SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

Dossier complémentaire à lire dans le n° 416 de Gend’info

« Un objet sale » !

Inventée par Dominique Monjardet, célèbre sociologue de la force publique, et reprise, dès les années 1990, par deux pionniers de l’histoire des polices, Clive Emsley et Jean-Marc Berlière, cette image explique en partie le développement tardif de ce champ de recherche. La malédiction s’est-elle, ensuite, concentrée sur le maintien et le rétablissement de l’ordre ? Malgré quelques bons travaux pionniers, le sujet reste marginal au sein d’une histoire policière devenue foisonnante. On peut pourtant s’y intéresser sans mésestimer l’autre volet du scénario, les protestations collectives, bien étudiées depuis longtemps. Car l’histoire totale du maintien de l’ordre est elle aussi légitime, du moins quand on la considère sans préjugés. Ne fournit-elle pas un observatoire original sur l’idéologie et la praxis des dirigeants, le rapport d’une société à l’autorité et à la contestation, la perception et l’occupation de l’espace public, les usages de la violence et les niveaux de sa tolérance sociale, la diversification des médias et leur influence ?

La pluralité des acteurs du maintien de l’ordre depuis la Révolution impose de les identifier et d’analyser leurs pratiques respectives au-delà des discours globalisants et opaques. La longue histoire de la gendarmerie mobile offre ici un terrain d’investigation privilégié, car sa mise sur pied, à partir des années 1917-1921, représente un double tournant majeur. Pour la première fois, l’État se dote d’un corps spécialisé dans le maintien de l’ordre et destiné à durer. Et cette nouvelle formation contribue à réguler l’emploi de la force, notamment par la délégitimation de la violence publique létale, en inspirant les principes et les procédés réunis dans l’instruction du 1er août 1930 sur le maintien de l’ordre par la gendarmerie.

Malgré l’essor de l’histoire de cette institution depuis une vingtaine d’années, celle de la gendarmerie mobile demeure insuffisamment connue. L’instruction de 1930 reste dans l’ombre des initiatives, au demeurant importantes, du préfet Lépine, à la Belle Époque. Dans les médias et les travaux du second XXe siècle, les gendarmes mobiles sont souvent dilués dans l’ensemble flou des « forces de police » ou masqués par des références aux seuls CRS.

À l’écart des réquisitoires ou des panégyriques, tous stériles, ce colloque veut éclairer la genèse et les évolutions de cette force militaire particulière, l’ensemble de ses missions civiles et militaires, en France et à l’étranger, la formation, l’équipement et l’encadrement de ses membres, l’éventail de leurs modes d’action au regard de l’évolution de la réglementation du maintien de l’ordre, leur vécu et leurs affects au sein des casernes et lors des interventions, leurs épreuves et leur mémoire des événements. Lorsque les sources ou les travaux disponibles le permettent, le regard s’étendra à la toile de fond des choix, déterminants, du décideur politique, des interactions avec une protestation collective non linéaire, des perceptions de la force publique et des contestataires par les médias et l’opinion.

Ce colloque d’histoire élargit les perspectives. Il rassemble des intervenants chevronnés et de très jeunes chercheurs. Il s’ouvre aux apports précieux d’autres spécialistes : juristes, sociologues, politologues. Il intègre des témoignages et des réflexions de professionnels du maintien de l’ordre. Ainsi espère-t-il contribuer à une meilleure connaissance de plusieurs questions toujours d’actualité : la professionnalisation et la militarisation de la police des foules, l’adaptation de la formation, des équipements et des modes opératoires aux évolutions de la contestation, les aléas de la régulation de l’emploi de la force et la résurgence d’actes disproportionnés, la circulation internationale des doctrines et des pratiques du maintien de l’ordre, la particularité et l’influence des choix français.

Programme à télécharger en format dépliant 3 volets (à imprimer recto-verso sur les bords courts en format paysage). Ce programme comporte les informations pratiques.