Force Publique

TÉMOIGNAGES

LA GENDARMERIE, LES GENDARMES ET LA Seconde Guerre mondiale

Général de division René OMNES

Général Louis BEAUDONNET

Madame Suzanne DOURTHE

Société Nationale de l’Histoire et du Patrimoine de la Gendarmerie

Paris – Février 2007

Les témoignages de deux officiers de gendarmerie et d’une femme de gendarme ont été insérés dans ce numéro pour illustrer, voire éclairer les textes scientifiques. Le « vécu » et le « ressenti » des acteurs de cette période permettent d’approcher au plus près le domaine du sensible et de l’humain. Ces relations nous plongent plus directement dans le factuel et le quotidien de ces hommes et de cette femme ; c’est peut-être là que réside tout leur intérêt. Ces souvenirs constituent un aperçu de la diversité des trajectoires et des situations rencontrées. Ils nous replongent dans la problématique d’une époque.

Les lignes qui suivent sont extraites de l’entretien accordé par le général René Omnès le 30 juin 1997. L’enregistrement a parfois été modifié pour faciliter la transition d’un langage parlé en langage écrit. Cet entretien a été réalisé par Éric Alary le 12 juin 1997 (deux heures), le 1er décembre 1998 (2 heures) et le 11 janvier 2000 (deux heures quarante-cinq minutes). Le général Omnès est né à Givet, dans les Ardennes, le 12 février 1924. Fils de gendarme, instituteur de circonstance, il intègre la Résistance en mars 1943 et commande le « maquis 82 » de la Haute-Saône. Promu lieutenant le 6 juin 1944, il est confirmé dans son grade le 10 juillet 1945. Il intègre Saint-Cyr le 13 octobre 1945, puis opte pour l’arme blindée et la cavalerie. Admis en stage à l’École d’application de gendarmerie le 4 octobre 1948, il est nommé lieutenant le 1er avril 1949 et participe notamment à la guerre d’Indochine. Poursuivant sa carrière dans divers postes de commandement et d’état-major, il est promu général de brigade le 1er juillet 1979, puis général de division le 1er janvier 1983. Il est admis dans la deuxième section le 1er juillet 1983(1).

Le témoignage du général Louis Beaudonnet a été extrait d’un ouvrage édité par le département Gendarmerie du Service historique de la Défense (SHD), à paraître en 2007 : Souvenirs du général Louis Beaudonnet de Verdun à Saïgon (1923-1954). Né le 25 octobre 1923 à Verdun, Louis Beaudonnet s’engage volontairement pour une durée de trois ans au sein du 7e bataillon de génie le 29 octobre 1941. Démobilisé le 29 novembre 1942, il rejoint le 4e régiment de la Garde le 16 janvier 1943. Elève-garde à Montluçon, il est titularisé garde à pied le 16 juillet 1943. Rengagé le 29 octobre 1944, il participe, au sein d’un escadron de la Garde, aux combats de Kilstett. Louis Beaudonnet est nommé à l’école d’application de gendarmerie de Melun le 21 janvier 1946, puis sert en Indochine (1947-1950 et 1953-1956). Il occupe différents postes au Togo (1951-1953) et en Algérie (1956-1966), ainsi qu’en métropole. Nommé colonel le 1er janvier 1977, il est promu général de brigade le 28 août 1981, puis admis dans la deuxième section le 26 octobre suivant.

Enfin, le témoignage de Madame Suzanne Dourthe, femme de gendarme, repose sur un imprimé, rédigé en l’an 2000, consultable au département Gendarmerie du SHD(2). Cet écrit n’ayant pu être retranscrit dans sa totalité, les passages en caractères italiques résument les événements survenus entre les différents épisodes biographiques. Suzanne Dourthe est née le 25 novembre 1919 dans un village des Landes. Issue d’une famille de cultivateurs, elle travaille dans sa famille et rencontre son mari en 1937. Celui-ci intègre la gendarmerie le 1er septembre 1938 et termine sa carrière en 1965. Ce témoignage, particulièrement poignant, est remarquable à plus d’un titre. D’abord, le regard d’une femme de gendarme sur l’institution et le métier de gendarme est peu fréquent. Cette relation permet aussi de pénétrer l’intimité d’une caserne et d’un couple dont le mari exerce une profession particulière. En cela, ces souvenirs sont certainement exceptionnels.

Chef d’escadron Édouard EBEL

Lieutenant Benoît HABERBUSCH

(1) Pour une biographie plus complète des généraux Omnès et Beaudonnet se reporter à l’article suivant : Édouard Ebel, « Les sources orales », dans Jean-Noël Luc (dir.), Histoire de la maréchaussée et de la gendarmerie. Guide de recherche, Maisons-Alfort, SHGN, 2005, pp. 805-814.

(2) Suzanne Dourthe, Une femme de gendarme sous l’occupation allemande. Années 1943-1944-1945, s.l., 2000, dactylographié, 12 p.