SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

Le musée de tradition de la Gendarmerie nationale

Créé en 1946, le musée de la gendarmerie est « musée de France » depuis 2011. Implanté à Melun (77), son nouveau bâtiment a été inauguré en 2015.

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Le musée de la gendarmerie, situé au sein même de l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN), est un élément fondamental dans la conservation de la mémoire de l’institution : il en est le gardien le plus concret. Les fonctions de conservateur du musée de la gendarmerie, sous l’autorité directe du général commandant l’EOGN, revêtent donc une grande importance. Elles obligent l’adjudant-chef Duplan à une accumulation de charges, toutes définies à partir d’un même objectif : « rassembler et conserver pieusement les souvenirs du passé de la Gendarmerie nationale… et les reliques de ceux qui ont servi vaillamment dans ses rangs ou l’ont honorée de quelque manière… « 

L’adjudant-chef Duplan et son adjoint, le maréchal des logis-chef Dupuis, ont deux missions principales. La première est l’enrichissement des collections du musée. Pour ce faire, il s’agit d’assister à toutes les ventes aux enchères d’objets anciens à l’hôtel Drouot, à Paris, mais aussi en province, à Vernon, Saint-Etienne ou Avranches… De même, le musée de la gendarmerie exploite quotidiennement les catalogues des pièces à vendre (2 ou 3 inventaires par jour). Il prospecte également dans le magazine Tradition qui réunit l’ensemble des éléments nécessaires aux professionnels : ventes, cours, etc. Enfin, l’adjudant-chef Duplan arpente les bourses d’objets anciens et entretient des contacts avec des particuliers, notamment des retraités de la gendarmerie. « Normalement, confie-t-il, nous connaissons tous les experts en objets anciens et rien ne nous échappe. « 

Depuis que l’adjudant-chef Duplan est chargé de la conservation du musée de la gendarmerie, il acquiert en moyenne 500 objets par an. Dix mille en tout, de quoi tripler la surface actuelle du musée, déjà insuffisante aux goûts de certains (seules 5 000 pièces sont exposées)  » Chaque objet que j’achète a une histoire, explique-t-il. Je me souviens de tout : du jour de l’acquisition, de la personne qui me l’a vendu, des conditions d’achat… et dès que je revois un objet dans le musée, ces souvenirs refont surface. La pièce qui me fait le plus envie, c’est toujours celle qui me manque. Par exemple, en ce moment je pense très fort à une coiffure de la gendarmerie de la garde impériale du Second Empire que j’ai vue sur un tableau. Le jour où je trouverai cette pièce sera un moment extraordinaire. Un jour, un antiquaire m’a appelé pour me proposer un tapis de selle. Il me l’a décrit au téléphone et, au fur et à mesure de sa description, l’image que je m’en faisais se précisait : il s’agissait probablement d’un tapis de selle du Premier Empire. J’ai alors demandé à l’antiquaire s’il possédait l’un des ouvrages de référence en la matière. Par chance, il le tenait à portée de main et nous avons pu localiser une pièce ressemblant à sa description. Il s’agissait effectivement d’un tapis de selle du Premier Empire, une pièce magnifique que même le musée de l’Armée ne possède pas. Je lui ai immédiatement demandé le prix. Il m’a répondu 2000 francs… J’ai accepté sans discuter. Cette pièce vaut dix fois mon investissement. »

Une raison d’être toujours grandissante

La seconde mission du musée de la gendarmerie est d’en assurer le rayonnement. En fait, pour l’adjudant-chef Duplan et son adjoint, il s’agit, pour atteindre cet objectif, de promouvoir la tradition, sous toutes ses formes. Ainsi, ils encadrent pas moins de 250 visites par an, au profit des gendarmes bien sûr, mais aussi au profit des particuliers (retraités, scolaires…). Et leurs activités ne s’arrêtent pas là puisqu’ils traitent également près de 400 correspondances par an. En règle générale il s’agit de questions de particuliers désireux de bénéficier du fonds d’archives du musée et la tâche est parfois ardue.  » Il m’est arrivé de tomber sur des personnes de bonne foi qui me donnaient quatre fausses pistes pour retrouver un ancêtre, explique l’adjudant-chef Duplan. Et bien malgré cet handicap, nous sommes arrivés à retrouver cet ancêtre. C’est un véritable travail d’enquêteur. Cela demande du temps, mais cette mission s’intègre complètement à celle de la défense du patrimoine de la gendarmerie. « 

Le musée est bien évidemment une référence en matière de tradition. L’adjudant-chef Duplan est donc également amené à effectuer des recherches pour le compte de la gendarmerie elle-même. C’est ainsi qu’il participe au choix de la biographie des parrains des promotions d’élèves officiers de réserve et d’élèves-gendarmes. Le travail de recoupement est parfois délicat avant de retrouver les états de service de certains d’entre eux, mais l’habitude et une bonne connaissance historique mêlées à une bonne dose de ténacité permettent souvent d’atteindre l’objectif visé. « Aujourd’hui, les dossiers sont bien tenus, mais cela n’a pas toujours été le cas, explique l’adjudant-chef Duplan. Par exemple, pour une Légion d’honneur, on peut trouver trois dates différentes mais les trois sont cependant justes : la date de prise de rang, la date du décret et la date du Journal officiel. Il faut faire un choix ».

 » Une fois, j’ai fait une recherche sur un garde républicain qui avait été tué dans la Somme. J’avais le nom de la commune où il avait péri. Mais, dans le département, sept municipalités portaient le même nom. Il a fallu relire le journal de marche et suivre sur une carte la ligne de front pour identifier précisément le bon emplacement… Nous y sommes parvenus. »

Et puisque le musée de la gendarmerie est avant tout un organe de conservation de la tradition militaire, un label « archives publiques » lui a été décerné. On peut ainsi accéder, dans le cadre des activités de l’établissement, à une bibliothèque, une photothèque, une vidéothèque, une sonothèque, et un fonds d’archives qui constituent le centre de documentation du musée.

Entretien et gestion du musée, des sections archives… la charge de conservateur du musée de la gendarmerie impose des journées bien remplies. Mais qui s’en plaindrait ?  » Je fais de l’histoire depuis l’âge de 12 ans, confie l’adjudant-chef Duplan. C’est devenu une véritable drogue. « 
De jour en jour, la discipline historique prend de la valeur, l’évolution de la gendarmerie entraîne inéluctablement l’institution loin de ses racines et le musée de la gendarmerie, conservateur de la tradition, voit ainsi sa raison d’être se confirmer… Il en sera toujours ainsi.


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« Créé en vue de préserver, enrichir et mettre en valeur le patrimoine des armées, le musée de la gendarmerie nationale a pour mission de réunir et de conserver tous les matériels, uniformes, équipements, articles de symbolique, maquettes, documents et objets concernant à un titre quelconque, l’organisation, le fonctionnement et les techniques de la Gendarmerie nationale ou présentant, pour celui-ci, un intérêt historique et culturel. « 

Par l’adjudant-chef Raymond DUPLAN.
Revue d’études et d’informations de la Gendarmerie nationale, 2e trimestre 1997, numéro 184