-20 juin 1864, SHD/DAT, G7106.

(75) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, 20 juin 1864-5 mai 1865, SHD/DAT, G7106.

(76) Ibid.

(77) Ibid.

(78) Ibid.

(79) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, livre II, 5 mai 1865-23 février 1866, SHD/DAT, G7107.

(80) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, 26 décembre 1863-20 juin 1864, SHD/DAT, G7106.

(81) Ibid.

(82) Myrtil Grodvolle, Lettres du Mexique 1862-1866, éditées par Jean Rollet, Paris, La nef de Paris, 1965, 338 p.

(83) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, livre II, 5 mai 1865-23 février 1866, SHD/DAT, G7107.

(84) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, 20 juin 1864-5 mai 1865, SHD/DAT, G7106.

(85) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, livre II, 5 mai 1865-23 février 1866, SHD/DAT, G7107.

(86) Voir l’illustration faisant référence à un garde rural, visible en annexe document n° 6. Armée mexicaine SHD/DAT, G7134.

(87) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, SHD/DAT, G7106.

(88) Ibid.

(89) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, livre III, 23 février 1866 au 17 décembre 1866, SHD/DAT, G7107.

(90) État-Major général correspondances diverses correspondances pendant l’expédition d’Oajaca correspondances pendant la campagne de l’intérieur correspondance pendant l’expédition de 1866, SHD/DAT, G7100.

(91) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, SHD/DAT, G7108.

(92) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, SHD/DAT, G7106.

(93) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, livre III 23 février 1866 au 17 décembre 1866, SHD/DAT, G7107.

(94) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, SHD/DAT, G7106.

(95) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, livre III, 23 février 1866 au 17 décembre 1866, SHD/DAT, G7107.

(96) Ibid.

(97) Ibid.

(98) Ibid.

(99) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, SHD/DAT, G7106.

(100) État-Major général correspondances diverses correspondances pendant l’expédition d’Oajaca correspondances pendant la campagne de l’intérieur correspondance pendant l’expédition de 1866, SHD/DAT, G7100.

(101) Un tableau récapitulatif est visible en annexe, document n° 17.

(102) Le Second Empire est un régime stable ayant entamé une libéralisation motu-proprio. Par ailleurs, l’armée française s’est illustrée dans les conflits majeurs que sont la Crimée en 1854 et l’Italie en 1859.

(103) Le Mexique est sous le joug espagnol jusqu’au traité de la Córdoba du 24 août 1821. Du renversement d’Augustin Ier en 1822 à la réforme de 1857, en passant par les guerres contre la France en 1838, contre les États-Unis en 1846 et la guerre civile jusqu’en 1861, les troubles intérieurs ne cessèrent jusqu’à l’intervention française.

(104) Organisation de l’armée mexicaine, affaires mexicaines, ordres de la division, livre I, 1862-1867, SHD/DAT, G7108.

(105) Troupes à laisser au gouvernement mexicain, SHD/DAT, G792.

(106) Militaires blessés et avancement, SHD/DAT, G794.

(107) Palazzi est sous-officier au régiment étranger. SHD/DAT, G794.

(108) Armée mexicaine, décret de 1864, article 11. Voir le détail en annexe document n° 7. SHD/DAT, G7134.

(109) Rapport du colonel de la Giesse (1er aide de camp du général Almonte). SHD/DAT, G7134.

(110) Troupes à laisser au gouvernement mexicain, extrait du rapport sur l’organisation d’un corps auxiliaire à mettre à disposition du gouvernement mexicain. SHD/DAT, G792.

(111) Ibid.

(112) Affaires mexicaines, livre II, 5 mai 1865-23 février 1866, SHD/DAT, G7107.

(113) L’arrivée importante des troupes austro-belges a lieu en début 1865. Maximilien étant autrichien et sa femme belge, dans les deux pays des volontaires souhaitent les rejoindre au Mexique.

(114) Exemple de l’armée française, subdivision dans l’ordre hiérarchique pour l’infanterie : division, brigade, régiment, bataillon, compagnie, section, escouade. Alain CORVISIER, Jean DELMAS (dir.), Histoire militaire de la France, Vol. II « 1715 à 1871 », Paris, PUF, 1997, 640 p ;

(115) Extrait du rapport du capitaine Meunier, SHD/DAT, G789.

(116) Voir annexe documents n° 9, 10 et 11.

(117) Organisation de l’armée mexicaine, 1864-1867, SHD/DAT, G7107.

(118) Extrait du mémoire du capitaine Hugenet, SHD/DAT, G7134.

(119) Extrait du rapport du capitaine Meunier, SHD/DAT, G789.

(120) Affaires mexicaines, organisation de l’armée mexicaine, SHD/DAT, G7106.

(121) Journal « L’Ère Nouvelle : le journal des idées et des intérêts franco-mexicains ». Il s’agit du journal officiel de l’Empire de Maximilien (l’équivalent du Moniteur en France). Ce journal fait écho au tirage en Mexicain du « Diario del Imperio », également journal officiel. SHD/DAT, G7135.

(122) Annexe document n° 8. Tableau représentant les effectifs théoriques par grades et leur rémunération.

(123) Concernant la monnaie mexicaine, les piastres renvoient plus à la période coloniale mais restent l’équivalent des pesos, unité de monnaie supérieure aux centavos.

(124) Affaires mexicaines, livre II, 5 mai 1865-23 février 1866, SHD/DAT, G7107.

(125) Ibid.

(126) Ibid.

(127) Dossier de pension du chef d’escadron Lamarche Georges, SHD/DAT, dossier 4, YF 98131.

(128) Un tableau récapitulatif est disponible en annexe, document n° 18.

(129) Le nom de cet officier ne figure pas sur les registres des officiers de la prévôté. Deux hypothèses peuvent être formulées au sujet du colonel Lafon. Ou il s’agit d’un gendarme français envoyé au Mexique en qualité de gendarme, ou le colonel Lafon est un militaire français ayant rejoint les rangs de la gendarmerie au Mexique. L’étude de son parcours mérite d’être approfondie.

(130) Peu d’informations sont disponibles au sujet du nommé Tindal si ce n’est que ce dernier a occupé quelques fonctions au niveau de la police mexicaine. Affaires mexicaines, année 1866, SHD/DAT, G7107.

(131) Ibid.

(132) Ibid.

(133) Ibid.

(134) Affaires mexicaines, livre II du 5 mai 1865 au 23 février 1866, SHD/DAT, G7107.

(135) La fin de l’expédition approchant et le besoin d’hommes se faisant sentir, les critères de recrutement sont plus ou moins respectés. Il est intéressant de constater que la compétence dans le maniement de la langue espagnole est très vite négligée alors que, malgré tout, le critère de moralité conserve son importance (plus encore que celui d’être libérable du service).

(136) Affaires mexicaines, livre II du 5 mai 1865 au 23 février 1866, SHD/DAT, G7107.

(137) Archives de l’État-Major général, correspondance du commandement de la gendarmerie mexicaine, 1865, SHD/DAT, G7139.

(138) C’est-à-dire à partir du moment où la gendarmerie impériale mexicaine est créée fin janvier 1865, au moment où Lamarche est relevé de son commandement en décembre 1865. Soit en un peu moins d’un an.

(139) Armée mexicaine, SHD/DAT, G7135.

(140) Le général de Thün est, avec le général Van der Smissen, l’un des principaux commandants du corps des volontaires austro-belges.

(141) Affaires mexicaines, livre II du 5 mai 1865 au 23 février 1866, SHD/DAT G7107.

(142) Ibid.

(143) Corps expéditionnaire, personnel, SHD/DAT, G7139.

(144) Armée mexicaine, SHAT/DAT, G7135.

(145) Ibid.

(146) Ibid.

(147) En revanche, il est impossible de savoir la proportion exacte de Mexicains ayant rejoint les rangs de la gendarmerie impériale. Maximilien espérait que sa gendarmerie soit formée à l’échelle d’un tiers par des Mexicains. Il y a des chances que ses objectifs aient été remplis. En effet, la population paraît être plus sensible quant au recrutement de la gendarmerie mexicaine lorsque l’arme commence à s’implanter dans les localités. Beaucoup de Mexicains y voient un substitut aux traditionnels resguardos et se sentent plus concernés quand il est question de défendre leur localité. Cela reste une hypothèse car aucun chiffre n’a été trouvé ni aucune note d’une éventuelle commission de recrutement.

(148) Affaires mexicaines, livre II du 5 mai 1865 au 23 février 1866, SHD/DAT G7107.

(149) Troupes à laisser au gouvernement mexicain, SHD/DAT G792.

(150) Affaires mexicaines, livre II du 5 mai 1865 au 23 février 1866, SHD/DAT G7107.

(151) Affaires mexicaines, SHD/DAT G7107.

(152) Son régiment d’origine n’est pas mentionné ni les faits qui lui sont reprochés, Ibid.

(153) Il est difficile d’obtenir des chiffres précis concernant les effectifs de la gendarmerie impériale mexicaine. Il est cependant certain que jamais les objectifs fixés en janvier 1865 ne sont atteints. La gendarmerie impériale mexicaine ne comptera pas dans ses rangs les presque 2 000 hommes initialement prévus en janvier 1865.

(154) Armée mexicaine, SHD/DAT G7135.

(155) Affaires mexicaines, livre II du 5 mai 1865 au 23 février 1866, SHD/DAT G7107.

(156) Extrait d’une circulaire du 17 mai 1865, SHD/DAT G7107.

(157) Vera-Cruz qui est la principale ville de garnison des troupes françaises.

(158) Ibid.

(159) C’est-à-dire la conversion de toutes les forces locales en gardes rurales stables et gardes rurales mobiles.

(160) C’est-à-dire la refonte des gardes rurales mobiles et de toutes les autres forces dans l’armée, les seules gardes rurales stables étant destinées à subsister.

(161) Affaires mexicaines, livre II du 5 mai 1865 au 23 février 1866, SHD/DAT G7107.

(162) Affaires mexicaines, année 1866, SHD/DAT G7107.

(163) Ibid.

(164) Souvent par des adjudants ou des adjudant-chefs.

(165) Affaires mexicaines, année 1866, SHD/DAT G7107.

(166) Ibid.

(167) Armée mexicaine, SHD/DAT G7135.

(168) L’orthographe Córdoba existe aussi, SHD/DAT G7107.

(169) Ibid.

(170) Le Mexique n’est toujours pas entièrement pacifié (surtout au Nord). Juarez est toujours en fuite. L’Empire de Maximilien peine à s’enraciner dans le pays.

(171) Affaires mexicaines, année 1866, SHD/DAT G7107.

(172) Affaires mexicaines, SHD/DAT G7108.

(173) Métamoros ou Matamoros.

(174) Affaires mexicaines, livre II, SHD/DAT G7107.

(175) Il n’obtient pas les 45 hommes qu’il demande, affaires mexicaines, Ibid.

(176) Ibid.

(177) Des illustrations de ces armes sont disponibles en annexe, document n° 9 p. 145.

(178) Corps expéditionnaire, personnel, SHD/DAT, G7139.

(179) Affaires mexicaines, livre III du 23 février 1866 au 17 décembre 1866, SHD/DAT G7107.

(180) Mémoires, cartes du Mexique, SHD/DAT, G789.

(181) Il s’agit de fusils appelés « rifles » par les Français. Le mot « rifle » est un mot anglais signifiant fusil. Il est probablement question du modèle de fusil à répétition se rechargeant par l’intermédiaire d’un levier au niveau de la gâchette. Tout porte à croire qu’il s’agit du modèle Winchester. Affaires mexicaines, livre II du 5 mai 1865 au 23 février 1866, SHD/DAT G7107.

(182) Affaires mexicaines, livre III du 23 février 1866 au 17 décembre 1866, SHD/DAT G7107.

(183) Pour récapituler, la gendarmerie utilise des fusils français d’infanterie modèle 1857, des mousquetons, mais aussi des fusils à silex pris sur place, des « rifles » américains, des fusils Enfield anglais, des armes civiles à double canon, plus toutes les autres armes dont la diversité n’est pas détaillée notamment concernant les pistolets et les sabres.

(184) Affaires mexicaines, livre III du 23 février 1866 au 17 décembre 1866, SHD/DAT G7107.

(185) Ibid.

(186) Extrait de la circulaire n° 983, affaires mexicaines, livre III du 23 février 1866 au 17 décembre 1866, SHD/DAT G7107.

(187) Extrait de la circulaire n° 1103, SHD/DAT G7107.

(188) Troupes à laisser au gouvernement mexicain, SHD/DAT, G792.

(189) La maison Godillot est un établissement fondé par Alexis Godillot (1816-1893), un industriel qui se lance dans la production d’équipements militaires. Il fait fortune lorsqu’il devient le fournisseur officiel aux armées sous le Second Empire et fait construire sa célèbre usine en 1854, rue Rochechouart à Paris. Le terme de godillot est aujourd’hui utilisé dans l’armée comme dans la vie civile pour désigner des souliers. Armée mexicaine, SHD/DAT, G7135.

(190) Affaires mexicaines, livre II du 5 mai 1865 au 23 février 1866, SHD/DAT G7107.

(191) Extrait du rapport du capitaine Meunier de mars 1873, SHD/DAT, G789.

(192) Voir l’illustration du fantassin français du Second Empire en annexe document n° 11.

(193) Voir l’illustration du gendarme départemental français du Second Empire en annexe document n° 10.

(194) En effet, aucune illustration ni aucun commentaire concernant l’uniforme définitif de la gendarmerie impériale mexicaine n’ont été trouvés.

(195) Le lieutenant-colonel Andrade est probablement un officier mexicain. Il est l’un des rares Mexicains connu à servir en tant qu’officier dans la gendarmerie de Maximilien. Affaires mexicaines, livre II du 5 mai 1865 au 23 février 1866, SHD/DAT G7107.

(196) Armée mexicaine, SHD/DAT, G7135.

(197) Archives de l’état-major général, correspondance du commandant de la gendarmerie mexicaine, SHD/DAT, G7139.

(198) Par exemple le gendarme à cheval gagne 36 700 pesos à l’année contre 30 700 pesos à l’année pour le gendarme à pied. Voir le tableau en annexe document n° 8.

(199) 1 530 gendarmes à cheval contre 178 à pied selon les prévisions.

(200) Extrait de la circulaire du 1er août 1864, SHD/DAT, G7134.

(201) Extrait du rapport du capitaine Meunier de mars 1873, SHD/DAT, G789.

(202) Militaires blessés et avancement, SHD/DAT, G794.

(203) Déjà en 1862, la prévôté (montée) avait été ponctionnée sur les effectifs en Martinique.

(204) Les montures des gendarmes étant fatiguées ou en mauvaise santé sont envoyées au vert pour se rétablir et reprendre du service à chaque fois que cela est possible.

(205) Archives de l’état-major général, correspondance du commandant de la gendarmerie mexicaine, SHD/DAT, G7139.

(206) Affaires mexicaines, organisations de l’armée mexicaine, SHD/DAT, G7106.

(207) Affaires mexicaines, livre III du 23 février 1866 au 17 décembre 1866, SHD/DAT G7107.

(208) Armée mexicaine, SHD/DAT, G7135.

(209) Extrait du journal l’Ère Nouvelle n° 91 du 29 janvier 1865, page 2, SHD/DAT, G7135.

(210) Extrait de la loi du 26 germinal an VI.

(211) Affaires mexicaines, livre III du 23 février 1866 au 17 décembre 1866, SHD/DAT G7107.

(212) Colima est située à l’Est du pays dans une région volcanique, Ibid.

(213) Benoît Haberbusch (capitaine), op. cit., p. 12.

(214) Il y en a peu de traces dans les archives.

(215) Affaires mexicaines, livre III du 23 février 1866 au 17 décembre 1866, SHD/DAT G7107.

(216) Myrtil GRODVOLLE, Lettres du Mexique 1862-1866, éditées par Jean Rollet, Paris, La nef de Paris, 1965, 338 p.

(217) Jean-François LECAILLON, « Les Indiens et l’intervention : études du comportement des communautés indiennes au Mexique face à l’intervention française (1862-1867) », thèse, histoire, sous la dir. de Fr. Chevalier, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, 1984.

(218) Idem.

(219) Idem.

(220) Idem.

(221) Philippe LEDEME Lettres à sa famille pendant les campagnes de Crimée et du Mexique, s.l., Montligeon, 1905.

(222) État-Major général, correspondances diverses pendant l’expédition d’Oajaca, correspondances pendant la campagne de l’intérieur, correspondance pendant l’expédition de 1866, SHD/DAT, G7100.

(223) Philippe GUYOT (capitaine), La contre-guérilla du colonel Du Pin au Mexique, extrait du colloque « Les forces spéciales : concept et histoire » (auditorium CNRS, Paris, 11 et 12 juin 2001), 2007, pp. 15-26.

(224) Jean-François LECAILLON, « Fondements et illusions de l’indigénisme français au Mexique », Bulletin de l’académie du Second Empire n° 10, mai-juillet 1993, pp. 16-17.

(225) Jean-François LECAILLON, « Les Indiens et l’intervention… », op. cit.

(226) Pierre BRINCOURT (général), Lettres du Général Brincourt (1823-1909) publiées par son fils, Paris, Plon, 1923, 431 p.

(227) Henri de SUCKAU, Deux interventions en Amérique : Mexique et Honduras, s. l. E. Dentu, 1869, 144 p.

(228) Jean-François LECAILLON, « Mythes et phantasmes au cœur de l’intervention française au Mexique 1862-1867 », L’imaginaire politique en Amérique Latine, Paris, éditions IHEAL, 1er semestre 1990, pp. 69-80.

(229) Mémoires ; cartes du Mexique ; documents divers ; pertes, SHAT/DAT, G789.

(230) Ibid.

(231) Ibid.

(232) Jean-François LECAILLON, « Les Indiens et l’intervention… », op. cit.

(233) Idem, p. 214.

(234) Affaires mexicaines ; organisation de l’armée mexicaine, SHAT/DAT, G7107.

(235) Jean-François LECAILLON, « Les Indiens et l’intervention… », op. cit.

(236) Émile de KERATRY, La contre-guérilla française au Mexique, Paris, Librairie internationale, 1869, 313 p.

(237) Damien LORCY, Sous le régime du sabre, la gendarmerie en Algérie (1830-1870), Presses Universitaires de Rennes, 2011, p. 39.

(238) Idem., p. 294.

(239) Philippe GUYOT (capitaine), « La contre-guérilla du colonel Du Pin… », op. cit.

(240) Jean-François LECAILLON, « Fondements et illusions de l’indigénisme français au Mexique », Bulletin de l’académie du Second Empire n° 10, mai-juillet 1993, pp. 16-17.

(241) Jean-François LECAILLON, « Les Indiens et l’intervention… », op. cit.

(242) Idem., p. 379.

(243) Cette formulation ne remet pas en cause le fait que Napoléon III puisse avoir des intérêts dans cette opération d’exportation du modèle de gendarmerie française au Mexique.

(244) Gildas LEPETIT (lieutenant), « La Manière la plus efficace de maintenir la tranquillité » ? L’intervention de la gendarmerie impériale en Espagne (1819-1814), thèse, histoire, sous la dir. de J.-N. Luc, Paris IV, 2009, 1082 p.

(245) Ibid.

(246) La « leva » est le terme employé pour désigner la conscription.

(247) Deux orthographes ont été trouvées à savoir « Du Pin » ou « Dupin ». Le colonel Dupin est un militaire français qui a une réputation de baroudeur. Ce polytechnicien se révèle être un excellent topographe. Il participe à nombre de campagnes. De la prise de la smala d’Abd El-Kader en Algérie en passant par la Crimée, l’Italie et la Chine, le colonel Dupin a parcouru le monde. La mission de chef de la contre-guérilla, dont il s’acquitte avec brio, le révélera davantage. Cette fonction lui confère un statut particulier car il agit en marge de l’armée française. Par quelques exactions, il contribue à conférer à son corps de contre-guérilla une réputation sanglante. Dupin est remplacé à la fin de l’année 1865 par un certain Ney (descendant du maréchal de Napoléon Ier) puis par un certain de Galifet (futur fusilleur de la Commune) au moment où ce corps est officialisé sous le nom de « cazadores de Mexico ». Voir sa photo en annexe, document n° 12.

(248) La présence des Indiens contribue fortement à la diffusion de cette mauvaise réputation.

(249) Jean Avenel, op. cit.

(250) Extrait de la correspondance du commandant Lamarche. SHD/DAT, G7139.

(251) Affaires mexicaines, livre II du 5 mai 1865 au 23 février 1866, SHD/DAT G7107.

(252) Affaires mexicaines, livre III du 23 février 1866 au 17 décembre 1866, SHD/DAT G7107.

(253) Extrait de la correspondance du commandant Lamarche. SHD/DAT, G7139.

(254) Ibid.

(255) Les satrapes sont des morceaux de tissus typiques de l’Amérique Latine. Un trou au milieu de la pièce de tissu sert à passer la tête de celui qui le porte, le reste du corps est ainsi recouvert. Il s’agit d’une sorte de poncho.

(256) Affaires mexicaines, livre III du 23 février 1866 au 17 décembre 1866, SHD/DAT G7107.

(257) Corps expéditionnaire, personnel, SHD/DAT G7138.

(258) Affaires mexicaines, livre III du 23 février 1866 au 17 décembre 1866, SHD/DAT G7107.

(259) Jean-François Lecaillon, op. cit.

(260) C’est le cas de Galindo y Galindo dont la thèse est parfois citée notamment chez Lecaillon.

(261) Jean-François Lecaillon, op. cit.

(262) Charles BLANCHOT (colonel), Mémoire. L’intervention française au Mexique, Paris, E. Noury, 1911, 3 volumes.

(263) Il prend par exemple la décision de faire fusiller tous les rebelles pris les armes à la main, ce qui n’apaise en rien la guérilla.

(264) Don José Fernando est l’un de ses opposants qu’il nomme ministre des Affaires étrangères.

(265) Il est fait Grand-Croix de la Légion d’honneur après la bataille de San Lorenzo en 1863, il reçoit la médaille militaire en 1865 après avoir commandé en personne le siège d’Oaxaca.

(266) Une demande de mariage parmi d’autres car en cette année 1865 environ 528 demandes de mariage sont formulées. Signe que l’occupation française n’est pas si mal vécue. Voir Jean Avenel, op. cit.

(267) Le président américain Monroe prononce le discours contenant la doctrine qui portera son nom devant le congrès en 1823. Ce discours prévoyant la politique isolationniste des États-Unis (ne pas intervenir dans les affaires des autres pays si les États-Unis ne sont pas menacés) tiendra lieu de politique étrangère jusqu’à la Première Guerre mondiale.

(268) Il dirigera le Mexique de 1876 à 1911.

(269) Affaires mexicaines du 18 décembre 1866 au 21 février 1867, SHD/DAT G7107.

(270) Organisation de l’armée mexicaine de 1864 à 1867, SHD/DAT G7107.

(271) Affaires mexicaines, année 1867, SHD/DAT G7107.

(272) Affaires mexicaines du 18 décembre 1866 au 21 février 1867, SHD/DAT G7107.

(273) Jean-François Lecaillon, op. cit.

(274) Ibid.

(275) Les dates diffèrent parfois entre fin février 1867 et mars 1867. Pour plus de sécurité la date de mars 1867 peut être retenue.

(276) Voir en annexe le tableau représentant l’arrestation de Maximilien puis le tableau représentant l’exécution de Maximilien et de ses généraux, documents 14 et 15.

(277) Lettre du 24 octobre 1864. Étienne Micard, op. cit., 291 p.

(278) Ordres généraux, transports, renforts, etc., SHAT/DAT, G7236.

(279) Extraits du rapport du capitaine Meunier de mars 1873. SHD/DAT G789.

(280) Ibid.

(281) Benoît Haberbusch (capitaine), op. cit. p. 13.