SOCIÉTÉ NATIONALE DE L'HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DE LA GENDARMERIE | SOCIÉTÉ DES AMIS DU MUSÉE DE LA GENDARMERIE

« Les sanglots longs des violons de l’automne/Bercent mon cœur d’une langueur monotone ». C’est par ces vers de Verlaine que le speaker de la BBC annonce le déclenchement de l’opération militaire la plus importante qui ait été réalisée pendant la Deuxième Guerre mondiale : le débarquement des forces alliées sur les côtes normandes. C’est la première étape de la Libération tant attendue par la population française, mais aussi tant redoutée car la France redevient un champ de bataille. Pendant plusieurs semaines, la Normandie, coupée du reste du pays, connaît les bombardements intensifs et la fureur des combats.

Partagées entre la liesse et l’effroi, les populations de la Manche et du Calvados vivent un véritable calvaire. À leurs côtés : les gendarmes. C’est sous les bombes qu’ils continuent d’exécuter leur service. Ils se dépensent sans compter pour venir en aide aux habitants des localités sinistrées et assurer leur ravitaillement. Spontanément, ils se mettent aussi à la disposition des Alliés qui se lancent à l’assaut des troupes allemandes. Beaucoup d’entre eux feront le sacrifice de leur vie.

Le rapport du commandant de la compagnie de la Manche, présenté ci-dessous, est conservé au Service historique de la Gendarmerie nationale. Rédigé le 19 juin 1945, un an après les événements, il présente de façon claire les opérations militaires qui se sont déroulées dans le département au moment du débarquement et pendant la bataille de Normandie. Mais ce document est surtout intéressant par la description qu’il donne des conditions effroyables dans lesquelles les gendarmes ont dû poursuivre leurs missions. Le bilan, présenté sobrement à la fin du rapport, nous renseigne sur le lourd tribut que les gendarmes de la Manche et leurs familles ont versé à la Libération de la France.