SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

Par Bernard Mouraz (SHGN)

Alors qu’ils préparent l’opération Overlord, les Alliés prévoient, pour l’été 1944, une opération similaire sur les côtes de Provence, bien que moins importante. Son objectif est de s’emparer de Toulon et de Marseille, puis de remonter la vallée du Rhône pour faire la jonction avec les troupes débarquées en Normandie. Elle doit aussi permettre l’arrivée massive des divisions américaines nécessaires pour conduire le Reich à la défaite. C’est l’opération Anvil, rebaptisée Dragoon. Elle est fixée au 15 août et son exécution confiée à la VIIe armée américaine commandée par le général Patch. Au sein des forces alliées, l’armée B du général de Lattre de Tassigny, composée d’éléments qui se sont illustrés en Italie, et soutenue par une force navale importante dans laquelle plusieurs bâtiments français prennent place, joue un rôle primordial.

La préparation de l’opération est minutieuse et, au contraire d’Overlord, s’appuie sur la résistance intérieure. Les FFI préparent le terrain en harcelant le potentiel militaire allemand et en fournissant de précieux renseignements sur la topographie, les voies de communication, les ressources industrielles et l’ensemble du dispositif allemand du Midi de la France. L’aide apportée par les gendarmes revêt une grande importance.

Le débarquement commence, comme prévu, le 15 août. Les Alliés progressent beaucoup plus rapidement qu’ils ne l’avaient fait en Normandie, et contraignent les Allemands à abandonner leurs positions les unes après les autres. Toulon et Marseille sont libérés avec plusieurs jours d’avance sur les prévisions de l’état-major allié. La victoire semble alors irrémédiable.

Le rapport du 14 septembre 1944 du commandant de la compagnie du Var, est conservé au Service historique de la Gendarmerie nationale (83 E 11). L’essentiel de ce document porte sur la libération de Draguignan et montre le rôle important tenu par les gendarmes aux côté des FFI. On remarquera la sévérité du rédacteur à l’égard des gendarmes qui, contrairement à leurs collègues de Draguignan, n’ont pas été amenés à combattre. Néanmoins la lecture du rapport tempère son propos et montre bien les liens existants entre les gendarmes et la Résistance, ainsi que les conditions difficiles pour assurer un service qui n’a jamais été interrompu.

Le peloton motorisé n°107 ayant participé à la libération de Draguignan. Le gendarme Sheers (au premier rang, deuxième à partir de la droite) y fut tué le 16 août 1944. © photo anonyme, coll. Sheers, DR.