SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

Aspirant Olivier BUCHBINDER, Gend-Info, n° 268, juin 2004

Au printemps 1944, les vagues de sabotage et les bombardements des Alliés entretiennent l’espoir, mêlé d’inquiétude, d’une libération prochaine de la France. Le 1er et le 2 juin, puis le 5, des messages codés diffusés par Radio-Londres annoncent le débarquement de Normandie. Parmi les auditeurs se trouvent des gendarmes acquis à la Résistance. Ces derniers ont déjà apporté à Londres de précieux renseignements sur les défenses du mur de l’Atlantique.

Le 6 juin, alors que Laval évoque une « guerre étrangère » à laquelle les Français ne doivent pas prendre part, les combats de la Libération débutent. Les missions prioritaires de la gendarmerie consistent à porter secours aux civils et à réprimer le pillage. Dans les faits les gendarmes, et leur famille, ne font bien souvent que partager le sort tragique des populations civiles des villes détruites, comme à Saint-Lô.

L’attitude de la gendarmerie constitue un test important pour la légitimité du régime de Vichy. Dans les casernes, mises en état de défense, les gendarmes sont censés respecter la plus stricte neutralité tout en gardant le contact avec les troupes d’occupation. Cependant, malgré la propagande de l’État français, les gendarmes se mettent spontanément à la disposition des soldats alliés, dès le 6 juin à Sainte-Mère-Eglise. Les brigades fournissent aux libérateurs de précieux guides connaissant parfaitement le terrain ou des agents de liaison. Cette assistance se poursuit tout au long de la campagne de Normandie. De même, l’arme passe sous l’autorité républicaine restaurée. D’ailleurs, lorsque le général de Gaulle vient visiter Bayeux, le 14 juin, les deux premiers militaires français qu’il croise sur sa route sont des gendarmes.

Pour certains, de plus en plus nombreux, le débarquement donne le signal du passage au maquis. Partant seuls ou en unités constituées, les gendarmes deviennent autant de cadres, d’instructeurs et de combattants. La gendarmerie maritime, elle-même, prend part à la libération du territoire nationale. Ainsi, à Cherbourg, le lieutenant Giudicelli et ses hommes aident les forces alliées dans leur difficile progression pour prendre la ville. C’est au cours d’une opération à l’avant-garde le 25 juin 1944 que l’officier de gendarmerie est mortellement frappé à la tête. Cette mort et bien d’autres témoignent des efforts consentis par l’arme durant la campagne de Normandie. Mais d’autres sacrifices attendent encore les soldats de la loi dans les combats libérateurs de la France.