SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

Par l’Aspirant Gildas Lepetit (SHGN )

Le 20 avril 1792, la France déclare la guerre au roi de Hongrie et de Bohême. Huit jours plus tard, les troupes françaises prennent l’offensive et pénètrent en Belgique. La terrible contre-offensive autrichienne les met rapidement en déroute. Le 5 mai, l’Assemblée législative ordonne une levée en masse de trente et un nouveaux bataillons. Le 11 juillet 1792, face à la situation calamiteuse de ses armées aux frontières, les députés déclarent « la patrie en danger ». Le 25 juillet suivant, le manifeste de Brunswick menace les Parisiens d’un châtiment exemplaire s’ils refusent de se soumettre à l’autorité de Louis XVI.

Dans ce contexte, les dirigeants doivent renforcer l’armée. Dès le 29 avril 1792, un décret prévoit l’augmentation du nombre de brigades de gendarmerie départementale. Ces créations, consécutives du déclenchement des hostilités, annoncent d’ores et déjà une mobilisation importante des effectifs de la gendarmerie départementale pour constituer des unités combattantes. Dès lors, le gouvernement ordonne, entre 1792 et le début de 1793, la création de sept divisions de gendarmerie à cheval, numérotées de 29 à 35, puis de sept autres à pied, non numérotées, et destinées à renforcer l’armée.

Ainsi, les lois des 22 juillet et 21 août 1792 prévoient la levée de deux divisions de gendarmerie : les 31e et 32e légions. Elles sont formées par le recrutement d’un gendarme par brigade. Initialement destinées au service de la capitale, elles sont finalement affectées à l’armée du Nord pour y faire face à la poussée des Alliés venus de Belgique.

Le 1er février 1793, la Convention, qui a remplacé l’Assemblée nationale législative le 21 septembre 1792, déclare la guerre au roi d’Angleterre et au stathouder de Hollande. Quelques mois plus tard, les forces anglaises envahissent le territoire de la République. Installés à Furnes depuis le 31 mai 1793, les Anglais somment, le 23 août 1793, Dunkerque de se rendre. Devant le refus des autorités en place dans la ville, ils en débutent le siège.

Au début du mois de septembre 1793, Carnot décide de désenclaver Dunkerque pour rejeter les Anglais de l’autre côté de la frontière. Le 6, les Français passent à l’offensive. La 32e division de gendarmerie est rattachée à l’extrême gauche de l’armée française et placée sous les ordres du général Leclaire. Au cours de cette journée, elle participe à un engagement contre les Anglais aux alentours de Bergues et bivouaque, le lendemain, devant le village d’Hondschoote, occupé par les troupes hanovriennes.

Le 8 septembre 1793, le corps du général Leclaire reçoit l’ordre de s’approcher de la ville. Deux pièces de canon de la 32e division sont mises en batterie et commencent un feu nourri. Leclaire ordonne ensuite aux gendarmes de prendre d’assaut les retranchements ennemis, protégés par des terrains inondés et de l’artillerie. Chargeant à la baïonnette, les gendarmes se rendent maîtres de la redoute, au prix d’un violent combat au corps à corps. Craignant d’être enveloppés, Walmoden, commandant le détachement hanovrien, se retire de la place.

A midi, les gendarmes du 2e bataillon de la 32e division pénètrent dans Hondschoote.
Sur les 400 membres de l’Arme qui participent à cet assaut, 117 sont tués ou blessés. Ils font plus de 300 prisonniers parmi les troupes ennemies et prennent un drapeau, ainsi que plusieurs pièces de canon. Cette bataille a une importance déterminante dans le désenclavement de Dunkerque. Suite à cet engagement, les alliés reculent et libèrent pour quelques mois le nord de la France.

Premiers exemples d’unités de gendarmerie combattantes, les divisions de Gendarmerie nationale sont supprimées après la paix de Bâle, signée le 16 germinal an III (5 avril 1795).

Hondschoote est la première bataille inscrite au drapeau de la Gendarmerie nationale.